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Abbaye du Mont-Saint-Michel

De Wikimanche

Gravure de 1857

L'abbaye du Mont-Saint-Michel est située sur la commune du Mont-Saint-Michel, dans le département de la Manche.

Héraldique

Voir blason de l'abbaye du Mont-Saint-Michel

L'abbaye entre spiritualité et pouvoir

Moines dans la salle de l'Aquilon

Aubert, évêque d’Avranches, installe sous le règne du roi mérovingien Childebert III (695-711) un culte sur le mont Tombe, îlot au large de Granville et de Saint-Malo, à l'estuaire du Couesnon. Le Revelatio décrit la légende de la fondation : en 708, l’archange saint Michel serait apparu à trois reprises dans les rêves de l’évêque pour lui enjoindre de fonder un sanctuaire ; face à l'hésitation du prélat, saint Michel le presse d'obtempérer, laissant selon la légende, un trou dans son crâne[1].

Il s'exécute et envoie deux émissaires en Italie pour obtenir des reliques de l'Archange conservées au mont Gargan, sanctuaire dédié à saint Michel depuis le Ve siècle. Ils reviennent un an plus tard, avec une pierre contenant l'empreinte d'un pied de saint Michel et un morceau de son voile, et découvrent un mont Tombe défriché. La tradition donne la date du 16 octobre 709[1].

Douze clercs sont installés par Aubert. Ils ne laissent aucune trace dans les annales jusqu'à leur remplacement en 966, sur décision du duc de Normandie, Richard Ier, qui prétexte leur mauvaise conduite. Le duc assoit ainsi son pouvoir sur les établissements religieux du duché, et en particulier sur cet îlot convoité par les Bretons (un roi s'y marie, un autre s'y fait inhumer), de plus en plus influents dans l'Avranchin et le Cotentin[1].

Les moines bénédictins qui prennent possession du sanctuaire reconstruisent l'église abbatiale et le monastère entre 1023 et 1084[2]. Obéissant à la très stricte règle de Saint-Benoît, ils consacrent leur temps à la prière et à la copie d'ouvrages.

La simonie (vente et achat de biens spirituels ou de charges ecclésiastiques) sévit sur le Mont au début du XIe siècle[3].L’abbaye est au cœur d’un vaste domaine seigneurial dont elle tire de très importants bénéfices. Ils s’ajoutent aux offrandes des visiteurs et aux donations des croyants soucieux de s’attirer les grâces de saint-Michel à l’approche de leur décès. Tous ces revenus permettent l’agrandissement et l’embellissement du monastère.[2]Le rôle spirituel, économique et politique de l’abbaye du Mont Saint-Michel devient considérable. Le Mont est le siège d’une seigneurie puissante et son seigneur (l’abbé) entend affirmer ses droits grâce aux travaux qui se succèdent : logis abbatiaux (rôle de commandement), remparts (rôle militaire), salle de justice (rôle justicier), greniers (rôle économique).

Au 12e siècle, l’abbaye est à son apogée. De 1154 à 1186, on construit les bâtiments de l'ouest sous l'abbatiat de Robert de Torigny.[2]; de 1211 à 1228[2], c'est la construction de la Merveille, le monastère gothique sur trois étages accrochés au flanc nord du mont.

En 1421 le chœur roman de l’église abbatiale s’écroule, on commence à le reconstruire entre 1446 et 1450.[2]

Une soixantaine de moines occupent les lieux sous la conduite de l’abbé. Mais par la suite, le sérieux se relâche. La règle est moins scrupuleusement observée, les abbés s’absentent de plus en plus longuement jusqu’à ne plus résider sur place. En 1643, l’abbé du Mont (Jacques de Souvré) n’est même plus un religieux, c’est un laïc ! [2]

En 1622 arrive une douzaine de moines de la congrégation de Saint-Maur : ils réforment l'abbaye qui retrouve son cachet d'antan et devient « maison d'études ».[2]

En 1790, c'est le départ des moines après la nationalisation des biens du clergé.[4]

Période carcérale

Roue du monte-charge

Alors que les cachots de l'abbaye avaient déjà accueilli les justiciables de l'abbé au Moyen Âge, et les chevaliers anglais de la Guerre de Cent Ans, Louis XI (1423-1483) est le premier roi de France à utiliser l'abbaye du Mont-Saint-Michel pour y enfermer des prisonniers. C'est lui qui met en place la cage en fer dans le logis de Robert de Torigni[5].

Louis XIV fait de l'abbaye une prison royale. Pas moins de 147 prisonniers passent par les geôles du Mont-Saint-Michel entre 1685 et 1789. Ces détenus retrouvent la liberté avec la Révolution et des centaines de prêtres réfractaires prennent leur place en 1793. Ils retrouvent la liberté avec la fin de la Terreur. Des détenus de droit commun et des Chouans y sont emprisonnés[5].

Le 6 juin 1811, un décret impérial décide de l'installation de la maison centrale de détention dans l'abbaye pour des prisonniers ayant des peines supérieures à quatre mois. Le 2 avril 1817, une ordonnance transforme le Mont-Saint-Michel en maison de force et de correction pour les personnes condamnées aux travaux forcés[5].

C'est en 1819 que le fameux monte-charge, encore visible de nos jours, est construit[5].

Les prisonniers filent le coton dans l'enceinte de l'abbaye. La nef de l'abbaye fait office de réfectoire. Les chapelles sont autant d'ateliers[5].

Les 22 et 23 octobre 1834, un incendie ravage le Mont-Saint-Michel[5].

Des républicains sont internés entre 1830 et 1844[5]. Les prisonniers politiques sont progressivement libérés ou transférés à Doullens, Paris, Bordeaux… Début 1844, il reste 13 détenus politiques au Mont-Saint-Michel, dont Delsade et Martin Bernard les plus anciens. Fin octobre, les six derniers prisonniers politiques (Martin Bernard, Delsade, Quignot, Godard, Petit et Jarasse) sont transférés à Doullens[6].

Le 20 octobre 1863, un décret ordonne la fermeture de la prison : les derniers détenus quittent le Mont-Saint-Michel[5].

Monument historique

Plan de rénovation de la Merveille
par Édouard Corroyer

En 1867, Jean-Pierre Bravard évêque de Coutances et d'Avranches installe à nouveau une communauté religieuse et relance les pèlerinages.[4]Les religieux doivent quitter l'abbaye en 1886; ils quittent définitivement le Mont en 1901.[4]

En 1874, l'abbaye est classée monument historique; Édouard Corroyer architecte en chef des monuments historiques peut lancer les travaux de restauration, il est remplacé en 1888 par Victor Petitgrand qui reconstruit la croisée du transept de l'église et la coiffe d'une tour de style néo-roman, surmontée d'une flèche néogothique.

Le 6 août 1897, les pièces constituant la statue de l'archange saint-Michel sont montées et assemblées en haut de la flèche.[4]

En 1908, Paul Gout, redécouvre l'église du Xesiècle Notre-Dame-sous-terre.[4]

En 1966, le père Bruno de Senneville revient au mont et fonde en 1969 une communauté de moines bénédictins qui restaure le culte dans l'abbatiale.[2] Elle est remplacée en 2001 par les Fraternités monastiques de Jérusalem.

En 2016 des travaux d'étanchéification du cloître nécessitent un budget de 2,2 millions d'euros. Le centre des monuments nationaux lance une campagne de financement participatif.[7] Les travaux débutent en 2017.[8].

Plans de l'abbaye

Gravures anciennes

Fréquentation

L'abbaye du Mont-Saint-Michel est le premier site payant de Normandie, elle accueille 1 223 257 visiteurs en 2014, répartis en 54% de Français et 46% d'étrangers[9], 1 259 873 visiteurs en 2015.

Administration

Adresse : Abbaye du Mont-Saint-Michel
BP 22
50170 Le Mont-Saint-Michel

Tél : 02 33 89 80 00

Bibliographie

  • François Feuardent, Histoire de la fondation de l'église et abbaïe du Mont S. Michel, près celui de Tombe, et des miracles, reliques, et indulgences donnez en icelle, tout recueilli des archives dudit lieu, Coutances, Jean Le Cartel, imprimeur et libraire, 1604 (lire en ligne)
  • Étienne Dupont, Les légendes du Mont Saint-Michel, historiettes et anecdotes sur l'abbaye et les prisons, chez l'auteur, 1924
  • George N. Gandy, « Retour sur la fondation de l’Abbaye du Mont-Saint-Michel et le rôle du duc Richard Ier de Normandie », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest [En ligne], 2016, mis en ligne le 22 avril 2018, consulté le 25 mars 2018. (lire en ligne)

Notes et références

  1. 1,0 1,1 et 1,2 Emmanuel Poulle, « Fondation d'un lieu de culte : le Mont-Saint-Michel - 16 octobre 708 », www.archivesdefrance.culture.gouv.fr, 2008 (lire en ligne)
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 2,6 et 2,7 Service éducatif des archives départementales de la Manche Mont et Merveille, 13 siècles d'histoire, 13 histoires du Mont Saint-Michel, septembre 2009
  3. Véronique Gazeau, Normannia monastica, volume 1, publications du CRAHM, 2007
  4. 4,0 4,1 4,2 4,3 et 4,4 David Nicolas-Méry et François Saint-James, Le tour du Mont en 1300 ans, éd. Ouest-France, 2011
  5. 5,0 5,1 5,2 5,3 5,4 5,5 5,6 et 5,7 La Manche Libre, 26 février 2011.
  6. Claude Latta, Un Républicain méconnu, Martin Bernard, université de Saint-Étienne, 1978.
  7. « Mont-Saint-Michel. Et si vous donniez pour la rénovation du cloître ? », Ouest-France.fr, 21 juillet 2016 (lire en ligne).
  8. « Mont-Saint-Michel. Exceptionnel chantier de restauration du cloître », Dimanche Ouest-France, 22 janvier 2017.
  9. CRT Normandie, L'abbaye du Mont-Saint-Michel, fréquentation 2014, (lire en ligne)

Liens internes

Liens externes

48°38′09″N 1°30′40″W48.63583, -1.51111