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Thomas Fortin

De Wikimanche

Thomas Fortin, né à Helleville vers 1620 et mort à Paris le 5 janvier 1680, est une personnalité catholique de la Manche.

Biographie

Il fait sans doute ses premières études au collège de Valognes, où il rencontre vraisemblablement pour la première fois le Cherbourgeois Jean Hamon, futur étudiant de la Faculté de médecine de Paris et médecin de l'abbaye de Port-Royal.

Les deux hommes se côtoient aussi, vers 1638, au « collège de la nation normande », plus connu sous le nom de collège d'Harcourt, aujourd'hui lycée Saint-Louis, non loin de la Sorbonne.

Thomas Fortin est indiqué comme « boursier-théologien » dans un acte de vente, daté du 26 mars 1639, d'un terrain par le collège d'Harcourt à Richelieu.

Il entreprend ses études à la Faculté de théologie : ainsi en 1645, il assiste à la thèse sorbonnique de Godefroy Hermant, originaire de Beauvais.

Licencié en théologie au dixième rang et docteur en 1646, il est ordonné prêtre à Paris le 24 février de la même année.

Il est déjà principal du collège d'Harcourt quand il est nommé curé de Saint-Christophe dans l'île de la Cité de Paris : charge dont témoigne une note manuscrite de Fortin sur le registre de baptêmes et de mariages de cette paroisse : « L'an 1651, le 11 novembre, maître Jean-Armand Le Bouthillier de Rancé, chanoine de Notre-Dame de Paris, abbé de Saint-Symphorien près Beauvais, de la Trappe au Perche, [...], m'appela à la fonction du pastorat dans l'église Saint-Christofle-en-la-Cité. Dieu, que je sers en esprit et que j'adore dans le fond de mon cœur, m'est témoin que je n'acceptai cette charge qu'avec regret et que je le priai plusieurs fois de m'en décharger [...]. Fait à Paris, ce 1er janvier 1652. »

En 1655, Fortin publie son premier et unique ouvrage :La Vie de Damoiselle Elisabeth Ranquet, femme du Monsieur Du Chevreuil, sieur d'Esturville. Nicolas Du Chevreuil, sieur d'Esturville, médecin de Bricquebec, était le frère de Jacques Du Chevreuil, sieur de Métot, professeur du collège d'Harcourt, (mort en 1649). La Vie d'Elisabeth Ranquet comprenait son épitaphe composée par Pierre Corneille.

La même année, le principal d'Harcourt commence une série d'interventions à la Faculté de théologie parmi les docteurs augustiniens : il prend le parti d'Antoine Arnauld, exclu de la Sorbonne en 1656. Il commence par le soutenir, mais, curé d'une paroisse parisienne et principal d'un collège important, il finit par signer la censure d'Arnauld. Il n'est donc pas exclu du corps des docteurs de la Faculté comme une soixantaine de confrères.

Dans les années suivantes, il agit toujours de concert avec les amis de Port-Royal, à qui il est toujours fidèle, comme il montre son opposition à l'infaillibilité pontificale. Ce que souligne en 1663 un collaborateur de Colbert qui écrit de Fortin : « Homme fort, ne changeant point de sentiments non plus que de conduite. Cherchant toujours à chagriner les jésuites et tous ceux qui sont attachés à Rome. Fort zélé pour tous les intérêts du roi et du Parlement quand ils sont joints. Il sait et fait travailler ceux qui se mettent sous sa conduite, dans son collège d'Harcourt [...]. Il connaît fort bien ce qu'il faut lire ; fort hardi, point intéressé ; fort ferme et propre à conduire une affaire dans la Faculté [...]. »

Le 20 juillet 1665, Thomas Fortin est élu proviseur du Collège d'Harcourt : il y succède à son maître Pierre Padet, et il démissionne alors de sa charge de la paroisse Saint-Christophe. Il se démet de sa cure au profit d'Adrien Le Vaillant, un autre Normand du diocèse de Coutances.

Il défend avec vigueur les droits de son collège et entre en conflit avec deux principaux qu'il a pourtant choisis, Jacques de L'Œuvre et Jean Le François. Il entreprend de grands travaux, qu'il finance de ses propres deniers. Le 28 janvier 1674, il introduit la première fête consacrée à Charlemagne.

Il donne son approbation à plusieurs ouvrages signés d'amis de Port-Royal, qu'il soutient toujours activement, en particulier les Pensées de Pascal (1669). Il y vante « l'étroite liaison [qu'il a eue avec lui] durant toute sa vie » : la maison où demeure Pascal à partir du 1er janvier 1654, rue des Francs-Bourgeois-Saint-Michel, est proche du collège d'Harcourt et le neveu de Pascal, Étienne Périer, y réside de 1660 à 1662, alors qu'il est l'élève de cette maison.

Il meurt le 5 janvier 1680 au collège d'Harcourt : selon le registre paroissial de Saint-Hilaire, il est inhumé dans la chapelle.

Le principal Jean Le François lui succède comme proviseur.

Œuvre

  • La Vie de Damoiselle Elisabeth Ranquet, femme du Monsieur Du Chevreuil, sieur d'Esturville, à Paris, chez Charles Savreux, 1655, in-12, rééd. 1660, 164 p.

Sources

  • Charles Gérin, Recherches historiques sur l'Assemblée du Clergé de France de 1682, Paris, Lecoffre, 1869, p. 507-508.
  • H.-L. Bouquet, L'Ancien Collège d'Harcourt et le Lycée Saint-Louis, Paris, 1891, p. 297-314.
  • Charles Berthelot Du Chesnay, "Thomas Fortin et La Vie de Damoiselle Elizabetg Ranquet [...]", Rev. du dép. de la Manche, III, 1961, p. 54-66.
  • Jean Mesnard, "Deux poésies à restituer à Corneille", dans Mélanges Georges Mongrédien, Paris, 1974,p. 246-164.
  • Yves Poutet, Divus Thomas, 81, 1978, p. 249.
  • Jacques Grès-Gayer, Le Jansénisme en Sorbonne. 1643-1656, Paris, Klincsieck, 1996, p. 319.
  • Jean Lesaulnier, Images de Port-Royal, Paris, Nolin, 2002.
  • Jean Lesaulnier et Antony McKenna, Dictionnaire de Port-Royal, Paris, Champion, 2004, p. 418-419 (notice de J. Lesaulnier).

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