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Alauna

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Hypothèse de représentation d'Alauna ; aquarelle de Dominique Lepoittevin.

Alauna est une cité gallo-romaine sur l'ancienne commune d'Alleaume, aujourd'hui rattachée à Valognes.

C'est « le seul endroit du département de la Manche qui offre des restes de construction bien apparents du temps des Romains » [1]. La superficie de la cité antique est d'abord estimée à 35 ou 45 hectares [2], puis à une soixantaine d'hectares [3].

Situation

Principales voies antiques rayonnant autour d'Alauna.

Elle était située sur la route menant de Coriallo (Cherbourg) à Cosedia (Coutances). Elle devait être la capitale du territoire des Unelles [3], et, en tant que telle, elle était « à l'image de Romme et disposait de tous les attributs qui composaient une ville d'importance » [3].

Histoire

Il est fait mention d'Alauna sur la table de Peutinger et dans l'itinéraire d'Antonin, datant tous deux du IIIe siècle [4]. La ville appartient alors aux Unelles.

La cité semble édifiée entre 25 et 50 après Jésus-Christ selon un quadrillage de rues couvrant une vingtaine d'hectares [5]. Un programme d'embellissement, de monumentalisation et d'accroissement suit entre 50 et 100 avec notamment la construction des thermes du Bas-Castelet (sortie nord) et du théâtre du Castelet (sortie est) [5].

La période d'apogée du site va de 100 à 250 : la surface s'étend cette fois sur 45 hectares avec un grand édifice public marquant la sortie de la ville [5].

De 200 à 300/350 : période de stagnation et amorce déclin : les thermes de Bas-Castelet et le théâtre du Castelet sont abandonnés [5]. Entre 300/350 et 400, la ville se vide, Alauna s'éteint [5].

On attribue la destruction d'Alauna à Victor, fils de Maxime, gouverneur de la Grande-Bretagne, battu et tué par Théodose le Grand à Aquilée en 388 [1]. Le fils du vaincu, regagnant la Grande-Bretagne, aurait exercé sa vengeance sur la dernière ville romaine du continent [1].

Ses vestiges font l’objet, dès 1862, d’un classement au titre des monuments historiques [6].

Historique indicatif du site d'Alauna.

Lieux remarquables

Organisation

Les recherches permettent d'avancer l'idée « d'une organisation urbaine à la romaine, dotée d'un réseau orthogonal de rues basé sur une artère principale nord-sujet une autre d'orientation est-ouest. Le quadrillage des rues fait émerger plus d'une vingtaine de quartiers. Au sein de ceux-ci sont édifiés des bâtiments publics et privés construits selon les modèles romains. Le forum et le grand sanctuaire sont ainsi implantés au cœur de la cité, au carrefour des deux artères principales. Autour de ce cœur monumental prennent place de vastes demeures avec patio mais aussi de plus petites maisons disposant d’une cour. Sur le pourtour, des activités artisanales ont été identifiées. Le forum et le grand sanctuaire, composantes du cœur monumental d’Alauna, concentrent l’essentiel des pouvoirs politiques et religieux de la cité » [3].

Fouilles

Plan schématique des monuments de cité antique d'Alauna

Les premières fouilles ont lieu en 1695 par le père Pierre-Joseph Dunod (1646-1725), jésuite et missionnaire, aidé de l'intendant Foucault [4]. Elles mobilisent longtemps 200 ouvriers au théâtre et au balnéaire [1]. Au vu des résultats publiés dans le Mercure Galant, le père Junod soutient que l'étendue de cette cité « n'était pas moins grande que celle de Rouen » [1]. Les habitations « n'y étaient que des rez-de-chaussée bâtis en bois et en torchis sur des fondations en pierres, et souvent sans mortier » [1].

Une deuxième prospection a lieu en 1811 à l'initiative de Charles Duhérissier de Gerville [4].

D'autres fouilles ont lieu en 1954 et 1968 par MM. Demazure, Dorléans et Macé [7], en 1981 par M. Butel et en 1982 par M. Decaen [7].

En 1989 et en 1992, d'autres fouilles sont menées sous la direction de Thierry Lepert [7].

En 1999, Ludovic Le Gaillard et Nicolas Navarre engagent une prospection géophysique du site, sur 1,5 hectare [7].

En 2002 et 2010, trois nouvelles opérations sont faites [7]. D'autres suivent, désormais très régulièrement.

Les fouilles de 2013 permettent de dater les éléments du 1er au 3e siècles et quelques-uns au 4e siècle [2].

En décembre 2017, une équipe de géophysiciens espagnols mène des recherches durant quatre jours à l'aide d'un géoradar [8]. Des recherches complémentaires ont lieu en 2019 et 2021 [3].

Bibliographie

  • Charles de Gerville, Monuments romains d'Alleaume, impr. Vve H.Gomont, Valognes, 1844 (lire en ligne)
  • Jacques Macé, « Ruines antiques d'Alauna, près de Valognes », Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie, t. LIV, 1957-1958, p. 384-395.
  • François Fichet de Clairfontaine, « Valognes / Aulna (Manche) », Capitales éphémères. Des Capitales de cités perdent leur statut dans l’Antiquité tardive, Actes du colloque Tours, 6-8 mars 2003 (lire en ligne).
  • Érik Folain, « Valognes, ruines des thermes d'Alauna », Vikland, n° 12, janvier-février-mars 2015, p. 8-15
  • Laurence Jeanne, Laurent Paez-Rezende et Caroline Duclos, « L'agglomération antique d'Alauna - Actualités du nouveau programme de recherches archéologiques sur la ville gallo-romaine d'Alleaume à Valognes », Vikland, n° 12, janvier-février-mars 2015, p. 16-23

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 et 1,5 J.-L. Adam, « Valognes », Cherbourg et le Cotentin, Impr. Émile Le Maout, Cherbourg, 1905, p. 584-590.
  2. 2,0 et 2,1 « Les fouilles archéologiques d'Alleaume se poursuivent », La Manche libre, 17 août 2013.
  3. 3,0 3,1 3,2 3,3 et 3,4 « Site gallo-romain d'Alauna : la fin de dix ans de fouilles à Valognes », Ouest-France, site internet, 13 septembre 2022.
  4. 4,0 4,1 et 4,2 Julien Deshayes, « Les thermes antiques d'Alauna », Le Pays d'art et d'histoire du clos du Cotentin, 21 décembre 2010 (lire en ligne).
  5. 5,0 5,1 5,2 5,3 et 5,4 « Une cité à son apogée au IIe siècle », La Presse de la Manche, 7 janvier 2019.
  6. « Notice n°PA00110633 », base Mérimée (architecture), médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, ministère de la Culture.
  7. 7,0 7,1 7,2 7,3 et 7,4 « Les fouilles du XVIIe à nos jours », La Presse de la Manche [1].
  8. Maud Fauvel, « Des géophysiciens catalans sur le site d'Alauna : une intervention prometteuse », La Presse de la Manche, 7 décembre 2017.

Liens internes

Liens externes