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Marin-Marie

De Wikimanche

Marin-Marie.
Maison de Marin-Marie à Chausey.
Détail de la maison de Marin-Marie à Chausey.

Marin-Marie, (Marin Marie Paul Emmanuel Durand-Couppel de Saint Front pour l'état civil) [1], né à Fougerolles-du-Plessis (Mayenne) le 11 décembre 1901 [2] et mort à Saint-Hilaire-du-Harcouët le 11 juin 1987 [3], est un peintre, écrivain et navigateur lié au département de la Manche.

Biographie

Tous les visiteurs des îles Chausey ont vu la maison de Marin-Marie, la maison du peintre. Celle, aussi, du grand navigateur que fut le Mayennais Paul Emmanuel Durand-Couppel de Saint-Front que les amateurs de superbes aquarelles marines connaissent mieux sous les deux premiers prénoms Marin Marie qui ont formé son pseudonyme d’artiste [4].

Origines et jeunesse

Son père, Jules Durand (1862-1941), passionné de navigation depuis ses études de droit, devenu propriétaire terrien et éleveur à Fougerolles-du-Plessis (Mayenne), participe au lancement du yachting en France et adhère parmi les premiers au Yatch-Club de Saint-Malo. Proche du constructeur du Pourquoi Pas ? du Jean-Baptiste Charcot, il achète vers 1890 un bateau et navigue autour de Chausey où il rencontre Marie Lefas (1876-1910) qu'il épouse en 1897. Celle-ci, fille de notables d'Ille-et-Vilaine, est aquarelliste et dessinatrice amatrice, élève du peintre Harpignies [5].

Troisième des quatre fils du couple [5], Marin-Marie arrive en 1908 à l'âge de 7 ans à Chausey où son père a loué une petite maison, la « maison du captain » ou « les Korrigans ». L'enfant s'initie très tôt à la navigation entre les îles de l'archipel. Dès lors, la mer devient sa raison d'être [4]. Le père fonde et préside la Société civile immobilière propriétaire d'une grande partie de l'archipel [5].

Marin est envoyé avec les deux aînés dans une école catholique de Bath (Grande-Bretagne), mais, au décès de sa mère, en septembre 1910, il est scolarisé au collège Saint-Charles de Saint-Brieuc. Il s'y initie jusqu'en 1918, au dessin, auprès d’Émile Daubé, également professeur d'Éric Tabarly et de l'amiral Thierry d'Argenlieu [5]. Il fait des études de droit à Rennes pour devenir avocat, et suit en même temps les cours des beaux-arts de Rennes, puis auprès de Paul-Albert Laurens à Paris [5].

Il ne plaidera pas longtemps car, dès 1925, année de sa première exposition à la galerie Devambez [5], il s'embarque sur le « Pourquoi Pas ? » du docteur Charcot. Il y est soutier dans le cadre de son service militaire [6]. Il accompagne Charcot deux années au Groenland et assure le gardiennage du bateau pendant l'hiver 1925-1926[6]. Il rapporte des quantités de croquis et de dessins de ces missions [4].

En 1933, il achète un cruiser en construction, le Winibelle II, à bord duquel il effectue une première traversée de l'Atlantique en solitaire et bat le record de son ami Alain Gerbault. Il récidive trois ans plus tard sur une vedette à moteur.

Peintre de la Marine

Le Pourquoi pas? (salon d'honneur de la mairie de Saint-Hilaire-du-Hacouët)

Il est peintre officiel de la marine à partir de décembre 1935 [7].

En 1937, on lui commande le tableau d'un sous-marin dans la tempête pour le carré des officiers de la base sous-marine de Cherbourg.

À la veille de la déclaration de guerre, en juin 1939, il se rend célèbre par un coup d'éclat symbolique : il prend d'assaut les Minquiers à la tête d'une flottille de bateaux de pêche [4], s'attirant les foudres du préfet maritime de Cherbourg.

Mobilisé en 1939, il est officier du chiffre à bord du Strasbourg, du 26 août 1939 au 7 septembre 1940. À ce titre, il participe aux combats de Mers el-Kébir (Algérie française). Durant la guerre, plusieurs commandes lui sont passées par le secrétariat d'État à la Marine, sur les combats de Mers el-Kébir et de Dakar, pour les premiers salons de la Marine organisés à Vichy, en 1941 [7]. Le musée de la Marine le sollicite également pour des représentations des expéditions de Charcot et sur la navigation en solitaire.

Le 11 avril 1942, à Vichy, il reçoit la Francisque [8].

En 1947, il embarque sur le croiseur Montcalm vers la base américaine de Norfolk, les Antilles et Casablanca. En 1959, il embarque sur le croiseur Colbert vers le Cap Nord.

En 1962, il se lance dans un tour du monde en équipage financé par la Radiodiffusion-télévision française (RTF), sur les traces de Dumont d'Urville, Bougainville et La Pérouse.

Sa maison à Chausey.

Il épouse Germaine Fauchon de Villeplée, avec laquelle il partage les mêmes arrières grands-parents, Pierre Michel François Truelle-Chauvinière et Elmire Rose Frémont de La Châtaignière. En effet, l'une des filles de ce couple, Azeline, épouse le maire de Domfront (Orne) Anthyme Durand (1820-1872), tandis que qu'Alexandrine épouse Victor Fauchon [8].

Marin-Marie a beaucoup fréquenté la Manche, notamment Granville, les îles Chausey et Saint-Hilaire-du-Harcouët, d'où est originaire sa femme [4], où il a élu domicile, et où il est mort. Il est inhumé à Vezins, commune associée à Isigny-le-Buat [9].

Postérité

Marin-Marie laisse une œuvre picturale surabondante et remarquable. Ses aquarelles délicates témoignent toutes de son amour de la mer et sont très recherchées par les amateurs d'art et de paysages marins.

En 2010, ses héritiers confient ses archives personnelles aux Archives départementales de la Manche [10]. Journaux intimes, correspondances, photographies, croquis..., soit environ 1 500 documents, s'y trouvent désormais réunis, représentant 19 mètres linéaires [10]. En 2015, une exposition intitulée « Une histoire de marin, archives et souvenirs de Marin Marie » est présentée dans ce lieu du 6 juillet au 30 octobre, qui en donne un large aperçu [10].

En mai 2021, son tableau Trois mâts sous voile (aquarelle et gouache sur papier) est adjugée à 38 500  lors d'une vente à la salle des ventes de Bayeux (Calvados)[11].

Œuvres littéraires

  • Vent dessus, vent dedans, 1945 (en anglais), Gallimard, 1989
  • Livre d'or du yachting, Grands coureurs et plaisanciers, Les Trois islets, 2003 (fac-similé)
  • Grands coureurs et plaisanciers, 1957, 2003

Bibliographie

  • Roman Petroff, Marin Marie, un siècle d'aventures maritimes (biographie), L'Ancre de Marine, 2008, réédité en 2014.
  • Archives départementales de la Manche, Une histoire de Marin - archives et souvenirs de Marin-Marie, éd. Orep, 2016.
  • Yves Léonard, Marin-Marie, documentaire VOD, éd. Harmattan, 2008.
  • Roman Petroff, « Marin Marie et ses attaches normandes », Revue de l'Avranchin et du Pays de Granville, t.100, fasc. 477, déc. 2023, p. 431-446.

Hommages

Notes et références

  1. Né Marin Marie Paul Emmanuel Durand, autorisé par jugement rectificatif du tribunal d'Argentan du 27 juin 1928 à porter le nom de Durand-Couppel, puis par un arrêt du Conseil d'État et un jugement rectificatif du tribunal de Domfront du 29 mars 1935 à porter le nom de Durand-Couppel de Saint-Front.
  2. « Fichier des personnes décédées », data.gouv.fr, Insee, année 1987.
  3. « Acte de décès n° 68 - État-civil de Saint-Hilaire-du-Harcouët - Fichier des personnes décédées », data.gouv.fr, Insee, année 1987.
  4. 4,0 4,1 4,2 4,3 et 4,4 Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier, Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 1, éd. Eurocibles, Marigny, 2001.
  5. 5,0 5,1 5,2 5,3 5,4 et 5,5 Une histoire de Marin, archives et souvenirs de Marin-Marie, Archives départementales de la Manche, 2015.
  6. 6,0 et 6,1 Archives départementales de la Manche, Invitation presse- Inauguration exposition Horizons polaires. Des Manchots sur le Pourquoi-Pas ?[1], consulté le 2 juillet 2017.
  7. 7,0 et 7,1 « Marin-Marie à Mers el-Kébir, 1940 », Dicdac'doc, n° 60, juin 2015 (lire en ligne).
  8. 8,0 et 8,1 Roman Petroff, Marin Marie, 1901-1987 : un siècle d'aventures maritimes, Ancre de Marine éditions, 2008, réédité en 2014.
  9. « Vezins », 601 communes et lieux de vie de la Manche, éd. Eurocibles, 2014, p. 675.
  10. 10,0 10,1 et 10,2 Sarah Caillaud, « Cap sur la vie de Marin Marie aux Archives », Dimanche Ouest-France, 5 juillet 2015.
  11. Ouest-France, 10 mai 2021.

Articles connexes