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Vol à l'église de Cambernon (1820)

De Wikimanche

Le 7 novembre 1820, un vol est commis en l'église de Cambernon.

« Détail du plus facheux évènement qui puisse arriver, dressé pour apprendre à la postérité à se tenir sur les gardes afin que jamais un pareil évènement n'arrive.

Mardy sept novembre 1820 à huit heures du soir, Pierre François Esnée âgé de quinze ans, fils de Pierre François Esnée, menuisier de cette paroisse et y domicilié hameau de l'église, revenant de chez Mr (Fauvisière Collette), aperçut un homme voulant forcer la porte de la sacristie, il en fut effrayé et rapporta exactement ce qu'il avait vu à Marie Anne Laisney, sa mère. Elle prit sa lanterne et s'en alla voir si véritablement il y avait quelqu'un; aussitôt qu'elle fut entrée dans le cimetière, elle aperçut un homme qui avait des pantalons blancs à la porte de la sacristie, elle avança afin de le connaitre, mais le scelerat fuit devant elle et passa au travers de la haie d'épines qui ferme le cimetière du côté du midi. Cette femme s'en alla chez François Savary, débitant, y chercher du tabac pour son mari, elle lui rapporta ce que son fils et elle avaient vu, de là, elle revient chez Louis François Legraverend, custos du lieu et lui fait le même rapport.
Pendant ce temps, le dit Pierre François, menuisier, voyant que sa femme ne revenait point, dit à son fils d'un air mécontent d'aller trouver sa mère; cet enfant part sur le champs au devant de sa mère, en passant vis à vis de l'église, il entendit fermer la porte de la chapelle St-Pierre, mais il ne vit personne. Il trouve sa mère chez le custos et lui dit de s'en revenir sur le champs, que son père était bien en colère, mais malheureusement il ne parla pas de ce qu'il venait d'entendre, cependant Louis François Legraverend prend sa lanterne, entre chez Gilles Le Riquier, boucher et prie Aimable Le Riquier, frère du dit Gilles de prendre son chien et d'aller avec lui voir si véritablement il y avait quelqu'un autour de l'église; d'abord ils se rendent à la porte extérieure de la sacristie et la trouvent bien fermée et qu'il n'y avait point d'apparence qu'elle eut été forcée et ne trouvant personne, malgré cela, ils font le tour de l'église avec leur chien mais malheureusement ils ne regardent pas si les portes des chapelles et du bas de l'église étaient bien fermées parceque c'était le custos lui même qui les avait fermées et qu'on avait vu quelqu'un qu'à la porte de la sacristie, ils regardèrent ce rapport si peu fondé qu'ils nous en donnèrent aucune connaissance.
Le lendemain matin, le custos va sonner l'angélus, il ouvre la porte de la chapelle St-Pierre après avoir tourné la clef deux fois comme à l'ordinaire sans s'apercevoir qu'il y eut quelque chose de dérangé. A sept heures et demie, Mr l'abbé Lerendu, vicaire de ce lieu, mon digne collaborateur ...... la messe et fait sa préparation, Jean Pierre Legraverend, fils du dit custos arrive pour répondre la messe, découvre l'autel en roulant la couverture sans rien apercevoir d'aucune chose, parce que la porte du tabernacle était poussée pour ainsi dire à sa place; je me rends aussi moi-même à l'église, je m'habille pour dire la messe immédiatement après Mr le vicaire, je porte un pain et un purificatoire et j'arrange le calice tel qu'il doit être sans m'apercevoir non plus d'aucune chose; je commence la messe et en montant à l'autel et me dressant après l'avoir baisé, je m'aperçois que la porte du tabernacle n'était point bien fermée, je dis à mon répondant de dire à Mr le vicaire de m'apporter la clef du tabernacle afin de la mieux fermer, pendant ce temps j'essaie de l'ouvrir, la porte s'ouvre sans peine, alors je ne vois plus de St- Ciboire ny de soleil, à mon grand étonnement je m'aperçois que des hosties (épares) dans le tabernacle sur le (corporal) et le voile du St-Ciboire mis à côté de l'épitre dans le tabernacle et le .... du tabernacle ne tenant plus qu'à un clou. Après être revenu de mon étonnement, je dis la messe, Dieu sait comment, car je n'étais pas tout à fait à moi, pendant ma messe on va chercher Mr Lemaître du Jorget fils, adjoint du Mr le maire du dit lieu et Pierre Lemière, greffier de la mairie. Pendant ce temps là, Victoire Lefrançois, institutrice de la paroisse, en sortant de l'église, trouve le crampon de la ferrure de la porte de la chapelle St-Pierre au pied de la marche de l'autel St-Evrou tant avait été violent l'effort que ce scélérat avait fait pour enfoncer la porte, les extrémités de ce crampon étaient rivées cependant sur la carrée mais ils étaient si faibles qu'ils lachèrent et se redressèrent; pendant ce temps là aussi Anne Esnée trouva l'olive de la clef du soleil au pied de l'autel St-Evrou, sans doute que ce scélérat tomba avec les objets volés et la clef se trouva rompue, après tout cela Mr Moulin, vicaire de Monthuchon dit la messe et après l'avoir dite il recouvre l'autel mais, en déployant la couverture, il aperçut des hosties colés sur l'indienne, nouvelle douleur, il y en avait huit, Mr Lerendu les a ramassés et mises avec les autres dans le tabernacle.
Après quoi Mr l'adjoint et le greffier avec le custos sont allés à Coutances en faire leur rapport à Mr Lebrun, procureur du Roy qui a envoyé deux gens d'armes pour en dresser procés verbal et ils ont emporté le crampon, l'olive et un des cristals du soleil qui fut trouvé par François Desmoulins au pied du fossé du plant à lui appartenant sur le bord de la demie route du château de Cambernon allant au grand chemin de Coutances à St-Lô du côté du levant; Mr Boisval Pigeon .... nous a blâmés de n'avoir point fait attention aux pas, mais il avait tombé de l'eau la nuit et plusieurs personnes étaient entrées par la dite porte avant que l'on s'en fut aperçu, d'ailleurs nous y pensâmes pas, tant était grande notre douleur en voyant une aussi abominable et inouïe profanation, le St-Ciboire était grand et de toute beauté, il était massive en argent et doré en or au dedans avec une couverture qui tenait au dit St-ciboire par une charnière très solide; le soleil était en cuivre et argenté, il était aussi des plus beaux. (La peste) selon moi qui les avait achetés avec les deniers de la fabrique et donné le vieux St-ciboire en échange du consentement de Mrs les (marguisiers) du dit lieu, est de quatre cents francs; ce serait encore peu de chose s'il n'y avait point eu de profanation.
Le présent détail en tout son contenu véritable a été rédigé par nous, Almy succursaire de Cambernon le trois janvier mil huit cent vingt et un.

Signé : C.F. Almy, succursaire de Cambernon »

Source

  • Registres paroissiaux, annotation en l'an 1820 de l'homme d'Église Almy.