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Source des oiseaux

De Wikimanche

Publicité pour la Source des Roches (1899), par Paul Berthon

La Source des oiseaux ou source Giot est un ancienne entreprise de la Manche, basée à La Glacerie. Elle est ainsi nommée parce que des milliers d'oiseaux venaient passer la nuit dans les bosquets de la colline où se trouve la source, aux beaux jours [1].

Propriétaire à partir de 1880 d'une fabrique d'eau gazeuse au 21 rue de la Duché à Cherbourg, Jules Giot lance l'exploitation en 1899 de sources découvertes à La Glacerie, au lieu-dit « Le Chant des Oiseaux » [2]. Cette eau de roche, captée à 4,5 ou 5 mètres de profondeur dans un terrain schisteux, « filtrée par la terre, le rocher et le sable », « d'une grande fraîcheur, d'une parfaite pureté et d'une remarquable limpidité » [3], concurrence avantageusement l'eau puisée dans la Divette, soupçonnée de propager la typhoïde. La pureté de l'eau, canalisée dans des tuyaux en fonte, conditionnée en bouteilles de grès ou en bonbonnes, et la modernité de l'installation offrent une image d'hygiène et de santé [4].

Ainsi la réclame nous annonce [4] :

« Pour éviter la typhoïde, votre famille boira, soit chez vous, soit en villégiature, la plus pure, la plus légère et la moins chère des eaux de France. Dans ces collines de schistes stratifiés, avec un immense périmètre de protection, d'où pourraient venir les germes de contagion humaine (choléra, typhoïde, etc.), dans une eau dont la température (4°) et le débit constants justifient l'origine profonde ? Résidu fixe : 0 gr. 12 par litre ! absence de nitrites et de sels ammoniacaux ; présence notable d'oxygène ; 1 cc. renferme 5 bactéries de bonne nature. Cette eau est donc d'une légèreté et d'une pureté merveilleuses. »
L'établissement.

En décembre 1911, le père Giot annonce qu'il organise un service de portage d'eau à domicile pour les habitants d'Équeurdreville et de Tourlaville, au prix de dix centimes les trois litres. Deux nouvelles voitures-citernes sont construites en conséquence [5].

Pendant la Première Guerre mondiale, il alimente les 178 postes de l'Arsenal, « car alors, Cherbourg manquait d'eau ».

Un système de distribution se met en place dans les années 1920, avec notamment la tonne en ciment du père Philippe qui arpente les rues de Cherbourg, et les bouteilles en grès expédiées à travers la France et jusqu'en Indochine [4].

En 1953, « l'attelage du père Giot ne passe plus dans nos rues » mais l'eau est toujours vendue dans plusieurs épiceries cherbourgeoises. « À raison d'un débit de 4 mètres cubes à l'heure et de 5 mètres cubes pour l'autre (sans compter la troisième source qui n'est pas exploitée), il en a coulé, de l'eau, depuis que le père Giot, avec son mulet et sa citerne roulante, déambulait à travers les rues de Cherbourg ». Un témoin se souvient de ce convoi insolite : « [...] le père agitait une cloche en bronze pour attirer la clientèle, on se servait au broc, c'était cinq centimes le broc ».

L'entreprise passe en 1964 aux mains de Claude Lelong, qui automatise la chaîne, du lavage à l'embouteillage [2]. Une dizaine d’ouvriers y sont employés. Son fils Didier prend la relève en 1983 [2]. De son rachat par les Lelong jusqu'à la vente de la chaîne en 1993, un à deux millions de bouteilles sont écoulées par an, vendues sur l'ensemble du département grâce à des commandes du groupe Promodès (Halley), de l'arsenal de Cherbourg, de la Marine nationale, ainsi que des collectivités et des écoles. Au plus fort de l'activité, l'entreprise emploie 10 ouvriers [4]. Dans les années 1970, la source approvisionne encore les hôpitaux, les lycées et les grands magasins cherbourgeois ; les personnes qui le souhaitent peuvent aussi venir se ravitailler à la source en libre-service, moyennant dix centimes le litre.

Après la vente de la chaîne d'embouteillage, Didier Lelong revient a une production d'eau et de limonade Super Roch' de 200 000 litres et propose un système d'embouteillage libre-service [4]. L'activité comprend également un marché de sirop [6].

Après un siècle d'existence, la société cesse son activité au début des années 2000 [2], Didier Lelong mettant sa propriété en vente en 2001.

Racheté en 2003 par Cathy et Daniel Avenel, professeurs de danse à Cherbourg, le bâtiment est réhabilité pour devenir un gîte et un restaurant-dancing qui ouvre en 2008 [7].

Situation

Elle est située sur le chemin de la Loge.

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Notes et références

  1. Michel Toussaint, « Découverte en 1899, la source des Oiseaux est devenue le petit "Vittel" du Nord-Cotentin », Ouest-France, 25 septembre 1974.
  2. 2,0 2,1 2,2 et 2,3 « Une entreprise locale qui a fait couler de l'eau », Ouest-France, 13 février 2016.
  3. « La source des oiseaux », Ouest-France, 22 janvier 1953.
  4. 4,0 4,1 4,2 4,3 et 4,4 Philippe Duval, La Glacerie 1901-2001 : son premier siècle de vie locale, Ville de La Glacerie, Paris, 2001.
  5. Journal de la Manche et de la Basse-Normandie, 13 décembre 1911.
  6. « La bonne eau coule toujours », Ouest-France, 27 octobre 2001.
  7. « La source des Oiseaux ouvre ce samedi »,  », Ouest-France, 20 décembre 2008 (lire en ligne).