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Élément cante- / chante-

De Wikimanche

L'élément cante- / chante- apparaît dans un certain nombre de toponymes et microtoponymes de la Manche, toujours à l'initiale.

Étymologie

L'élément cante- (forme normano-picarde) / chante- (forme française) est issu du gallo-roman °CANTA < latin canta, impératif (2e p. sg) du verbe cantare « chanter » [1].

Emploi en toponymie

On trouve cet élément traditionnellement employé en toponymie en combinaison avec divers noms d'animaux, pour évoquer des endroits où l'on a coutume d'entendre leurs cris. Par extension, ces noms sont généralement associés à des lieux qui, par leur topographie, sont habituellement fréquentés par cette faune.

Abréviations : a., ancien(ne); c., commune; f., ferme; h., hameau; l.d., lieu-dit; lot., lotissement; mn, moulin; rau, ruisseau; rés., résidence; vla, villa.

Les loups

Loup chantant.

Il sont à l'origine des types Cantelou(p), Canteleu, Chanteloup, etc., « là où l'on entend le loup chanter = hurler » [2]. Ce nom est généralement associé à des hauteurs, et plus particulièrement des revers de cuestas, des plateaux aux bords abrupts; mais il s'est également appliqué à des lieux sauvages ou désolés.

Les pies

Elles génèrent les types Cantepie et Chantepie, « là où l'on entend les pies chanter ». Ces noms ont généralement caractérisé des lieux incultes, des friches ou des terrains laissés à l'abandon, et par extension des terres pauvres, qu'il est inutile de cultiver. Ce toponyme a parfois été réutilisé plus récemment en tant que nom de villa.

Les grenouilles

Le nom ancien et toujours dialectal de la grenouille est la raine (du latin rana), d'où les types Canteraine, Chanteraine, « là où l'on entend les grenouilles chanter = coasser ». Ces noms sont souvent réécrits Cantereine, Chantereine par analogie avec le mot reine. Par extension, ils désignent des endroits humides, des mares ou des ruisseaux (parfois intermittents), où les joyeux et bruyants batraciens se font entendre au printemps et en été.


Un emploi moderne de cet élément (uniquement sous sa forme française chante-) se rencontre dans un certain nombre de noms de villas et de résidences, inspirés des précédents. Si quelques uns d'entre eux évoquent effectivement un « chant », ou du moins un bruit, d'autres réutilisent la structure de manière quasiment surréaliste, pour célébrer un aspect particulier du domaine.

La mer et la brise

Plusieurs villas de bord de mer évoquent par leur nom en chante-, soit l'incessant rot de la mé chanté par Côtis-Capel, soit le bruit du vent que l'on entend vipaer aux alentours :

  • Chante le Vent, vla à Barneville-Carteret.

Le coq et le soleil

Le nom de Chanteclair (ancien français Chantecler) fut d'abord celui du coq dans le Roman de Renart, où chante cler signifie à la fois « chante fort » et « chante la clarté ». Parfois orthographié à tort Chanteclerc, il est devenu en France un nom assez courant de maison ou de domaine, évoquant tantôt la présence de coqs, tantôt, par association d'idée, le lever de soleil et l'orientation à l'est. Enfin, totalement démotivé, il s'est muté en « joli nom » susceptible de valoriser un domaine.

Divers

Notes et références

  1. Le latin cantare représente quant à lui la forme intensive de canere « chanter », reposant en dernier lieu sur la racine indo-européenne °kan- « chanter », également à l'origine de l'allemand Hahn « coq », Huhn « poule » et de l'anglais hen « poule ».
  2. Voir l'article Toponymie à la page Canteloup pour une analyse plus approfondie de ce type toponymique.
  3. Cadastre napoléonien, Archives départementales de la Manche.
  4. 4,0 et 4,1 Cartes d’État-Major (relevés de 1825 à 1866, mises à jour jusqu’à 1889).
  5. Nomenclature des hameaux, écarts et lieux-dits de la Manche, INSEE, 1954.
  6. 6,0 6,1 et 6,2 Annuaire officiel des abonnés au téléphone.
  7. 7,0 et 7,1 Carte IGN au 1 : 25 000.
  8. G. Mariette de La Pagerie, cartographe, Unelli, seu Veneli. Diocese de Coutances, divisé en ses quatre archidiaconés, et vint-deux doiennés ruraux avec les Isles de Iersay, Grenesey, Cers, Herms, Aurigny etc., chez N. Langlois, Paris, 1689 [BnF, collection d'Anville, cote 00261 I-IV].
  9. Carte de Cassini.
  10. Attestée en 1978.