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Moulin du Bourg-l'Abbesse

De Wikimanche

Le moulin du Bourg-l'Abbese est un ancien moulin de la Manche, situé à Villedieu-les-Poêles.

Deux moulins ont apparemment existé à Villedieu-les-Poêles. Le plus ancien aurait été celui du Bourg-l’Abbesse, l'autre est le moulin du Pré.

Les revenus du moulin du Bourg-l'Abbese incombaient aux Dames de l’abbaye Saint-Désir de Lisieux (Calvados) (d’où le nom de Bourg-l’Abbesse). Elles en avaient été dotées par le duc de Normandie quelques années avant la fondation de Villedieu par les chevaliers de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem. Les droits sur le moulin, ainsi que les droits sur le marché de Saultchevreuil, assuraient quelques revenus à ces dames religieuses.

La création du moulin banal dit « moulin du pré des trois rois », proche du manoir seigneurial et de l’église, date donc des années 1130, tout comme la création du marché le mardi de chaque semaine. Tous revenus qui allaient contribuer au développement de la nouvelle cité. Mais l’irruption des chevaliers de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem près de Saultchevreuil sera très mal vécue par les dames religieuses de Saint-Désir, qui devront partager les revenus de leur marché de Saultchevreuil, avant qu’il ne disparaisse purement et simplement, peut-être en raison de la concurrence de celui de Villedieu, qui prend un essor important.

Le moulin du Bourg-l'abbesse est alimenté par le bief du moulin du Bourg l'Abbesse, pris sur la Sienne.

Il est devenu par la suite la minoterie de Villedieu, qui a cessé ses activités.

Situation

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Sources et annexes

Rapport sans date, peut-être vers 1837 - AD50 152 ED art.12. Page 140

Mémoire à consulter.

« Il existe depuis des temps immémoriaux un moulin à blé, composé de plusieurs tournants situé à Saultchevreuil au lieu-dit le Bourg-l’Abbesse : ce moulin fut fieffé en 1779 par l’abbaye de Saint-Désir de Lisieux à M. Guillaume Goupil. Au derrière de cette usine, il existe un chemin dit le chemin du Havre, communiquant du Bourg-l’Abbesse à l’hôpital et au quartier du haut de la ville de Villedieu.
Vers l’année (vers l’an 4 *1795+) le Sieur Goupil, pour donner plus d’écoulement aux eaux défluentes dessous du coursier de son moulin, fit l’acquisition d’une portion de terrains qui se trouvait au dessous de son usine, et longeant le bief de décharge. Il déblaya ce terrain pour élargir le bief et lui donner plus d’ouverture et une direction plus droite sous ses moulins et même changea le lit en partie. Lorsqu’il fit ses travaux, il donna une autre direction au [illisible] dit du Havre, c’est-à-dire que ce chemin qui traversait presque perpendiculairement le canal du bief fut établi plus obliquement et forma alors un angle plus obtus avec le canal, de sorte que par sa nouvelle direction il se trouva dans la partie vers le Levant reporté d’environ trois mètres plus vers le Nord. Cet état de choses subsista jusqu’en 1809 : on fait observer cependant que vers l’an 4, la commune de Villedieu nomma des commissaires pour prendre des arrangements avec le Sieur Goupil relativement aux travaux qu’il avait fait et au changement du chemin, mais rien ne constate quel a été le résultat du travail des commissaires. En 1809, la commune de Saultchevreuil ayant enlevé du galet dans le lit de la rivière et sur le terrain la bordant, les héritiers du Sieur Goupil se plaignirent des entreprises de la commune de Saultchevreuil. Une action administrative s’engagea sur plusieurs chefs et spécialement sur le changement que le Sieur Goupil avait fait subir à la direction du chemin. Sur cette instance intervint l’arrêté ci-joint. Cet arrêté fut adressé aux héritiers du Sieur Goupil et il ne fut fait aucune réclamation contre cette décision. Depuis deux à trois ans le Sieur Brouard ayant acquis lesdits moulins, a établi une mécanique pour faire tourner les meules, il a donné plus d’étendue à un coursier et afin de lui donner de la force et dégager les eaux au-dessous il a creusé considérablement le canal de décharge ce qui a rendu impraticable le chemin dit du Havre. Ces travaux ont été exécutés au mois de septembre 1834 depuis ce temps on n’a plus passé par ce chemin qui se trouve intercepté. A cette époque l’interception de ce chemin n’a pas été aussi préjudiciable qu’elle est actuellement, parce qu’on passait par un chemin qui existe [illisible] immémorial au devant dudit moulin et [illisible] sur trois ponts l’un sur le bief du moulin, l’autre sur le déversoir de décharge et le troisième sur l’ancien lit de la rivière où coulent les eaux du grand déversoir.
Le public avait toujours librement et sans réclamation passé sur un pont et sur un terrain dit l’islot et appartenant aux héritiers Goupil et dépendant des moulins, ainsi qu’il résulte de l’acte de vente de 1779.
Il y a quelques mois le Sieur Brouard non content d’avoir rendu impraticable le chemin du Havre derrière son usine a supprimé le pont en ou planches qui existait. Sur l’arrière lit de la rivière, dont un bout était posé sur le terrain dit l’islôt et l’autre sur le bord du chemin allant à l’hôpital. La commune de Villedieu n’ayant aucun titre à cette époque ne put faire aucune réclamation contretoutes ces entreprises. Elle fit des recherches et trouva à la sous préfecture l’arrêté du 15 janvier 1810.
D’après cet arrêté qui prouve l’existence du chemin du Havre la reconnaissance par les héritiers du Sieur Goupil de l’avoir changé de direction où il paraît incontestable que les entreprises du Sieur Brouard sont répréhensibles et que la commune de Villedieu est fondée à les faire réparer.
Cet arrêté ne fait nulle mention du passage parsur les ponts et sur l’islot. Par cet arrêté il est porté que l’acte de fieffe du 19 avril 1779 prescrit au preneur de « souffrir toutes servitudes passives, publiques et particulières, qui seraient prétendues sur ledit moulin et dépendances. »
Le droit de passage ou plutôt la servitude de passage par devant les moulins n’est-elle point une servitude publique, continue et apparente : le public y a toujours passé sans opposition et les [illisible]. Le pont en bois dont un bout est placé sur le territoire de la commune n’établit-il point un ouvrage ou objet continu et perpétuel placé pour l’exercice de la servitude, la concession par la commune pour le placement du pont et l’exercice continu libre, et public, de cette servitude ne constitue-t-il point un titre ou une reconnaissance de cette servitude pour la commune de Villedieu résultant de la concession du terrain et par réciprocité ?
Tels sont les faits à l’appui desquels on adresse l’arrêté du 15 janvier 1819 [illisible] »