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Roland Barthes

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Roland Barthes par Christine Larivière.

Roland Gérard Barthes, né à Cherbourg le 12 novembre 1915 [1] et mort à Paris le 26 mars 1980 [2], est un écrivain et sémiologue de la Manche, professeur au Collège de France.

Signature de Roland Barthes.

Cherbourg, par hasard

Roland Barthes naît à Cherbourg, au n° 107 de la rue de la Bucaille [3]. Son père, Louis Barthes, 32 ans, capitaine au long cours, est mobilisé à Cherbourg comme enseigne de vaisseau. Sa mère est Henriette Binger, 22 ans [3].

La famille Barthes ne vit que peu de temps à Cherbourg après la naissance de son enfant. Elle quitte, en effet, le port normand dès janvier 1916 pour le Pas-de-Calais [3]. Il est donc bien difficile de considérer Roland Barthes comme un Manchois pur sucre [4]. Ne dit-il pas, d'ailleurs : « Mon pays est le Sud-Ouest, c'est le pays de ma famille paternelle, le pays de mon enfance et de mes vacances d'adolescent ». Effectivement, Roland Barthes n'a jamais manifesté le moindre intérêt pour sa ville natale, « simple halte de garnison pour mon père » [5]. Il évoquera plus tard « cette ville que je ne connais pas puisque je n'y ai pas, à la lettre, mis les pieds, n'ayant que deux mois d'existence quand je l'ai quittée. » Christian Gury va jusqu'à assurer qu'elle fut même, pour l'écrivain, un « repoussoir », étant associée aux idées de guerre et de mort de son père [6]. De guerre, pourquoi pas - on est, en effet, en pleine Première Guerre mondiale- mais le père de Roland Barthes n'est pas mort à Cherbourg : il meurt dix mois après son départ de cette ville, le 26 octobre 1916, à bord du patrouilleur Montaigne, qu'il commande, au large du cap Gris-Nez, dans un combat engagé contre cinq destroyers allemands [3].

Biographie

Écriture de Roland Barthes.

Pupille de la nation, Roland Barthes vit d'abord à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), puis à Paris, dans le VIe arrondissement, rue Servandoni, avec sa mère, qu'il ne quittera pratiquement jamais.

Il fait des études classiques et s'adonne au théâtre à partir de 1936 au sein de la troupe de théâtre antique de la Sorbonne [7].

Il publie ses premiers textes pour le quotidien Combat, en 1947.

Dans les années d'après-guerre, il s'inspire de Karl Marx [7]. « Tendance Brecht plutôt que Staline », note L'Express [8]. Il est proche de Jean-Paul Sartre [7] et ferraille avec Albert Camus et Jean Paulhan [8].

Ses travaux portent sur la linguistique, la psychanalyse et l'anthropologie. Il publie en 1953 Le Degré zéro de l'écriture, une analyse sur le langage littéraire [7].

Celui qui devient la référence obligée de l’intelligentsia parisienne est journaliste, sociologue, professeur à l’École des hautes études et titulaire de la chaire de sémiologie au Collège de France de 1976 jusqu’à la fin de sa vie en 1980 [4]. « Ses cours sont de véritables happenings, suivis par une foule d'étudiants dévots » [8].

On a dit de lui qu’il avait été « le captateur des principales innovations intellectuelles » de son époque. Il s’est fait l’apologiste d’une esthétique de l’écriture qu’il expose dans son ouvrage le plus connu, Le Degré zéro de l’écriture. Il finit par déconcerter ses plus fervents disciples quand il déclare que la langue elle-même est « fasciste » [4]. Curieusement, lui si attentif à l'évolution de la société, il passe à côté d'importants événements historiques : il ne signe pas le « Manifeste des 121 » contre la torture en Algérie, il est absent des événements de mai 1968 et il ne participe pas à la promotion de la cause homosexuelle [8].

Il meurt à 64 ans, renversé par une camionnette de blanchisserie au sortir d'un déjeuner avec François Mitterrand [8].

Il est enterré à Urt, au Pays basque, auprès de sa mère [9].

Bibliographie

De Roland Barthes

  • Le Degré zéro de l'écriture, suivi de Nouveaux essais critiques, Éditions du Seuil, Paris, 1953
  • Mythologies, Éditions du Seuil, Paris, 1957
  • Essais critiques, Éditions du Seuil, Paris, 1964
  • Éléments de sémiologie, Denoël/Gonthier, Paris, 1965
  • Critique et vérité, Éditions du Seuil, Paris, 1966
  • Système de la mode, Éditions du Seuil, Paris, 1967
  • S/Z, Éditions du Seuil, Paris, 1970
  • L'Empire des signes, Skira, Paris, 1970
  • Nouveaux essais critiques, Éditions du Seuil, Paris, 1972
  • Le Plaisir du texte, Éditions du Seuil, Paris, 1973
  • Roland Barthes par Roland Barthes, Éditions du Seuil, Paris, 1975
  • Alors la Chine ?, Christian Bourgois, Paris, 1975
  • Fragments d'un discours amoureux, Éditions du Seuil, Paris, 1977
  • La Chambre claire (Note sur la photographie), Gallimard/Le Seuil/Cahiers du cinéma, Paris, 1980
  • Sur la littérature, éd. Presses Universitaires de Grenoble, 1980
  • L'Aventure sémiologique, Éditions du Seuil, Paris, 1985
  • Incidents, Éditions du Seuil, Paris, 1987
  • Journal de deuil, Éditions du Seuil/Imec, 2008

Sur Roland Barthes

Biographies
  • Tiphaine Samoyault, Roland Barthes, Seuil, 2015
Articles
  • « Roland Barthes était né à Cherbourg voici 65 ans », Ouest-France, éd. Cherbourg, 28 mars 1980
Romans
  • Laurent Binet, Qui a tué Roland Barthes ? La septième fonction du langage, Grasset, 2015

Hommages

À Cherbourg-en-Cotentin, une résidence à son nom, passage Loysel, perpétue sa mémoire.

Depuis 2015, son buste sculpté par Christine Larivière trône devant le centre culturel de Cherbourg, rue Vastel.

En novembre 2015, un timbre-poste tiré à 500 000 exemplaires, lui rend hommage.

Le prix Roland-Barthes distingue chaque année les travaux de jeunes universitaires autour de la photographie. Il est attribué par le centre d'art contemporain Le Point du Jour, basé à Cherbourg, en liaison avec l'Institut mémoires de l’édition contemporaine (IMEC), de Caen.

En 2015, à Cherbourg-Octeville, Le Point du Jour marque le centenaire de sa naissance par un colloque sur le rapport de l'écrivain avec la photographie intitulé « Roland Barthes : pensées des images » (20-22 novembre) [10]. Ce centenaire est également marqué le 16 novembre par l'émission d'un timbre-poste de 1,15 € et d'un mini-bloc philatélique, qui donne lieu à une manifestation « Premier jour » le 12 novembre à Cherbourg.

Notes et références

  1. « Fichier des personnes décédées », data.gouv.fr, Insee, année 1980.
  2. « Acte de décès n° 872 - État-civil du 13e arrondissement - Fichier des personnes décédées », data.gouv.fr, Insee, année 1980.
  3. 3,0 3,1 3,2 et 3,3 Marine Gil, Roland Barthes, au lieu de la vie, éd. Flammarion, 2012.
  4. 4,0 4,1 et 4,2 René Gautier (dir.), Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 1, éd. Eurocibles, Marigny, 2001.
  5. Roland Barthes, Le Lexique de l'auteur, Séminaire de l'École pratique des hautes études, éd. du Seuil, 2010.
  6. Christian Gury, Les Premiers jours de Roland Barthes, éd. Non lieu, 2012.
  7. 7,0 7,1 7,2 et 7,3 Yves Lecouturier, Célèbres de Normandie, éd. Orep, 2007.
  8. 8,0 8,1 8,2 8,3 et 8,4 Jérôme Dupuis, « Barthologies », L'Express, n° 3315, 14 janvier 2015.
  9. Dominique Noguez, « Roland Barthes de S à Z », Libération, 28 novembre 2002.
  10. Cécile Guénolé, « L'année Barthes au Point du Jour », livre/échange, n° 65, mars 2015.

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