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Clouay

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Clouay est une ancienne commune de la Manche, aujourd'hui hameau de Saint-Jean-de-Savigny.

Toponymie

Attestations anciennes

Étymologie

Toponyme gallo-roman formé avec le suffixe -(I)ACU ajouté à un nom de personne. Le premier élément ne fait pas l'unanimité parmi les spécialistes.

Étant donné que cette commune fut supprimée très tôt (1812), son nom n'apparaît pas chez tous les auteurs, qui se sont généralement limités aux noms de communes actuels. Cependant, Clouay supporte la comparaison avec Cloué (Vienne; Clodoacus ~1030) et Cloué (hameau Mézières-sous-Ballon, Sarthe; Cloiaco ~1073), qui ont été plus fréquemment analysés.

Les différentes hypothèses
  • Albert Dauzat postule implicitement pour Cloué (Vienne) une formation gallo-romane °CLODACU, dérivée du nom de personne germanique Hlodo, soit « (le domaine) de Hlodo » [30] (il faudrait restituer ici la variante tardive Chlodo de Hlodo).
  • Marie-Thérèse Morlet reprend partiellement cette analyse, et pose Chlodo + -iacum, soit °CLODIACU [31]. Elle l'applique à Clouay, localisé par erreur à Littry (Calvados) [32], ainsi qu'à Cloué dans la Sarthe. Curieusement, Cloué (Vienne) a disparu. Ernest Nègre admet à son tour l'explication par Hlodo + -iacum pour Clouay [33] ainsi que les deux Cloué [34].
  • François de Beaurepaire préfère expliquer Clouay par un dérivé du nom de personne gallo-romain Claudius, soit °Claudiacum [1], qui aboutit à la même forme gallo-romane °CLǪDIACU [35]. Il rapproche ce nom de celui du hameau de Cloville à Saint-Georges-d'Elle, qu'il estime être formé sur le même anthroponyme, et représenter quant à lui une formation précoce en -ville.
Discussion

Les explications par -IACU plutôt que -ACU se heurtent à une difficulté d'ordre phonétique que, bizarrement, personne ne semble avoir soulevée : le groupe [dj] présent dans °CLǪDIACU se résout normalement en yod [j] dans cette position, et ce yod se combine en principe avec la voyelle précédente, ici [ɔ], qui forme avec lui une diphtongue de coalescence : en l'occurrence [ɔi], qui aboutit finalement à [wa], noté oi ou oy. C'est ce qui se passe en effet pour GAUDIÓSU > joyeux, ou encore MǪDIÓLU > moyeu. C'est pourquoi °CLǪDIACU devrait régulièrement aboutir à °Cloyay, °Cloyé. La forme Clouay implique nécessairement l'absence de yod, et donc un étymon °CLODACU, où l'on a le même traitement phonétique que dans louer < latin laudare ou douer < latin dotare. Les formes latinisées (et ici remises au nominatif) Cloeium, Cloeyum ne doivent pas faire illusion : la finale -eium, -eyum est purement graphique; elle est systématiquement utilisée par les scribes médiévaux pour transcrire la terminaison de toponymes en , -ai, -ay, -ey, -i, -y, etc.

Or s'il n'y a pas de yod, il n'y a pas de Claudius (qui génère inévitablement °CLǪDIACU). Il semble donc qu'il faille en revenir à l'explication primitive de Dauzat (Hlodo + -acum), à ceci près qu'il est préférable de lui substituer la variante Chlodo, plus tardive et fréquemment employée à l'époque mérovingienne, pour expliquer l'initiale Cl-. Dans cette hypothèse, on aurait donc affaire à Chlodo + -ACU, soit °CLODACU « (le domaine) de Chlodo / Hlodo ». Ce dernier est l'hypocoristique des noms d'origine germanique dont le premier élément est hlod-, hlud- « gloire, renommée » [36]. Cette explication justifierait d'autant mieux Cloville < Chlodo + villa, plus à l'aise avec un nom d'origine germanique.

Histoire

Fiefs

En 1640, on note l'existence de trois (ou peut-être quatre) fiefs à Clouay :

  • le fief de Rochefort, possédé par noble seigneur Jacques de Faoucq, sieur de Jucoville [5].
  • le fief de Cavelande, possédé par le même sieur de Jucoville [5].
  • le fief de Clouay, appartenant aux herittiers de feu Estienne Le Doulcet, vivant escuyer, sieur de Clouay [5].
  • le fief de Rampan (?), appartenant aux mêmes herittiers [5]. — Ce fief devait plutôt se trouver à Rampan, où les Le Doulcet possédaient une terre qualifiée de seigneurie ou vavassorie [5].

Fusion

La paroisse de Clouay est rattachée en 1812 à celle de Saint-Jean-de-Savigny.

Démographie

Évolution démographique
1793 1800 1806
65 108 119
Source : Cassini

Administration

Circonscriptions administratives avant la Révolution

Circonscriptions administratives depuis la Révolution

Les maires

Liste des maires de Clouay
Période Identité Parti Qualité Observations
1793-1793 Luc Pierre André officier public
1794-1795 Charles Daguet
1796-1796 Pierre Raoult Exécuté le jour même de son procès en février 1796.
Arrêté avec l'abbé Binet qui s'évade, il était accusé de soutenir les Chouans.
1796-1797 Jean Montigny
1798-1798 Jean Levieux
1798-1800 Jean Montigny
1800-1807 Luc Gassion
1807-1813 J. de Marguerit de Clouay
Source  : liste établie par Jean Pouëssel et Jacqueline Ledunois pour 601 communes et lieux de vie de la Manche. [37]
À compléter.


Religion

Circonscriptions ecclésiastiques avant la Révolution

Patronage

  • Dédicace de l'église paroissiale : ?
  • Patron (présentation) : le seigneur du lieu.
  • Fête patronale : ?

Notes et références

  1. 1,0 et 1,1 François de Beaurepaire, Les noms de communes et anciennes paroisses de la Manche, Picard, Paris, 1986, p. 103.
  2. Pouillé du Diocèse de Bayeux (“Livre Pelut”), ~1350, in Auguste Longnon, Pouillés de la Province de Rouen, Recueil des Historiens de France, Paris, 1903, p. 124B.
  3. Comptes de la débite du diocèse de Bayeux pour 1494, in Auguste Longnon, op. cit., 1903, p. 133-140.
  4. Jean Bigot sieur de Sommesnil, État des paroisses des élections de Normandie, 1612/1636 [BNF, ms. fr. 4620].
  5. 5,0 5,1 5,2 5,3 5,4 et 5,5 Rôle des fiefs du grand bailliage de Caen (vicomtés de Caen, Bayeux, Falaise et Vire) et de leur possesseurs dressé en 1640, Bulletin Héraldique de France, 1890-1892, p. 32b-33a.
  6. Roles par généralités et élections des paroisses de France et de leur imposition aux tailles, 1677 [BNF, cinq cents Colbert, ms. 261 f° 229 à 275].
  7. G. Mariette de La Pagerie, cartographe, Unelli, seu Veneli. Diocese de Coutances, divisé en ses quatre archidiaconés, et vint-deux doiennés ruraux avec les Isles de Iersay, Grenesey, Cers, Herms, Aurigny etc., chez N. Langlois, Paris, 1689 [BNF, collection d'Anville, cote 00261 I-IV].
  8. Jean-Baptiste Nolin, Le duche et gouvernement de Normandie Divisé en Haute et Basse Normandie, en Divers Pays, et par Evechez, Paris, 1694 [BNF, IFN-7710251].
  9. Gerard Valk, Normannia Ducatus, tum Superior ad Ortum, tum Inferior ad Occasum, Praefectura Generalis […] Anglici Caesarea sive Jarsey…, Amsterdam, ~1700.
  10. Dénombrement des généralités de 1713 [BNF, ms. fr. 11385, f° 1 à 132].
  11. Guillaume de l'Isle, Carte de Normandie, Paris, 1716.
  12. Bernard Jaillot, Le Gouvernement général de Normandie divisée en ses trois généralitez, Paris, 1719.
  13. G. Mariette de la Pagerie, Carte topographique de la Normandie; feuille 1 : Bayeux et Caen, 1720 [BNF, fonds Cartes et Plans, cote Ge DD 2987 (1009, I) B].
  14. Bernard Jaillot, Carte topographique du diocèse de Bayeux, Paris, 1736 [BNF, collection d’Anville, cote 00260 B].
  15. G. Robert de Vaugondy, Carte du gouvernement de Normandie, Paris, 1758.
  16. Carte de Cassini.
  17. Site Cassini.
  18. Bulletin des lois de la République française, Imprimerie Nationale, Paris, 1801-1870.
  19. Dictionnaire universel, géographique, statistique, historique et politique de la France, impr. Baudouin, libr. Laporte, vol. I (A-CNO), an XIII (1804), p. 741b.
  20. Louis Du Bois, Itinéraire descriptif, historique et monumental des cinq départements de la Normandie, Mancel, Caen, 1828, p. 424.
  21. J. G. Masselin, Dictionnaire universel de géographie physique, commerciale, historique et politique du Monde Ancien, du Moyen Age et des Temps Modernes comparées / Dictionnaire universel de géographie, t. I, Auguste Delalain, Paris, 1830, p. 333b.
  22. Dictionnaire géographique universel ou description de tous les lieux du globe sous le rapport de la géographie physique et politique, de l’histoire, de la statistique, du commerce, de l’industrie, etc., etc., Sociétés de Paris, Londres et Bruxelles pour les publications littéraires, Bruxelles, 1837, t. I, p. 529a.
  23. cartes d’État-Major (relevés de 1820 à 1866, mises à jour jusqu’à 1889; Basse-Normandie cartographiée entre 1835 et 1845).
  24. V. Lavasseur, Atlas National Illustré des 86 départements et des possessions de la France, A. Combette éditeur, Paris, 1854.
  25. Abbé Auguste Lecanu, Histoire du diocèse de Coutances et d'Avranches depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours; suivie des actes des saints et d'un tableau historique des paroisses du diocèse, impr. de Salettes, Coutances, t. II, 1878, p. 399.
  26. Auguste Longnon, Pouillés de la Province de Rouen, Recueil des Historiens de France, Paris, 1903.
  27. Anne Vallez, Pierre Gouhier, Jean-Marie Vallez, Atlas Historique de Normandie II (économie, institutions, comportements), Université de Caen, Caen, 1972.
  28. Annuaire officiel des abonnés au téléphone.
  29. Carte IGN au 1 : 25 000.
  30. Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, Larousse, Paris, 1963, p. 197b.
  31. Marie-Thérèse Morlet, Les noms de personnes sur le territoire de l’ancienne Gaule du VIe au XIIe siècle, Paris, CNRS, t. III (les noms de personnes contenus dans les noms de lieux), 1985, p. 363a.
  32. Clouay à Littry (aujourd'hui Molay-Littry) est le nom d'une ferme qui représente vraisemblablement un transfert de celui de Clouay dans la Manche, relativement proche (environ 8 km).
  33. Ernest Nègre, Toponymie Générale de la France, Droz, Genève, t. II, 1991, p. 753 § 12712; l'auteur cite deux fois le même nom, donnant pour la ferme de Littry l'une des formes anciennes de Clouay dans la Manche.
  34. Ibid., p. 757, § 12806.
  35. La diphtongue latine [au] aboutit à [ɔ] ouvert en gallo-roman.
  36. Du germanique commun °hlūdaz « gloire, renommée; son, bruit », intialement « (ce qui est) entendu » (cf. ancien anglais hlūd > anglais loud « fort (pour un bruit), bruyant »; ancien saxon °hlūd, néerlandais luid, même sens; ancien haut allemand hlūti > allemand Laut « bruit ») < indo-européen °klū-to-s « entendu », forme suffixée (à valeur participiale) de la racine °kleu- « entendre », au degé zéro allongé.
  37. René Gautier et 54 correspondants , 601 communes et lieux de vie de la Manche , éd. Eurocibles, 2014, p. 552