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Aqueduc de Coutances

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Vue ancienne.
L'aqueduc avant 1905.

L'aqueduc de Coutances est un monument historique de la Manche.

On y accède par la rue de l’Aqueduc.

Histoire

Selon les recherches historiques de Louis-François de Fontenu et Charles Duhérissier de Gerville, au XVIIIe et XIXe siècles, un premier aqueduc aurait été construit à l'époque gallo-romaine à l'initiative de Constance Chlore, et détruit par les Normands [1]. Mais aucune trace ne permet de corroborer cette hypothèse.

L'actuel aqueduc a été érigé à l'instigation du gouverneur Foulques Paisnel [2]. Sa construction est décidée en 1277 pour acheminer les eaux prélevées à la fontaine de l'Écoulanderie vers le couvent des Dominicains et la ville en traversant la vallée du Bulsar [3].

« Après un segment souterrain, l'aqueduc sort de terre, la partie aérienne mesure 240 m, elle-même divisée en trois. Un premier tronçon court sur un mur, le second composé de 16 arcades franchit la vallée du Bulsar avant de repartir sur un mur » [3]. Utilisant probablement le système du pont-siphon, la conduite acheminait l'eau de 125 mètres d'altitude à 53 mètres, puis la remontait à 92 mètres [3].

Il est restauré en 1313, et en 1566, après l'incendie du couvent par les huguenots [3].

Il est utilisé jusqu'au XVIIe siècle.

Fortement dégradé par le temps, il reste désormais trois arches. Il appartient à la première liste de classement des monuments historiques français, en 1840 [4].

Adolphe Joanne mentionne en 1867 qu'onze des seize arches sont détruites et qu'une pierre de la seconde arcade, vers la ville porte la date de 1595 [1].

État actuel

Notice du Magasin pittoresque

Extrait du Magasin pittoresque, volume 1, éditeur Jouvet & cie., 1833, p. 268-269
Des aqueducs romains
Aqueduc de Coutances, département de la Manche
« Il est peu de monuments qui puissent mieux que les aqueducs donner une idée des constructions nobles et grandioses des Romains ; les sommes qu'ils ont dû coûter, les obstacles qu'il a fallu vaincre, l'aspect imposant qu'ils présentent, attestent à quel degré de luxe et de grandeur ce peuple était parvenu. L'Italie était couverte d'aqueducs, et Rome à elle seule, suivant Procope, en possédait quatorze, qui servaient à remplir 150 bains publics ou particuliers, 1 352 lacs ou grands bassins et réservoirs, 16 thermes, 6 naumachies (spectacles où l'on représentait des batailles navales), sans compter les nombreux canaux souterrains consacrés à la propreté de cette ville. On admire encore en Espagne celui de Ségovie, aussi bien conservé que si l'on venait de l'achever. La Gaule était celle de toutes les provinces romaines qui en possédait le plus, et l'on voit encore les ruines de ceux de Lyon, Metz, Orange, Fréjus, Nîmes, Toulon, Arcueil, etc.
Celui de Coutances, auprès de la ville du même nom, dans le département de la Manche, a conservé sa construction originaire, à l'exception des cintres de onze arches, qui ont été réparés dans des temps postérieurs.
Les eaux qu'il portait venaient de la fontaine de l'Écoulanderie, ainsi appelée du nom de l'endroit où elle se trouve. Des canaux de terre les conduisaient de là dans un réservoir éloigné de soixante pas ; ce bâtiment, recouvert en ardoise, cachait un autre bassin de 4 pieds de large, 6 de long et a de profondeur. De là, l'eau, traversant une grande pièce de terre plantée en pommiers, dite la Croûte aux Moines, venait aboutir sur la grande place, en face de la cathédrale. Il avait 1864 pied de longueur, et était situé dans une vallée, entre deux coteaux auxquels il tenait.
Ce monument a 38 pieds d'élévation sous voûte, depuis le bas de la prairie. La voûte a 10 pouces d'épaisseur, et les canaux, avec les travaux en terre qui les recouvrent, 1 pied. De seize arcades qui soutenaient les canaux, il y en a treize du côté de la ville qui ont 22 pieds d'ouverture ; la quatorzième n'a que 15 pieds, la quinzième 16 pieds, la seizième 11 pieds, et est à 76 pieds d'éloignement des autres, ce qui paraît n'avoir été fait que pour faciliter le passage de la route qui la traverse. Les piliers sur lesquels reposent les arcades ont 10 pieds de large sur 17 de long. Cet aqueduc, que l'on croit du IIIe siècle, a reçu des réparations qui ont fini par en altérer le caractère ; cependant on distingue encore que la partie romaine a été construite en pierres brutes, plus larges que hautes, et posées pour ainsi dire à l'aventure, sans dispositions d'assises ou de lits. Le mortier dont on s'est servi, s'étant empalé dans les pores de la pierre, a donné une grande solidité à la construction. La réparation la plus importante a été faite en 1159, et on voit encore le nom d'un seigneur qui y a contribué par ses largesses ; mais, depuis, les habitants se sont lassés de dépenser de l'argent pour cet entretien, en sorte que les canaux se sont détériorés, l'eau n'y est plus venue, et l'aqueduc de Coutances n'est plus maintenant qu'une belle ruine. »

Bibliographie

  • Léopold Quenault, Recherches sur l'aqueduc de Coutances, Impr. de Salettes, Coutances, 1859.
  • Véronique Goulle, « L'aqueduc et le fonds d'archives des Frères Prêcheurs de Coutances », Trésor des archives. Huit siècles d'histoire de Coutances, Cahier du musée Quesnel-Morinière, 2011, p.8-13.

Notes et références

  1. 1,0 et 1,1 Adolphe Joanne, La Normandie, collection des guides Joanne, guides Diamant, Hachette, 1867.
  2. Renault, « Revue monumentale et historique de l'arrondissement de Coutances », Annuaire du département de la Manche, vol. 24, 1852, p. 630-712.
  3. 3,0 3,1 3,2 et 3,3 Danièle James-Raoul, Les Ponts au Moyen Âge, Presses de l'université Paris-Sorbonne (PUPS), 2006, p. 80-82.
  4. « Notice n°PA00110374 », base Mérimée (architecture), médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, ministère de la Culture.

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