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Église Notre-Dame (Urville-Nacqueville)

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L'église Notre-Dame d'Urville-Nacqueville

L'église d'Urville-Nacqueville est un édifice catholique de la Manche, situé à Urville-Nacqueville.

Histoire

L'édifice actuel est l'œuvre de François Champart. L'architecte parisien a voulu reprendre avec les possibilités des techniques contemporaines, les formes trapues des vielles églises de la Hague. Les matériaux, pierres apparentes, couvertures en schiste, concourent à rappeler les édifices traditionnels de la région.

La construction de l'église d'Urville-Nacqueville commence en 1958, après la pose de la première pierre le 5 octobre [1], en remplacement des deux églises détruites à l'occasion des opérations militaires de la Libération. Elle est ouverte au culte le 30 octobre 1960 [2].

En 1944, chacune des deux communes possédait son église.

Celle de Nacqueville, là-haut sur la colline, fut dynamitée par les Allemands dans les premiers jours du mois de juin 1944, en représailles après de sévères bombardements anglais visant à détruire les installations de radars situées à deux pas de l'édifice. Très repérable, avec son clocher élancé, cette église de style néogothique avait été construite en 1902 par le châtelain de l'époque, Hildevert Hersent, qui en fit don à la commune.

La nef et le chœur de celle d'Urville-Hague, déjà très ébranlés par les bombardements, s'écroulèrent au passage des chars américains. Il n'en reste que le clocher en bordure du CD 45, direction Landemer.

Si les deux communes comportent de nombreux villages excentrés, Urville-Hague et Nacqueville forment en pied de coteau, une agglomération mitoyenne. Dès la région libérée, un accord entre la préfecture et l'évêché décide de fusionner les deux paroisses et de ne reconstruire qu'une seule église pour les deux communes. Quelques années plus tard, ces deux collectivités fusionneront elles aussi.

Le gros œuvre de maçonnerie est réalisé par l'entreprise Turrou, de La Pernelle, la charpente et la menuiserie par René Brécy, de La Haye-du-Puits, la couverture par Jean Clot. Gauthard frères, de Brassy dans la Nièvre, fabrique les bancs de chêne, B. Le Rouge livre la porte métallique du baptistère et la grille du confessionnal de la chapelle de la Vierge, ainsi que la serrurerie d'art. La table de communion, les bancs, l'autel de la Vierge et les portes sont l’œuvre de l'entreprise Lesdos, de Nacqueville [1].

Sur le parvis, on remarque le baptistère en forme de pigeonnier, abritant les fonts baptismaux de l'ancienne église d'Urville (18e siècle), placé comme un exonarthex avec un cheminement (malheureusement la couverture a été enlevée) prévu pour accueillir le nouveau baptisé directement dans la chapelle de la Vierge. Ce vaste parvis introduit le visiteur sous un porche généreux qui mène dans une nef ample, elle-même emportant le regard vers les piliers du clocher encadrant l'autel principal. Au-dessus du porche, on peut lire « Ut omnes unum sint, sicut te Pater in me et ego in te. Que tous soient uns, comme toi, Père tu es en moi et moi en toi » (Évangile de Jean 17, 21). Allusion à la devise de Mgr Jean Guyot, évêque de Coutances à l'époque : « Ut sint unum : qu'ils soient un ». La première eucharistie y est célébrée le 1er novembre 1960. La consécration de l'autel et la bénédiction de l'église ont lieu le 6 août 1961.

En 2018, le conseil municipal de La Hague vote un budget de 375 000 € TTC pour la réfection complète de la toiture en schiste [3].

Les vitraux

Posés en 1960, les vitraux sont l'œuvre de Henri Martin-Granel [1], maître verrier, ami de l'architecte François Champart. Une réalisation selon la technique de la dalle de verre alors très en vogue au milieu du XXe siècle.

L'architecte et le maître verrier ont cherché à donner de l'importance au chœur de l'église, par rapport à la nef, ce qui explique les coloris beaucoup plus chauds des verrières du chœur où dominent surtout le rouge et l'or.

Les vitraux de la nef, plus pâles pour laisser passer la lumière, ce qui ne les empêche pas cependant d'avoir l'élan de ceux du chœur. Leurs couleurs alternent : fonds jaunes et fonds verts. En plus de la signification expliquée plus loin, l'artiste a voulu figurer les pommiers de Normandie dans la succession des saisons.

Signification

La verrière au-dessus du portail, les « claustra », donne tout son éclat au soleil couchant. Les trois vitraux du sanctuaire, derrière le maître autel, représentent les saints patrons de la paroisse : la Vierge Marie, assise sur son trône de gloire, présente son fils Jésus, représenté en noir, allusion possible aux liens qu'entretint le maître verrier avec l'Afrique. Mais aussi, pour signifier que le Christ est le sauveur de toute l'humanité. Notre-Dame est en effet, la patronne principale de la nouvelle paroisse d'Urville-Nacqueville. Côté évangile, Saint Laurent, patron de l'ancienne paroisse de Nacqueville, attaché à son gril. Sa tête exprime la douleur, tandis que ses mains en prière traduisent la confiance. Côté épître, Saint Martin, patron de l'ancienne paroisse d'Urville-Hague, coupe avec son épée, un pan de son manteau dont il couvrira le pauvre.

Dans la chapelle de la Vierge, à droite en entrant, on admire l'éclat, surtout au soleil du matin, du vitrail de la Sainte Vierge. Il représente Jessé couché, en songe, et la Vierge Marie issue de la descendance de David. C'est l'Arbre de Jessé dont parle Isaïe (11,1), thème souvent traité dans l'iconographie religieuse. Une illustration de la généalogie du Christ descendant par la Vierge de la royauté de David et donc de l'Ancien Testament. Comme dans les représentations du Moyen Âge, l'artiste a figuré l'arbre et les rameaux qui continuent dans les vitraux des redans de la nef et conduisent à la Vierge et à son Fils représentés là-haut dans le vitrail du sanctuaire.

Enfin, un dernier petit vitrail particulièrement réussi, près de l'escalier de la tribune, représente un poisson au milieu des vagues. Allusion au mot grec « icthus » qui signifie « poisson ». Les lettres de ce mot sont les initiales en grec de « Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur ». Les premiers chrétiens se servaient de ce signe pour se reconnaître.

Remarquez les deux vitraux, côté épitre, au sud dans le sanctuaire. L'un, à gauche, représente les armoiries du pape de l'époque, Jean XXIII. L'autre à droite, celles de Mgr Guyot, évêque du diocèse jusqu'en 1966. C'était une façon de situer dans le temps la construction de l'église pour les générations à venir.

Les visiteurs de l'église notent souvent l'intérêt des vitraux qui réchauffent et tempèrent la sévérité des matériaux de l'ensemble de l'édifice. Ils participent, un peu à la manière des vitraux des grandes cathédrales du Moyen Âge, à la formation du visiteur.

Autres curiosités

  • La statue de la Vierge en bois (1962), œuvre de Ferdinand Parpan (1902-2004)[1].

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 et 1,3 Inventaire du patrimoine de la Reconstruction dans la Manche, Conseil général de la Manche, Conservation des antiquités et objets d’art, 2011.
  2. « Nos années 60 », La Presse de la Manche, hors-série, novembre 2010, p. 21.
  3. « Toiture de l'église d'Urville-Nacqueville », La Presse de la Manche, 18 décembre 2018.

Liens internes

Lien externe