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Îles Saint-Marcouf

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Les îles Saint-Marcouf forment un archipel situé sur la côte est du département de la Manche.

Elles se composent de deux îles :
- l'Île de Terre (ou d'Aval) : 3,40 hectares, réserve ornithologique
- l'Île du Large (ou d'Amont), sur laquelle est construit un fort militaire (19e), en cours de rénovation.

Elles sont rattachées administrativement à la commune de Saint-Marcouf en 1987.

Elles appartiennent aujourd'hui au domaine privé de l'État ; l'île du Large est interdite au public depuis 1999, pour des raisons de sécurité, du fait de la dégradation importante des fortifications.

L'île du Large est classée « monument historique » par arrêté du ministre de la Culture du 25 janvier 2017 [1].

Géographie

En couverture du n°228 de la Revue de la Manche

Seules îles de la côte est de la Manche, l'archipel se situe dans la baie de Seine sur la côte est de la Manche, à 6 kilomètres au large de Ravenoville, 14 kilomètres au sud de Saint-Vaast-la-Hougue et à 12 kilomètres au nord de Grandcamp-Maisy (Calvados).

Histoire

L'archipel doit son nom à saint Marcouf qui venait selon la légende y faire carême au VIe siècle. Une chapelle située sur l'île du Large aurait témoigné de la retraite du saint au moins jusqu'au 18e siècle [2]. Après la mort de ce dernier, les îles appartiennent au monastère de Nanteuil, fondé par saint Marcouf, puis passent dans le domaine de l'abbaye de Saint-Wandrille et enfin dans celui de l'abbaye Saint-Vigor de Cerisy [3]. Les îles sont désignées dans des chartes anciennes sous le nom de Duo Limones [2].

En 1424, des religieux de l'ordre de Saint-François, les Cordeliers, venus de Chausey, s'établissent aux îles Saint-Marcouf [3]. Ils partent définitivement en 1477 [3].

Lors de la Révolution, les îles servent d'embarcadère pour les royalistes fuyant vers l'Angleterre, notamment Henry Essex Edgeworth, dernier confesseur du roi Louis XVI.

Occupées par les Britanniques au XVIIIe siècle, qui empêchent par cette position le commerce sur la côte normande, les îles Saint-Marcouf sont restituées à la France en 1802 lors de la paix d'Amiens.

Elles sont fortifiées sur l'ordre de Napoléon Ier, entre 1802 et 1867. Le fort de l'île du Large, de 54 mètres de diamètre, est équipé de 46 bouches à feu sur deux étages. Il est protégé par des douves de 12 mètres de large, creusées dans le roc. En 1860, les remparts et les digues sont construits. Les douves sont creusées de main d'homme.

Après la Guerre franco-prussienne de 1870, la garnison est évacuée. L'île du Large sert de prison ; y sont enfermés 200 communards [4].

Jusqu'alors sans statut juridique clair, l'île du Large est remise au ministère des travaux publics en 1893, et l'île de Terre au ministère de l'instruction publique en 1897, puis affectée au Muséum d'histoire naturelle [4].

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'armée allemande s'y installe et détruit le fort de l'île du Large pour en interdire l'entrée. Deux escaliers à vis sont vandalisés à cette époque. Elle pose également de nombreuses mines bondissantes (mine-S (Schrapnellmine)) sur les grèves. Le 6 juin 1944, deux heures avant l'heure H, quatre soldats américains, les caporaux H. Olsen et M. Kensie, le sergent J. Zanders et le soldat T. Elleran, tous du 4th Cavalry Squadron, débarquent sur l'île pour la neutraliser et la trouvent abandonnée par les Allemands [5]. Les îles deviennent la première terre normande libérée [6] [7], engageant ainsi la Libération de la Manche. Un groupe de soldats américains y prend position un peu plus tard, mais les mines laissées en place causent la mort de deux GI et en blessent dix-sept autres. Le 21 mai 2014, une plaque est inaugurée par le Conseil général de la Manche qui rappelle ces faits d'armes [8].

En 1967, le muséum d'histoire naturelle autorise la création d'une réserve ornithologique [4].

Depuis 1983, les îles Saint-Marcouf et le domaine maritime correspondant sont classés parmi les sites pour la qualité architecturale des ouvrages de l'île du Large et les richesses naturelles de l'île de Terre sur une superficie totale de 220 ha ; elles sont rattachées à Saint-Marcouf en 1987 [4].

La digue et les fortifications sont laissées à l'abandon. Une étude menée en 2004 chiffre les travaux de remise en état à 30 millions d'euros. L'association des Amis de l'île du Large Saint-Marcouf, créée en 2003, lance une opération de restauration des digues en 2009.

Les deux îles intègrent le réseau européen Natura 2000 en 2005 [4].

En 2023, l'association des Amis de l'île du Large Saint-Marcouf adresse une proposition de mise en valeur aux collectivités et à l'État afin de devenir gestionnaire du site. Elle déplore de ne pas pouvoir y accéder toute l'année, ce qui retarde l'avancée des travaux [9].

Lieux et monuments

Personnalités liées à l'archipel

Décès

Hommages

Association

Bibliographie

  • J.-L.B. Mayeux, Notice historique sur les îles Saint-Marcouf, Valognes, 1810.
  • Geneviève Le Blond, « Les îles Saint-Marcouf pendant la Révolution », Ouest-France, 28 août 1963.
  • Jean-Pierre Husson, « Sauvegarder les îles Saint-Marcouf », Vikland, n° 2, 1976.
  • Éric Barré, « Quand les îles Saint-Marcouf faillirent entrer dans l'ère industrielle », Revue de la Manche, n° 228, 2e trimestre 2015.
  • Edmond Thin, « Les îles Saint-Marcouf, un archipel chargé d'histoire et qui mérite d'être sauvegardé », Vikland, n° 22, août 2017.
  • Edmond Thin, « La redoute de Saint-Marcouf », Vikland, n° 22, août 2017.

Notes et références

  1. « Saint-Marcouf : l'île du Large classée monument historique », Ouest-France, 12 avril 2017.
  2. 2,0 et 2,1 Mercure de France, 1er mars 1743.
  3. 3,0 3,1 et 3,2 A. Benoist, « Les Cordeliers de Valognes (1477-1790) », Mémoires de la société archéologique de Valognes, 1885, t.IV, pp. 37-54 (lire en ligne).
  4. 4,0 4,1 4,2 4,3 et 4,4 Dreal de Basse-Normandie, « Site classé n° 50028 », Caen, septembre 2013 (lire en ligne).
  5. « De 1871 à 2018 », Les Amis de l'île du Large, site internet, consulté le 18 mars 2024 (lire en ligne).
  6. « Saint-Marcouf, première terre normande libérée », La Manche Libre, site internet, 22 mai 2014 (lire en ligne).
  7. « Avant le Débarquement, l'opération Saint-Marcouf », Ouest-France, site internet, 10 juillet 2010 (lire en ligne).
  8. Camille Ferronnière, « Une plaque commémorative sur l'île du Large », Ouest-France, site internet, 21 mai 2014.
  9. « Une association a envoyé une proposition pour être le gestionnaire des îles Saint-Marcouf », Ouest-France, site internet, 14 juin 2023.

Lien interne

Liens externes