Beuvron
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Le Beuvron est un cours d'eau de la Manche, affluent de la rive gauche de la Sélune.
Il prend sa source à Parigné (Ille-et-Vilaine), coule dans ce département avant de parcourir le sud de la Manche, où il traverse Ducey, Poilley, Montjoie-Saint-Martin, Saint-Aubin-de-Terregatte, Saint-James, Saint-Senier-de-Beuvron et Juilley.
Le nom du Beuvron sert ou a servi de déterminant à celui de la commune de Saint-Senier et de l'anciennne commune de Saint-Benoît-de-Beuvron, aujourd'hui rattachée à Saint-James. En outre, c'est également le nom primitif de Saint-James.
Hydronymie
Attestations directes
- fluvius Bevronia s.d. (10e s. ?) [1].
- super ripam fluminis Bevronis 1060/1066 [2].
- Beueron [lire Beveron] 1650 [3], 1661 [4].
- Brevon 1716 [5].
- Beuveron 1720 [6].
- Brevon 1753/1785 [7].
- Brenon [lire Brevon] 1768 [8].
- Beuvron 1854 [9].
- Ruisseau de Beuvron 1825/1866 [10].
- le Beuvron 1880 [11].
- le Bevron 1884 [12].
- Beuvr[o]n 1926 [13].
- le Beuvron 2007 [14].
Attestations indirectes
Elles concernent le nom primitif de la commune de Saint-James, dérivé du nom du Beuvron sur lequel cette localité est située, ainsi que ceux de Saint-Benoît-de-Beuvron et Saint-Senier-de-Beuvron.
- in burgo quod appellatur Beverona 1027/1035 [15], Saint-James.
- Bevron villa 1040 [16], Saint-James.
- inter Bivronem et Montem Sancti Michaelis 1037/1046 [17], Saint-James.
- Sancti Benedicti de Bevron ~1220 [18], Saint-Benoît-de-Beuvron.
- apud Sanctum Jacobum de Bevron 1243 [19], Saint-James.
- Sancti Senerii de Bevrone 1287 [20], Saint-Senier-de-Beuvron.
- Saint Senier de Bevron 1416 [20].
- St. Benoist de Brevon; St. Senier de Brevon 1612/1636 [21].
- St Senier de Beuvron 1677 [22].
- S. Senier de Beauveron 1694 [23].
- St Senier de Beauveron 1695 [24].
- S. Senier de Beuvoron ~1700 [25].
- St Senier de Bevron 1713 [26].
Étymologie
Hydronyme d'origine gauloise, reposant soit sur une forme gauloise °bebrónno, soit sur une forme gallo-romane °BEBRŌNE. Le radical BEBR- est celui du gaulois °bebros ou °bebrus « castor », adapté en bas-latin sous la forme beber. Le second élément de l'hydronyme est soit le gaulois onno « cours d’eau » (cas le plus probable), soit un suffixe de présence gallo-roman -ŌNE, d'où le sens global de « rivière aux castors », ou éventuellement « endroit où il y a des castors ».
Le gaulois °bebros ou °bebrus « castor » (radical fléchi bebr-, variante plus fréquente bibr-) est attesté par le bas-latin beber (radical bebr-), qui représente un emprunt tardif au gaulois. Ce mot a éliminé le latin classique fiber, de même origine indo-européenne [27]. Il est bien attesté dans la toponymie et l’hydronymie française; en outre, le mot gaulois a survécu en ancien français sous la forme bievre « castor », mot à l’origine de nombreux toponymes et hydronymes médiévaux.
- ☞ On notera aux 17e et 18e siècles l'emploi d'une forme à métathèse Brevon, issue de Bevron, qui ne s'est pas imposée (contrairement, par exemple, au nom de la commune de La Brévière dans le Calvados).
Notes et références
- ↑ François de Beaurepaire, Les noms de communes et anciennes paroisses de la Manche, Picard, Paris, 1986, p. 79.
- ↑ Marie Fauroux, Recueil des actes des ducs de Normandie (911-1066), Mémoire de la Société des Antiquaires de Normandie XXXVI, Caen, 1961, p. 26, n. 29.
- ↑ M. Merian, Duché et Gouvernement de Normandie, Francfort, 1650.
- ↑ N. Sanson et P. Mariette cartographes, R. Cordier graveur, Duche et Gouvernement de Normandie, Paris, 1661.
- ↑ Guillaume de l'Isle, Carte de Normandie, Paris, 1716.
- ↑ G. Mariette de la Pagerie, Carte topographique de la Normandie; feuille 3 : Fougères, Vire et Avranches, 1720 [BNF, fonds Cartes et Plans, cote Ge DD 2987 (1009, III) B].
- ↑ Carte de Cassini.
- ↑ Robert de Vaugondy, Carte du gouvernement de Bretagne, Paris, 1768.
- ↑ V. Lavasseur, Atlas National Illustré des 86 départements et des possessions de la France, A. Combette éditeur, Paris, 1854.
- ↑ Cartes d’État-Major (relevés de 1825 à 1866, mises à jour jusqu’à 1889).
- ↑ Adolphe Joanne, Géographie du département de la Manche, Hachette, Paris, 1880, p. 18.
- ↑ E.-A. Pigeon, Carte du diocèse d’Avranches, A. Herluison, Orléans, 1884 [BNF, GED-1158].
- ↑ Carte du département de la Manche, L’Illustration économique et financière, 28 août 1926.
- ↑ Carte IGN au 1 : 25.000.
- ↑ Marie Fauroux, op. cit., p. 213, § 73.
- ↑ Jean Adigard des Gautries, “Les noms de lieux de la Manche attestés entre 911 et 1066”, in Annales de Normandie I (1951), p. 18.
- ↑ Marie Fauroux, op. cit., p. 270, § 110.
- ↑ François de Beaurepaire, op. cit., p. 188.
- ↑ Léopold Delisle, Recueil de jugements de l’Échiquier de Normandie au XIIIe siècle, Paris, 1864, p. 172, § 748.
- ↑ 20,0 et 20,1 François de Beaurepaire, op. cit., p. 214.
- ↑ Jean Bigot sieur de Sommesnil, État des paroisses des élections de Normandie, 1612/1636 [BNF, ms. fr. 4620]
- ↑ Roles par généralités et élections des paroisses de France et de leur imposition aux tailles, 1677 [BNF, cinq cents Colbert, ms. 261 f° 229 à 275].
- ↑ Jean-Baptiste Nolin, Le duche et gouvernement de Normandie Divisé en Haute et Basse Normandie, en Divers Pays, et par Evechez, Paris, 1694 [BNF, IFN-7710251].
- ↑ P. Mortier / H. Jaillot, Le Duché et Gouvernement de Normandie divisée en Haute et Basse Normandie, Amsterdam, 1695.
- ↑ Gerard Valk, Normannia Ducatus, tum Superior ad Ortum, tum Inferior ad Occasum, Praefectura Generalis […] Anglici Caesarea sive Jarsey…, Amsterdam, ~1700.
- ↑ Dénombrement des généralités de 1713 [BNF, ms. fr. 11385, f° 1 à 132].
- ↑ De l'indo-européen °bʰebʰrus, variante °bʰebʰros « castor », littéralement « l’animal brun »; forme à redoublement (°bʰe-bʰr-u-s, °bʰe-bʰr-o-s) dérivée de la racine °bʰer- « brun », également présente dans le nom germanique de l’ours (°bernuz; cf. anglais bear, allemand Bär). Le latin fiber procède régulièrement de °bʰebʰros, alors que le germanique commun °bebruz (d’où l’anglais beaver) est issu de °bʰebʰrus. La forme gauloise reconstituée °bebros ou °bebrus peut se rattacher à l’un ou l’autre de ces prototypes.