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Viridovix

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Viridovix est un chef militaire gaulois de la Manche.

Le personnage historique

Chef des Unelles, peuplade du Cotentin, Viridovix est souvent considéré comme un héros de la résistance gauloise face aux Romains. Il avait réussi à fédérer sur son nom, et grâce à ses qualités guerrières, un grand nombre de révoltés, venus parfois de loin. Mais il fut lourdement défait par les légions romaines en l'an 56 avant Jésus-Christ, au mont Castre selon certains auteurs, ou au Châtelier du Petit-Celland [1] ou à Champrepus [2]. Il était pourtant à la tête d'une troupe considérable, et il avait reçu le renfort des Lexovii et des Aulerques Éburovices. Mais, à en croire Jules César lui-même [3], il se révéla piètre stratège face au piège tendu par Quintus Titurius Sabinus. La plupart de ses hommes périrent dans la bataille, les autres n'eurent leur salut que dans la fuite (voir le récit de ce sanglant épisode à la page Unelles). Certains historiens évaluent les troupes de Viridovix à 25 000 hommes, celles de Sabinus à 15 000.

On ne sait pas si Viridovix fut tué dans la bataille. On lui attribue parfois un rôle, ainsi qu'aux Unelles, dans la bataille d'Alésia, quatre ans plus tard.

Le nom de Viridovix

Le nom de Viridovix, à ne pas confondre avec celui de Virdorix ou Urdorix [4], est mentionné à plusieurs reprises sous cette forme par Jules César [5] (chez qui l'on relève également la variante Uridovix), et par l'historien grec Diodore de Sicile [6] sous la forme Ούριδοῦιξ [Ouridoûix], qui n'en est que la transcription en alphabet grec.

Comme la plupart des noms celtiques anciens, qui perpétuent, à l'instar des noms germaniques, slaves ou sanskrits, le modèle anthroponymique indo-européen, ce nom résulte de la combinaison de deux éléments. Cette combinaison, initialement porteuse de sens, devient peu à peu aléatoire, et finit par fonctionner comme nos prénoms composés actuels (Jean-Pierre, Anne-Sophie…), juxtaposition d'éléments référentiels sans signification globale. Ceci dit, cette tendance n'est pas générale en gaulois, et l'on trouve parmi les anthroponymes de cette langue tantôt des combinaisons traduisibles (dans la limite de notre connaissance de cette langue), tantôt de simples juxtapositions.

Le nom de Viridovix (dont Uridovix est une forme contractée) est constitué des éléments uirido- et -uix, c'est-à-dire -uic-s. Le premier, uirido- (souvent contracté en uirdo- ou urido-) est un thème dont l'emploi est ancien et bien attesté dans l'anthroponymie gauloise, mais dont le sens est incertain : cf. par exemple les noms de Viridomarus ou Virdomarus; Virdorix ou Urdorix; Uridolanos; Virdacus, etc. Il semble représenter une dérivation en -do- du radical uĭro- « homme » ou uīro- « vrai », dont le sens ultime n'est pas assuré (virilité ? vertu ? courage ? vérité ?…) [7]. Le second élément, -uic-s, est aussi un thème fréquent, tant dans les anthroponymes que les ethnonymes (noms de peuples) : Lemovices, Eburovices, Ordovices, etc. [8] Le thème uic-(o)- a le sens de « combattre », « vaincre » [9], d'où sans doute un sens global que le premier élément rend incertain : « qui combat avec courage (?) », « vrai combattant (?) », etc. Ces simples hypothèses donnent néanmoins une petite idée de ce qu'a pu signifier le nom de Viridovix.

Notes et références

  1. Daniel Levalet, Avranches et la cité des Abrincates. Ier siècle avant Jésus-Christ - VIIe siècle après Jésus-Christ, éd. Société des antiquaires de Normandie, 2010, p. 27.
  2. Louis Mayeux-Doual, Mémoire historique sur le camp de Sabinus, éd. Le Blanc-Hardel, Caen, 1876 (lire en ligne)
  3. Caius Julius Cæsar, Commentarii de bello gallico (44/43 av. J.C.), III, xvii et xviii.
  4. Georges Dottin, La langue gauloise, Paris, 1920, p. 358 (n. de la p. 100); Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Errance, Paris, 2001, p. 270.
  5. Caius Julius Cæsar, op. cit., III, xvii, 1, 3, 5; III, xviii, 7.
  6. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique (milieu du Ier siècle av. J.C.), éd. Dindorf, Teubner, Vogel et Fisher, Teubner, XXXIX, 45, 1.
  7. Xavier Delamarre, loc. cit..
  8. Xavier Delamarre, op. cit., p. 267.
  9. De l'indo-européen °weik- « combattre; vaincre, conquérir », auquel se rattache le latin vincere (d'où vaincre), victor « vainqueur », etc.

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