Actions

Rosalie Maho

De Wikimanche

Jeanne Rosalie Maho, née à Granville le 15 octobre 1756 [1], est une personnalité de la Manche.

La batelière amoureuse

Encore une belle histoire d’amour à Granville. Après celle de Françoise Lelandais, voici celle de Rosalie Mahot dont le nom est demeuré dans les annales locales à la suite d’un exploit qu’elle accomplit en septembre 1780. Cette fille de pêcheurs s’est faite batelière et, tous les jours, elle fait avec son canot la navette entre le môle de la digue du port et la terre ferme.

Un jour, malgré le refus de ses passagers, elle se porte au secours d’un jeune homme qui se noie et parvient à le sauver. Il s’agit d’un soldat du régiment de Berwick. Il s’appelle Pierre Célestin Ternisien [2], est menuisier avant son enrôlement et a le même âge que sa bienfaitrice. Les deux jeunes gens tombent follement amoureux l’un de l’autre et décident de se marier. Mais, pour ce faire, il faut que le soldat obtienne un congé que son supérieur lui refuse.

Leur histoire a ému beaucoup de monde et une campagne est vite déclenchée en faveur des deux « amants ». Le commissaire aux classes de Granville intervient auprès du ministre de la Marine.

Dans la capitale, les journaux s’emparent de l’affaire. Le journal de Paris raconte longuement l’anecdote en insistant sur le fait que la fille du matelot a repris le métier de son père pour nourrir sa mère infirme et en plaidant que le jeune soldat lui appartient « par droit de conquête ». L’histoire fait pleurer dans les chaumières et Pierre finit par obtenir de ses officiers la permission de se marier. Mais Rosalie y met une condition : que son fiancé bénéficie d’un « congé absolu », autrement dit qu’il soit rendu à la vie civile. Elle redoute en effet un changement de garnison qui l’éloignerait de sa mère. Elle obtient finalement gain de cause.

Le mariage du menuisier et de la jolie batelière est célébré en grande pompe le 19 décembre 1780 [3]. Les officiers du régiment et la municipalité assistent à la cérémonie. Rosalie est conduite à l’autel par le maire et ramenée chez elle par le colonel du régiment précédé d’une fanfare ! Louis XVI, toujours bon prince, envoie au jeune couple un cadeau de douze cent livres qui fait sa fortune. L’histoire ne dit pas comment se termine ce nouveau conte de fée granvillais, mais on peut supposer que Rosalie et Pierre eurent beaucoup d’enfants et vécurent heureux jusqu’à une date que nous ignorons.

Notes et références

Source

Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 2, Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier, ISBN 2914541147.