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Château de Cerisy-la-Salle

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La façade.

Le château de Cerisy-la-Salle est un château de la Manche, situé à Cerisy-la-Salle.

Histoire

Situation

À mi-chemin entre Saint-Lô, chef-lieu du département de la Manche, et Coutances, siège épiscopal, la commune de Cerisy-la-Salle se situe au cœur d'une campagne vallonnée et verdoyante traversée par la Soulles.

Succédant à un ancien manoir, son château, aujourd'hui lieu culturel réputé, se dresse en bordure sud-ouest du bourg, sur une colline qui domine la vallée. La terrasse, au nord, est délimitée par l'escarpement du terrain qui descend jusqu'au ruisseau du Robec. Au sud, un dénivelé moins accentué offre une large perspective sur le vallon voisin. En léger retrait du château, au sud-est, sont construits les bâtiments de l'orangerie et des serres. Les anciennes écuries, au nord-est, et le corps de ferme à l'ouest, complètent harmonieusement cet ensemble.

Les seigneurs protestants de Cerisy : les Richier

Les seigneurs de Cerisy les plus anciennement connus sont les Pirou, mentionnés dès le XIe siècle. La terre de Cerisy leur aurait été donnée par Guillaume le Conquérant. Vers 1389, lors du partage des biens d'Annette de Pirou et de son mari Raoul de la Lande, elle échoit à leur fille, Marie de la Lande. Quelques années plus tard lorsque celle-ci décède, le domaine est divisé : la « grande seigneurie » revient à son fils, Guillaume de Guyenro, né d'un premier mariage avec Jean de Guyenro, la « petite seigneurie » à son second mari, Pierre Farcy. C'est sur ce membre de fief, tenu en 1395 par Guillaume de Grimouville, qu'un manoir est construit au XVe siècle ; la ferme voisine qui en dépendait conserve, de cette époque, quelques petites baies appareillées en belles pierres de taille.

Par son union avec Richard Richier, Jeannette de Grimouville, fille unique de Guillaume, transmet la petite seigneurie à cette famille, reconnue noble en 1463. Au XVIe siècle, les Richier font édifier un nouveau manoir avec muraille et cour intérieure, dont témoignent les murs de soutènement et une échauguette, visibles sur la terrasse. A cette époque, comme beaucoup de nobles normands, ils se convertissent à la Réforme. Premier huguenot de cette famille, Guillaume Richier est probablement le créateur d'une Église réformée à Cerisy-la-Salle, vers 1558. Très engagé dans la religion protestante, il a sans doute été entraîné dans les guerres de Religion qui, de 1562 à 1574, ont sévi dans toute la région. En 1637, son fils Jean (1582-1669), représenta la Normandie au synode national d'Alençon.

Après l'enregistrement de l'édit de Nantes par le Parlement de Normandie en 1609, Jean Richier décide en 1619 de reconstituer le plein fief de haubert de Cerisy afin de pouvoir poursuivre librement le culte protestant sur ses terres. Tandis qu'il s'emploie à réunir la grande et la petite seigneurie, il fait construire un château à proximité de l'ancien manoir, peut-être endommagé pendant les guerres de Religion. Les dates de 1613 et 1625, sculptées sur les linteaux des dépendances de la ferme, peuvent orienter le datation du château : bâtis dans un même style, ces deux édifices se rattachent en effet à une même campagne de construction.

Malgré les restrictions auxquelles était soumis le culte protestant et les persécutions accrues envers ses pratiquants, le seigneur de Cerisy obtient en 1668 et 1679 le maintien de l'exercice de la Religion prétendue réformée dans sa maison de Cerisy. L'annulation de ces deux arrêts du conseil du roi, prononcée en 1684, conduit à la suppression de l'Église. Un an plus tard, à la révocation de l'édit de Nantes, certains Richier abjurent, comme Jacques (1674-1715), futur seigneur de Cerisy, tandis que d'autres, plus convaincus, sont emprisonnés ou se voient contraints d'émigrer. Pendant cette période de troubles, des travaux d'agrandissement sont entrepris, sur la façade nord du château. En 1756, année qui suit son mariage avec Marie Françoise Elisabeth de l'Isle, Joseph Richier, fils de Jacques, effectue à sn tour quelques réaménagements, ainsi que l'indique la date gravée au rez-de-chaussée de l'arrière-corps nord-est : il achève alors l'alignement de la façade nord, commence la construction des trois ponts en pierre sur les douves et, vraisemblablement, celle d'une chapelle sur le pont est.

La façade est.

Au décès de Joseph Richier, survenu avant 1767, le domaine passe à sa fille, Jacqueline, épouse du marquis Georges Félix de Cheverue. En 1781, ce dernier cède la seigneurie à un cousin, Gédéon Jean François, dernier représentant mâle Richier, qui émigre en Angleterre à la Révolution. Décrété bien national par le bureau du district de Coutances, le château et ses dépendances sont acquis en 1794 par Pierre Joseph Hocquet aux prix de cent deux mille francs. N'ayant pu payer ses échéances, le nouveau propriétaire est déchu de ses biens dix ans plus tard.

Remis en vente au profit de la Nation, le domaine est adjugé en 1804 à François Duhérissier de Gerville, frère de Charles, archéologue et historien de la Manche ; les enchères s'élèvent à trente-cinq mille cent francs. Objet d'une nouvelle vente en 1819, il est acquis pour quarante mille francs par Joseph Savary (1774-1854), descendant d'une famille de cultivateurs de la région dont sont issus les propriétaires actuels.

Les Savary à Cerisy

Engagé volontaire en 1791, Joseph Savary participe à presque toutes les campagnes militaires de la République et de l'Empire. Décoré de la Légion d'honneur en 1813, il achève sa carrière militaire en 1815 comme capitaine quartier-maître au 27e régiment de ligne. En 1831, au lendemain de la révolution de Juillet, il devient maire de Cerisy-la-Salle, fonction qu'il exerce jusqu'en 1854.

Les Savary ont connu une importante ascension sociale. Le fils, Joseph Théodore (1815-1870), brillant magistrat, a été procureur de la République, puis avocat et conseiller à la Cour de cassation sous le Second Empire. Charles (1845-1889), son fils, a suivi une carrière politique qui l'a mené au poste de sous-secrétaire d'État au ministère de la Justice (1877-1879) dans le premier gouvernement de centre gauche, après avoir été élu, avec une importante majorité de voix, député de la Manche (1871-1883), conseiller général de la Manche (1880-1882). Jeune avocat, il avait fondé sous l'Empire une association d'anti-bonapartistes, le Conférence Tocqueville.

Le 16 décembre 1871, Charles Savary épouse Marguerite Mahou. Lorsqu'il s'en sépare treize ans plus tard, il lui abandonne le château et la ferme. Remariée en 1891 à Gaston Paris, administrateur du Collège de France et membre de l'Académie française, Marguerite ne fait à Cerisy que de brefs séjours estivaux, au cours desquels elle engage cependant quelques travaux (percements de baies, réaménagements intérieurs). Robert Savary (1882-1935), issu du premier mariage de Marguerite, hérite de Cerisy en 1919. Contraint de s'en séparer en 1925, il vend le domaine familial à sa sœur Marie-Amélie (1875-1948), qui avait épousé en 1896 Paul Desjardins, initiateur des célèbres « Décades de Pontigny ».

Occupés pendant la Seconde Guerre mondiale, le château et l'orangerie ont subi de nombreux dégâts. Afin de préserver certaines pièces des dommages de l'occupant, Marie-Amélie s'installe au château à partir de 1942 et propose à l'école primaire d'investir une partie du premier étage. Lors du Débarquement, le 6 juin 1944, un avion allié s'écrase à proximité du domaine, soufflant vitres et toitures de bâtiments alentours.

L'armée allemande, qui avait transformé les écuries en centre d'abattage de bovins, réquisitionne le château fin juin pour y établir un hôpital. Le 25 juillet suivant, Cerisy est bombardé : le bourg est totalement détruit mais le château est épargné. Les Allemands partis, l'école municipale y est temporairement aménagée cette fois dans la bibliothèque.

Les trois fils de Marie-Amélie ont disparu sans descendance, deux d'entre eux étant « morts pour la France » en 1918 et en 1940. Sa fille Anne, épouse de Jacques Heurgon, entreprend dès 1948 la restauration du château pour y fonder un centre culturel, prolongeant l'œuvre de ses parents. La vente d'une partie de la bibliothèque de Paul Desjardins à Henri Goüin, initiateur du Centre culturel de Royaumont et l'aide d'anciens amis de Pontigny vont permettre de mener à bien cette entreprise.

Inscrit en 1946 avec ses dépendances sur l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques, le château a été classé en totalité, avec ses décors peints, le 4 juillet 1995 [1]. Les terrasses, les fossés et leurs ponts, les vestiges de l'ancien château et la ferme (en totalité, à l'exclusion des écuries) sont également compris dans cette mesure de protection. Du décès d'Anne Heurgon-Desjardins en 1977 à 2006, le Centre international a été dirigé par ses deux filles, Catherine Peyrou et Édith Heurgon. Aujourd'hui, après la disparition de Catherine Peyrou, Édith Heurgon assure l'animation du centre, avec le concours de son beau-frère, Jacques Peyrou, gérant de la Société civile du château de Cerisy.

Visite du château

Le château est ouvert à la visite les jeudis des mois de juillet et d'août (15 h, 16 h 30), ou pour les groupes sur demande.

Maison forte ou manoir de plaisance

Construit pour Jean Richier au début du XVIIe siècle, le château de Cerisy reprend le plan bastionné inspiré des modèles de la Renaissance italienne, qu'adoptent également en Cotentin ceux de Graffard à Barneville-Carteret (1574-1575), de Sotteville (1610) et de Chiffrevast à Tamerville (vers 1610) ou encore, en Saint-Lois, celui du Chastel à Hébécrevon (vers 1850). Il présente un plan massé avec un corps central simple cantonné de quatre pavillons saillants, dont la forme légèrement losangée révèle le caractère militaire. Quelques meurtrières de fusillage, percées dans les pavillons, protégeaient les accès au corps des logis ; certaines sont encore apparentes.

Observatoire stratégique sur la vallée de la Soulles, le château devait être en mesure de prévenir les attaques extérieures. Il est entouré sur trois côtés par des douves qui, à cause de l'importante déclivité du terrain, ont toujours été sèches, permettant ainsi le percement de portes au sous-sol, dans le mur d'escarpe. À défaut d'être abrité par des fossés, le pignon ouest était protégé par les bâtiments de la ferme et percé d'un minimum de baies afin d'éviter toute intrusion ; celles qui éclairent aujourd'hui les intérieurs du château datent, pour la plupart, du XIXème siècle.

Construits en schiste, une alternance de grès rouge et de granit soulignant les chaînes d'angle de la façade sud et les cheminées, les différents corps de bâtiments sont coiffés de toits en pavillon recouverts en ardoise.

Autrefois orienté au nord, en direction du bourg, le château est desservi par un important escalier tournant à deux volées droites, installé dans le pavillon légèrement décentré de la façade nord. Deux petits escaliers en vis aménagés dans les pavillons sud-ouest et nord-est permettaient de distribuer leurs différents niveaux et, grâce à des passages suspendus reposant sur un arc centré et quatre gros corbeaux, l'étage attique du pavillon opposé. L'un d'eux a disparu.

L'élévation sud, sur jardin, la plus soignée bien qu'elle fut à l'origine l'élévation postérieure (bandeau horizontal, lucarnes plus sculptées, régularité des travées), ne possédait pas d'accès au rez-de-chaussée mais au sous-sol. Des trous de fixation de grilles indiquent que l'actuelle porte remplace une fenêtre. Les baies contemporaines de la construction du château étaient également pourvues de grilles ; elles présentent, par ailleurs, les traces de traverses, témoignages d'un certain archaïsme.

Au cours de la seconde moitié du XVIIe siècle, pour augmenter la surface d'habitation, on fit procéder, non sans une certaine maladresse, à l'aménagement de l'arrière-corps nord-ouest : l'étage supplémentaire entresolé provoque en effet un décalage de niveau avec le corps de logis. La hauteur sous plafond du pavillon voisin semble également avoir été modifiée à cette époque, pour y insérer un entresol.

Le second ajout sur la façade nord est effectué par Joseph Richier en 1756. Cet arrière-corps s'articule de manière plus soignée avec le corps de logis : tous les étages, à l'exception du dernier, sont ici au même niveau. À cette même date sont construits trois ponts en pierre. La chapelle autrefois adossée à la façade est était sans doute contemporaine de ces ouvrages. Les Richier n'ont en effet été de fervents catholiques qu'à partir du XVIIIe siècle : Jacques se convertit à l'âge de onze ans, son fils également prénommé Jacques, est évêque de Lombez (Gers) de 1751 à 1771. une photographie de la fin du XIXe siècle laisse encore apercevoir cet édifice, percé au sud d'une baie en plein cintre. Détruit pour des raisons de vétusté à la fin du XIXe siècle, il était relié au rez-de-chaussée du corps de logis par une porte appareillée en belles pierres de taille de granit, qui n'a pas été bouchée.

Cet imposant logis aux façades asymétriques et austères, à la distribution agréable malgré certaines maladresses, est donc le résultat de modifications successives visant surtout à améliorer le confort intérieur plutôt qu'à soigner l'esthétique extérieure ou le parti de symétrie : les fonctions défensives du château de Jean Richier ont ainsi bientôt été oubliées pour privilégier l'aménagement d'une demeure de plaisance.

Une attention particulière avait cependant été apportée au traitement des lucarnes : variées et élégantes (frontons triangulaires, cintrés ou à volutes, pilastres cannelés, corniches sculptées), elles étaient au nombre de trois sur la façade sud. Encore visibles sur une gravure du château antérieure à 1877, elles ont ensuite été remplacées, peut-être par Charles Savary, par une imposante lucarne centrale pastichant le XVIIe siècle.

Les intérieurs

À l'origine, le corps de logis était composé de trois grandes pièces en enfilade au sous-sol (caves et réserves), au rez-de-chaussée (cuisine, vestibule et salle basse) et au premier étage (antichambre, chambre et salle haute) et de deux au grenier. Les pavillons accueillaient vraisemblablement des chambres avec cheminées et latrines, ces dernières aménagées dans un angle de la pièce. Les adjonctions de la deuxième moitié du XVIIe siècle et celles du milieu du XVIIIe siècle ont imposé le percement de nouvelles communications entre les pièces, modifiant ainsi la circulation du château.

Le vestibule et l'escalier

Installés dans l'axe de la composition, le vestibule et l'escalier principal forment deux espaces bien distincts. La porte qui les relie est flanquée de pilastres en granit de même dessin que ceux qui ornent l'escalier. Des traces visibles sur la maçonnerie du vestibule révèlent qu'une porte, donnant sur un petit passage conduisant à la cuisine et à l'escalier, était aménagée sur le pan coupé nord-ouest et qu'une cheminée occupait le mur est.

Construites en granit, les volées de l'escalier sont séparées par un mur d'échiffre et aménagées parallèlement à la façade : cette disposition se manifeste de manière peu esthétique à l'extérieur, par l'emplacement en quinconce des ouvertures. La datation de l'escalier et de son pavillon fait débat : l'un et l'autre sont-ils contemporains du château ? Le pavillon ne présente pas les mêmes caractéristiques que les pavillons latéraux. La corniche du soubassement y est absente et les problèmes de distribution avec la bâtiment principal sont nombreux : ainsi l'escalier ne communique-t-il pas directement avec l'ensemble des étages. Plusieurs raccords maladroits suggèrent que celui-ci fut démonté puis remonté grossièrement, probablement lors du second aménagement de la façade nord en 1756.

La bibliothèque

Le plafond de la bibliothèque.

La bibliothèque, qui accueille maintenant les conférences, était autrefois la « salle basse ». Au cours du XVIIe siècle, elle présentait un plan particulier : les angles opposés à la façade sud étaient en effet légèrement cintrés afin de dissimuler deux petits passages, l'un conduisant vers l'escalier principal, l'autre vers l'escalier en vis du pavillon. Elle a conservé un remarquable plafond peint du début du XVIIe siècle, qui s'apparente à ceux des châteaux de Saint-Martin-de-Chaulieu, Crosville-sur-Douve, Ducey et Chanteloup. Feuillages, fleurs, petits outils de jardinage et courges, au dessin parfois naïf, y sont représentés, une attention particulière étant portée à la composition. Le peintre a recherché l'effet de symétrie : à de rares exceptions près, l'ensemble des motifs de chaque solive se répète à l'inverse sur celle qui lui est opposée par rapport à la solive centrale. Également du XVIIe siècle, la cheminée, flanquée de pilastres cannelés à chapiteaux ioniques, est surmontée d'une copie d'un haut-relief du sculpteur florentin Luca Della Robia, inspiré des tombes étrusques. Placé ici par Gaston Paris à la fin du XIXe siècle, il représente des enfants qui chantent et jouent de la musique.

La cuisine

Traditionnellement aménagée au sous-sol, la cuisine se trouve ici au rez-de-chaussée. Elle sert aujourd'hui de réfectoire pendant les colloques. Une imposante cheminée en granit occupe tout le mur ouest : la fenêtre que les Savary avaient fait percer à la fin du XIXe siècle dans le contre-cœur pour profiter de la lumière du soleil couchant est maintenant murée. Comme dans la bibliothèque, la pan coupé nord-est dissimule un passage menant sous l'escalier principal.

Les salons

Au premier étage se succèdent trois salons.
Dans le premier ont été remontées des boiseries du XVIIIe siècle provenant du logis abbatial de Pontigny (Yonne). Adaptés aux dimensions de la pièce, les panneaux, de teinte naturelle, présentent des motifs végétaux avec un jeu de courbes et contre-courbes d'un dessin délicat.
Le second salon ou grand salon offre un décor composite. Il semble avoir été percé à la fin du XVIIe siècle d'une demi-baie sur la façade sud pour compenser la perte de lumière provoquée par le premier comblement de la façade nord. La cheminée en granit, du XVIIe siècle, est ornée d'un manteau saillant, soutenu par deux pilastres cannelés à chapiteaux inoniques. Les boiseries, aux lignes sobres, ont été enrichies, à la fin du XIXe siècle, par deux natures mortes en dessus-de-porte dues à Louise Abbema, peintre, graveur et sculpteur, connue notamment pour son portrait de Sarah Bernhardt. Amie de Gaston Paris, elle a également livré pour la décoration du château de Cerisy un ensemble de quatre autres dessus-de-porte et un portrait en pied de Charles Quint.
Le troisième salon, ou cabinet de peintures, abrite un remarquable ensemble peint. Le plafond date vraisemblablement du début du XVIIe siècle. Au centre d'un imposant décor d'enroulements et de feuillages, on observe un médaillon traité en trompe-l'œil dans lequel figure un putto jouant avec des fleurs sur un ciel nuageux. La faible hauteur sous plafond, qui ne permet pas d'apprécier la composition dans son ensemble, laisse penser qu'il s'agit d'un remploi. Les murs de cette pièce sont ornés de lambris d'appui sur lesquels sont représentés, dans des médaillons de formes et de tailles différentes, de petits paysages champêtres.

Le grenier

Il offre une intéressante vue sur la charpente : on y remarque, notamment, les modifications apportées à la pente du toit aux XVIIe et XVIIIe siècles, lors de l'aménagement des arrière-corps de la façade nord.

Les dépendances

L'ancien manoir

De l'ancien manoir, édifié par les Richier au XVIe siècle, avec muraille et cour intérieure, ne subsistent que quelques vestiges : le mur de soutènement de la terrasse nord, dispositif de défense percé de meurtrières et de bouches à feu, sur lequel est adossée une échauguette reposant sur sept boudins amortis sur une boule de pierre, le pavillon des anciennes écuries, coiffé aujourd'hui d'un toit à l'impériale, ainsi que de nombreuses pierres de remploi, visibles dans la maçonnerie du château.

La ferme

La ferme.

L'inscription 1613/IR (pour Jean Richier), portée par le linteau du porche en plein cintre de l'aile ouest, et la date 1625, gravée sur celui de la porte d'escalier de l'aile sud, invitent à attribuer la construction de la ferme, dite la basse-cour, à Jean Richier. L'aile ouest présente cependant des éléments plus anciens, probablement du XVe siècle : baies, appuis de fenêtres et linteaux sculptés, ou encore blason inversé des seigneurs de Grimouville, au-dessus de la porte d'entrée du logis du fermier. Celui-ci conserve une belle cheminée en pierre, dont le corbeau gauche est sculpté d'un visage humain, curieusement dépourvu de symétrie.

Les différents bâtiments se développent suivant un plan en L. en 1804, ils étaient couverts « pour la plupart en ardoise et le surplus en paille et essente ». L'aile sud comprenait « une grange, une cave voûtée, un gros pavillon formant le portail et une volière au-dessus avec des remises à la suite et chambre à grain, un pressoir », l'aile ouest voyant s'aligner « maison manable, boulangerie, écuries, étables de diverses espèces, avec chambres et greniers dessus ». Autrefois fermés de l'extérieur, ils ont été ouverts et modifiés puis le XIXe siècle.

Sur la façade postérieure de l'aile ouest, le petit avant-corps pourvu de fenêtres à linteaux ornés d'accolades, initialement plus élevé, aurait servi de séchoir à lin, principale culture de Cerisy au XVIIe siècle. Aucun élément ne permet toutefois de confirmer cette affectation.

Les anciennes écuries ou Escures

Les écuries se dressent dans l'alignement d'une ancienne tour médiévale, elle-même à usage d'étable à chevaux en 1804. Construites après 1850, prolongées ultérieurement au sud de trois travées, elles abritaient des chevaux de selle. Éclairées de lucarnes simples ou géminées et de petites baies maçonnées en brique, agrandies après 1950, elles accueillent aujourd'hui des chambres qui reçoivent, pendant la période estivale, certains des participants aux colloques.

L'orangerie

Cet édifice est représenté sur le plan cadastral napoléonien dressé en 1826. Ce n'est cependant qu'au début du XXe siècle que son utilisation en tant qu'abri aux orangers pendant l'hiver est précisément attestée. Composé de deux corps de bâtiments de hauteur différente, l'un disposant d'une verrière sur la façade sud, il a été fortement endommagé pendant la Seconde Guerre mondiale et largement restauré après 1950.

Les serres

Bâties au cours des années 1880 pour Charles Savary, les serres sont remarquablement bien conservées. Elles ont été construites d'après les plans d'Albert Michaux, constructeur à Asnières (Hauts-de-Seine). Fondée en 1814, la maison Michaux participa notamment aux Expositions universelles de 1855 et 1867. Adossées au mur du jardin potager, les serres du château de Cerisy sont composées d'un pavillon central, à usage de jardin d'hiver, flanqué d'une serre chaude à l'ouest et d'une serre froide à l'est, l'une et l'autre en verre et en fer puddlé, matériau résistant à la corrosion. La serre chaude a conservée sa tuyauterie de chauffage en cuivre, un petit bassin et un ensemble complet d'étagères, échelles et tringles.

Situation

Il est au sud-ouest du bourg, au pied de la colline.

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Bibliographie

  • Sophie Haudebert, Cerisy, un château, une aventure culturelle, éd. Archives départementales de la Manche, 2002.

Notes et références

  1. « Notice n°PA00110360 », base Mérimée (architecture), médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, ministère de la Culture.
Source

Itinéraire du patrimoine. Reproduit avec l'aimable autorisation de madame Édith Heurgon.

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