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Utilisateur:HaguardDuNord/Corsaires de la Manche

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Un corsaire est une armateur ou un marin autorisé par une lettre de marque à attaquer, en temps de guerre, les navires, militaires ou marchands, battant pavillon d'États ennemis.

Dans la Manche, l'activité corsaire se concentre à Cherbourg et à Granville durant la République et l'Empire. https://books.google.fr/books?printsec=frontcover&id=oWg7GRSohvMC&hl=fr#v=onepage&q&f=false


« Nos corsaires, écrivait-on de Cherbourg au Moniteur, à la fin de février 1793, vont bientôt couvrir la mer. Les prises continuent dans tous les ports. Un lougre de 20 hommes d'équipage et mal armé, a ramené dans le port de Cherbourg un bâtiment de 200 tonneaux et richement chargé. » Cette activité des armements fut à Cherbourg comme ailleurs, assez grande à cette époque ; le 5 mars, cette ville comptait trois corsaires et deux cutters en croisière, et armait en outre deux autres corsaires de dix canons. A la fin de mars, plusieurs corsaires furent pris, et de ce nombre étaient sans doute de ceux de Cherbourg, car, hormis le Républicain, commandé par Etasse, il n'est plus question d'aucun d'eux jusque après la levée de l'embargo.

Peu de jours après la sortie de son premier corsaire, le lougre le Républicain, Cherbourg eut le spectacle d'un petit combat nautique, dont le chef du bataillon de la Côte-d'Or rendit compte en ces termes à l'un des grands pouvoirs révolutionnaires, la commune de Paris : « Le 25 mars, une frégate anglaise est venue chasser deux de nos corvettes jusqu'à portée de canon de notre fort.Aussitôt qu'elle a été reconnue, nous avons fait battre la générale, et en cinq minutes tous les soldats de la République étaient sous les armes.Au premier coup de canon, les cris de vive la République! ont retenti de toutes parts; la frégate anglaise a été démâtée de son mât d'artimon; un coup de vent frais l'a poussée au large. ll fallait voir les volontaires de la Côte-d'Or. Enragés, ils voulaient aller à la mer : l'abordage, l'abordage ! criaient-ils (et cela était impossible); nous l'aurons ou nous périrons ! » Deux mois plus tard, les Anglais, à l'aide d'un de leurs bâtiments de guerre, firent une tentative de descente en petit, sans doute pour voir si le littoral était bien gardé et pour se livrer au pillage avant de se rembarquer. Ils ne furent pas heureux dans cet essai, car voici ce que l'on écrivit de Cherbourg, le 25 mai 1793, sur cette attaque inattendue : « Les ennemis viennent de faire contre ce port une tentative qui ne leur a pas réussi. « Un bâtiment de 18 canons se portait sur les côtes, pendant que deux colonnes armées s'avançaient par terre; 2,000 hommes commandés sur-le-champ sont allés, avec beaucoup d'artillerie, à la rencontre des nouveaux débarqués, et les ont mis en fuite. On a tiré à boulets rouges sur le bâtiment, et il s'est rendu.

« Comme on craignait des mouvements dans la ville, où l'on soupçonnait que l'ennemi avait des intelligences, les canons furent braqués de façon à déconcerter les malveillants, »

L'activité des armements pour la course future se maintint long-temps à Cherbourg, car le Moniteur du 24 nivôse an II, s'exprimait en ces termes à ce sujet : [ocr errors]

« Ce port présente l'activité la plus admirable. Chaque jour on lance à la mer des bâtiments de diverses grandeurs. Le pavillon tricolore ne doit pas tarder à couvrir toutes les mers. L'amour de la liberté ne produira-t-il point ce qu'a bien produit l'avarice des comptoirs? Pitt l'infâme pourra voir de près flotter l'étendard d'une nation qu'il se repentira trop tard d'avoir si indignement outragée.

« On travaille dans tous les ports de la Manche à des préparatifs vengeurs contre les tyrans de la mer et les ennemis de la liberté des peuples.

« Les braves marins s'exercent ici sans relâche; tous les forts sont hérissés de canons. En un mot l'esprit républicain anime la marine et la garnison. »

Du reste, si après l'embargo, nos corsaires ne sortaient

plus, Cherbourg n'en vit pas moins entrer dans son port un nombre considérable de prises que lui envoyait la division de bâtiments légers de Duchesne : « Bonnes nouvelles, écrivait à la Convention, le 29 nivôse, le commandant du Fort National! Encore des prises faites sur les ennemis de la République! Ce matin quatre vaisseaux sont entrés dans la rade. En vérité, il semble que les Anglais veulent payer les frais de la guerre ; car, depuis deux jours, dix de leurs bâtiments ont été menés par nos frégates seulement à Cherbourg; autant ont été conduits à Morlaix, et indépendamment de cela le bruit court qu'un convoi, composé de quarante-cinq voiles, est tombé en entier au pouvoir des Français. Cette nouvelle ne tardera pas à se manifester d'une manière ou de l'autre; dans tous les cas, je t'en instruirai. lci tout est dans la plus vive allégresse, et, de l'aveu des plus anciens marins, il n'y a pas d'exemple qu'on leur ait donné le bal d'une aussi belle manière. Courage sur mer comme sur terre! la liberté protége ses défenseurs. Ne nous laissons pas éblouir par la fortune, et poursuivons rapidement notre course jusqu'au but que la saine philosophie nous indique. Que les patriotes se ressouviennent de l'année passée! Qu'elle soit présente à leurs yeux, afin qu'ils évitent de tomber dans cette léthargie qui fut si pernicieuse à la liberté! Qu'ils se méfient de ces charlatans, débiteurs de phrases à tant la ligne, qui n'occupent les tribunes que pour se donner un vernis de popularité, à l'abri duquel ils espèrent plus impunément et plus sûrement abattre la République! Enfin, qu'ils se ressouviennent que le prétexte le plus dangereux est celui du bien public. « Salut et fraternité. « Signé MULARD.

« P. S. Je romps le cachet de ma lettre pour t'annoncer que la Carmagnole, la Pomone, l'Engageante et la Babet sont entrées en rade, et qu'elles apportent la nouvelle certaine que les prises se montent à cinquante-deux vaisseaux, tous très richement chargés. Elles ont rencontré ce convoi sous l'escorte d'un brick et d'un sloop qu'elles ont coulé bas d'une seule bordée. Tous les ports de la Manche regorgent des bâtiments enlevés à nos ennemis. Une descente au printemps, et l'Angleterre est à la liberté. Adieu. »

Mais je reviens aux corsaires cherbourgeois. De 1793 à 1812, ceux sur lesquels j'ai des renseignements précis sont : le Républicain, le Phénix, le Coup-d'essai, l'Heureux Spéculateur, l'Eperrier, la Revanche du Républicain, le Marsouin, le Glaneur, la Rancune, le Moissonneur, l'Egyptien, le Vendangeur, le Braconnier, la Dorade, le Préfet de la Manche, l'Hirondelle, la Marie-Louise, le Loup-Marin et l'Aigle.

Le Coup-d'essai faisait la course en l'an V, et, en frimaire, il s'empara de l'Arck, brigantin de Londres, et du navire ennemi les Deux-Frères. L'Epervier, capitaine Turc ou Tierce, car le Moniteur parle de lui sous ces deux noms, et malheureusement la feuille officielle a souventestropié l'orthographe des noms propres, conduisait, en nivôse an VI, l'Anna-Boston, chargée de poisson sec, à son port d'armement. En pluviôse an VII, le capitaine Tierce commandait le Glaneur, appartenant à la Hougue : le Glaneur avait été croiser à l'entrée de la Manche, et il avait eu la chance de reprendre aux Anglais le brick le Vigilant, du Croisic, que ceux-ci avaient capturé huit jours auparavant. Le Glaneur revenait avec sa nouvelle conserve, lorsque, le matin, la brume en se dissipant lui laissa apercevoir à quatre ou cinq milles deux navires dans le lit du vent. Ces bâtiments, présumés ennemis, qui avaient déjà depuis quelque temps découvert le corsaire, cinglaient vers lui avec une alarmante rapidité; l'on reconnut en eux une frégate et une corvette anglaises. La partie n'était pas belle pour les loups de mer du Glaneur; le corsaire déploya toute sa toile et se mit à fuir avec une incroyable vitesse devant les rudes adversaires qui le convoitaient déjà. Animés par cet amour de la liberté qui constitue surtout l'esprit français, nos marins, en présence d'un péril éminent, conservèrent toute leur présence d'esprit, et manœuvrèrent avec un sang-froid, une précision admirables. Après huit heures de chasse, le Glaneur avait conservé la distance, qui, au commencement de la chasse, le séparait de la corvette et de la frégate, où du moins celles-ci n'avaient pas gagné sur lui la longueur de plus de trois ou quatre encâblures. Animés par ce demi-succès, nos corsaires pouvaient croire qu'ils échapperaient aux poursuites de l'ennemi; mais, par malheur, le vent tomba tout à coup, et le corsaire surpris par l'ac

calmie, cessa d'avancer; la frégate et la corvette, ayant conservé le vent plus long-temps, gagnèrent le Glaneur, de telle façon qu'elles se trouvaient presque à portée de canon de celui-ci, lorsqu'elles furent à leur tour comme clouées à leur place sur la surface unie de l'Océan. Ainsi, les adversaires en présence devaient se contenter de se regarder de loin, en attendant le moment où le souffle de la brise permettrait à la chasse de recommencer. Mais les Anglais voulaient en finir, et bientôt la vigie du corsaire put distinguer, comme des points perdus dans l'espace et qui grossissaient peu à peu, plusieurs embarcations que l'ennemi avait mises à la mer; le capitaine du Glaneur ordonna aussitôt de border les avirons, et le corsaire ne tarda pas à nager à son tour, poursuivi toujours par les péniches anglaises qui lui donnèrent chasse sans pouvoir l'atteindre pendant près d'une heure et demie.Ainsi que l'avait fort bien prévu Tierce, les embarcations ennemies, une fois arrivées à une distance assez considérable de la frégate et de la corvette, ne voulurent pas aller plus loin; le Glaneur se disposait alors à virer de bord, etàaller audacieusement les canonnerl'une après l'autre, quand le danger devint imminent pour lui : la brise recommcnçant à souffler au large, gonslait les voiles des vaisseaux ennemis, et ne devait pas tarder à les porter en plein sur le Glaneur. Le corsaire continua ses efforts pour s'éloigner avec une vigueur désespérée, à l'aide de ses avirons, jusqu'au moment où il pourrait à son tour profiter du vent qui s'élevait; cet instant si désiré arriva enfin, et il était temps pour nos marins, ear la frégate et la corvette se trouvaient cette fois à portée et commençaient à lui envoyer les bordées de leurs canons de chasse; mais, pendant qu'elles réembarquaient leurs canots, le corsaire, ainsi que l'avait prévu son capitaine, gagna de l'avance à son tour, et la lutte entre les trois navires redevint comme au commencement, une simple lutte de vitesse : ce fut cependant le Glaneur qui gagna le prix, car, après avoir été poursuivi avec acharnement pendant quatorze heures consécutives, il atteignit le port de Cherbourg au moment où il était de nouveau tellement serré de près que les vaisseaux britanniques recommençaient à l'avoir au bout de leurs projectiles. Deux ou trois jours après, le Glaneur reprenait la mer, et lorsqu'il regagnait Cherbourg, le 5 nivôse, ce n'était plus cette fois en fuyard obligé de déployer toute son agilité pour ne pas être pris, mais en vainqueur, et les trophées de sa victoire se composaient de trois bricks anglais, chargés de vin ou de fruits secs, qu'il convoyait amoureusement : Mosqueron était au commencement de l'an VII, le capitaine du Marsouin, armé en course à Cherbourg; il poussa assez loin ses excursions, car c'est à Vigo que le Moniteur nous apprend qu'il conduisit une de ses prises, un petit sloop anglais, armé de deux canons et de deux pierriers. En l'an Vlll, Mosqueron avait passé au comimandement du corsaire l'Egyptien, aussi de Cherbourg. Le 10 nivôse, l'Egyptien fit une prise d'une valeur très considérable, car elle était chargée de denrées coloniales, de sucre, de café, de tabac; c'était le trois-mâts le Delight,


auquel, un mois plus tard, il adjoignit le Hope. Les Chromiques maritimes appellent le capitaine de l'Egyptien Margereau. Le Braconnier, capitaine Pinabel, est noté comme n'ayant fait qu'une seule prise chargée de houille. La Dorade portait 14 canons en batterie, et avait 53 hommes d'équipage : ce corsaire servit de conserve au Vendangeur, et participa à l'engagement dans lequel celui-ci enleva à l'abordage un cutter anglais de 12 canons, engagement dont je parlerai dans l'article que je consacre à Quoniam. En germinal an lX, la Dorade prit à elle seule la goëlette la Dépêche, dont la cargaison se composait de denrées coloniales; quelques jours après, ce corsaire fut pris à son tour par les Anglais; ce fut une perte que ses succès avaient d'avance compensée pour ses armateurs, les citoyens Liais et fils. Vers la même époque, en l'an IX, le Préfet de la Manche, de 18 canons, se livra à la course et débuta par capturer un sloop anglais chargé de savon, meubles, farines et mélasse et un autre bâtiment ennemi que des péniches ne tardèrent pas à reprendre. Le Préfet de la Manche revenant d'une seconde croisière, escortait une véritable flottille, sur laquelle il avait imprudemment éparpillé son équipage, et qui se composait des bâtiments anglais suivants : le Goodurill, le Générous Friends, le Vigilant, le Friendschip, le Sakin et la Flora; par malheur pour le Préfet de la Manche, qui n'avait plus à son bord que le nombre d'hommes nécessaires à la manœuvre, les

cutters la Lady Charlotte et le Sherneess se mirent à sa poursuite et l'amarinèrent à son tour ainsi que toutes ses prises. Le Loup-marin s'empara, en février 1811, du bateau le Tryal. Enfin, la Marie-Louise, qui commença la course en décembre 1809, débuta par un combat qui lui fit beaucoup d'honneur, et où son capitaine, dont le Moniteur ne dit pas le nom, fut tué les armes à la main. La MarieLouise avait fait, le 7 décembre, la rencontre de deux trois-mâts, l'Elisabeth, de 350 tonneaux, 14 canons et 20 hommes d'équipage, et la Néva, de même force. L'artillerie des deux anglais, vigoureusement servie, fit un mal horrible à la Marie-Louise pendant les trois heures que dura l'engagement ; mais le corsaire arriva à l'abordage, et la poignée d'hommes des deux trois-mâts se rendit immédiatement. Ces deux prises étaient chargées d'acajou. La Marie-Louise s'en alla un peu plus loin que le plus grand nombre des corsaires des parties de notre littoral dont je viens de parler, car je la retrouve, en juin 1812, entrant à Naples avec l'Isabella, navire ennemi, chargé pour plus de 2 millions de francs de marchandises anglaises dont il fut fait un auto-da-fé solennel, en vertu du blocus continental. La Marie-Louise fut, je dois le croire, le dernier corsaire de Cherbourg : le nombre des navires armés en course était devenu à peu près nul dans cette ville, vers les dernières années de l'Empire; ainsi, il ne s'y en trouvait pas un seul, le 17 septembre 1809, pour aller amariner un trois-mâts anglais, de 350 tonneaux, rapportant d'Antigues des denrées coloniales, et que la tempête avait forcé de s'affaler à la côte. Il fallut que des douaniers, se jetant dans de frêles canots, allassent eux-mêmes prendre possession de ce navire, qui eût peut-être réussi à s'échapper à la marée montante. Pendant cette année 1809, Cherbourg vit entrer, le 3 mai à huit heures du soir, une prise considérable faite par l'Hirondelle, capitaine Quetier : c'était un beau brick anglais, de 10 canons, dont l'équipage était en outre muni d'espingoles, et qui ramenait du Gabon le fils d'un roi nègre dénué même de culottes, et, ce qui valait bien mieux pour des corsaires, une grosse cargaison de café, cire, gomme, bois de sandal, etc.; malheureusement, cette conquête coûta cher à l'Hirondelle; pendant une heure, elle dut la canonner et recevoir ses projectiles; ils portèrent assez juste pour mettre plusieurs de nos marins hors de combat; entre autres, le second du corsaire fut grièvement blessé, et son lieutenant trouva la mort sur le pont de l'ennemi. Ici s'arrête la nomenclature des corsaires cherbourgeois; Cherbourg ne trouva pas sans doute, comme Dunkerque, Boulogne et Calais, des éléments de prospérité dans ses armements en course; mais, au milieu de nos guerres navales, la ville qui sous la fin du règne de Louis XVI voyait à peine son port se former, devint un de nos principaux établissements maritimes de l'Océan. Dès les premiers mois de sa longue et laborieuse session, la Convention nationale avait voté des sommes considérables pour les travaux militaires et hydrauliques de Cherbourg; Napoléon fit davantage, et c'est à lui que cette cité doit sa splendeur actuelle. Ainsi, ce fut surtout grâces au premier consul que la digue de Cherbourg fut terminée, et inaugurée solennellement, au bruit des salves d'artillerie, le 28 thermidor an XIl, ainsi que l'attesta l'inscription suivante :

      MONUMENT 
  D'UTILITÉ MILITAIRE ET NAUTIQUE 
ERIGÉ PAR L'EMPEREUR NAPOLÉON 
        L'AN l" DE soN RÈGNE 
ET INAUGURÉ LE 28 THERMIDoR AN Xll 
          16 AOUT 1804 

Sous le ministère du vice-amiral Décrès

d'après les projets et sous la direction 
       de G. M. F. Cachin. 

Cherbourg, dont l'Empire a continué à accroître les grands travaux de défense ou hydrauliques, a vu son importance militaire s'agrandir encore par ceux qu'une longue paix a permis de réaliser. Cherbourg est la seule ville française qui ait encore vu s'en aller un roi déchu, quand la royauté renversée demeurait debout. [ocr errors]

Un nom de corsaire entre tous les autres fut célèbre, depuis nos ports du Nord jusqu'a nos colonies les plus lointaines, pendant la période que je traite ici; ce nom, c'est celui d'Aregneaudeau. C'est à Cherbourg, je dois du moins le supposer, que ce brave loup de mer commanda pour la première fois un navire armé en course. En nivôse an VII, l'Heureux Spéculateur, sur lequel Aregneaudeau (1) avait succédé à Black, fit sous les ordres de son nouveau chefune croisière de quatorze jours : quand le corsaire revint au port d'armement, il escortait trois prises, dont un trois-mâts américain de 8 canons, chargé de sucre, café et pelleteries, pour le compte du gouvernement anglais; ce trois-mâts et sa cargaison étaient estimés 1 million 500,000 fr. A peine rentré à Cherbourg, Aregneaudeau en sortit, et se dirigea tout droit sur cette rade de Darmouth que les Anglais gardaient si bien qu'ils étaient loin de la croire exposée aux excursions de nos loups de mer; là, en plein jour, à la vue d'une innombrable quantité de bâtiments de guerre, sous le feu des batteries et des fortifications ennemies, Aregneaudeau jette son dévolu sur un superbe navire de guerre, chargé de fer; il le semonce, le canonne,l'élonge, jette une poignée de braves sur son pont, fait couper ses câbles, et bientôt le corsaire et sa prise disparaissent aux yeux des Anglais, stupéfaits de tant d'audace. Les feuilles publiques de Londres poussèrent de nouvelles lamentations sur l'impudence des corsaires français, et tout fut dit. L'Heureux Spéculateur, échap

(1) Le Moniteur, qui a défiguré tant de noms de corsaires, et qui souvent est le seul guide auquel je puisse recourir, nomme à cette époque Aregneaudeau Renaudeau,




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