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Marie-Louis Caillebot de la Salle

De Wikimanche

Marie-Louis IV Caillebot de la Salle, né à Villemeux-sur-Eure (Eure-et-Loir) le 11 février 1716 et mort à Constance (Allemagne) le 3 février 1796 (14 pluviôse an IV), est une personnalité politique et intellectuelle de la Manche.

Il est le fils de Louis III Caillebot, marquis de la Salle et de Jeanne Hélène Gillain de Bénouville .  

L'homme qui voulait être maréchal

Marie-Louis Caillebot de la Salle a une longue carrière militaire : mousquetaire du roi en 1732, maître de camp des gendarmes de la Garde en 1734, brigadier de cavalerie en 1743, maréchal de camp en 1745, lieutenant général en 1748, gouverneur de la Haute et de la Basse-Marche en 1752. Il est de toutes les campagnes de 1734 à 1757.

Nommé commandant en second en Alsace en 1783, il doit quitter se poste en 1788. Il est alors pensionné et devient gouverneur de la Marche.

Père d’une grande famille et devant tenir son rang, il est très soucieux de ses revenus. Il sollicite ainsi, à plusieurs reprises, et obtient des augmentations de pension. Son départ d’Alsace lui est imposé. Ses revenus passent ainsi de 69 673 à 24 735 livres. Dans son dernier courrier au comte de Brienne en 1788, il fait part de son amertume et demande à ce que le roi puisse le « dédommager de la perte du commandement de l’Alsace » et à « être élevé à la dignité de maréchal de France », au nom de ses « 58 ans de service dans les différents grades » et de ce qu’il est « un des plus anciens lieutenants-généraux ». Cependant Marie-Louis Caillebot de la Salle n’obtient pas son bâton de maréchal.

L’homme de théâtre

Marie-Louis IV Caillebot de la Salle est reconnu comme un homme d’esprit. Distraction très prisée par la noblesse de l’époque, il écrit des comédies, après avoir lui-même chanté la basse-taille, dans sa jeunesse, aux théâtres de cour de Madame de Pompadour.

Il en fait jouer quelques unes à Paris avec un certain succès : L’Officieux, comédie en trois actes en 1780, Chacun en sa folie, en deux actes et en vers en 1781, L’Oncle et les deux tantes en 1785.

De même, il fera déplacer le Tout-Coutances pour ses réceptions au Château de la Salle, où il fera aussi montre d’un beau filet de voix, accompagné au clavecin par sa femme, ainsi qu’en fait état Jean-Baptiste Dubois, habitué du château.

L’homme de la Manche

Encore mineur, il a obtient du roi en 1733 le transfert du Marquisat de la Salle sur sa seigneurie de Montpinchon. En 1775, il y réunit la seigneurie de La Haye-du-Puits, qu'il vient d'acheter, en un ensemble qui prend le nom de marquisat de Caillebot de la Salle.

Il vient relativement fréquemment à Montpinchon même si, ou parce que, il est « très mécontent du peu de produit net » qu’il « retire de » ses « terres de Basse-Normandie ».

Très près de ses vassaux, il écrit régulièrement au curé de Montpinchon pour lui demander de lire en chaire des recettes de médicaments destinés à soigner certaines maladies (y compris les maladies des céréales). Il n’hésite pas à faire adresser à son régisseur « une bouteille d’eau de M. Cagliostro ».

Il n’admet pas que des prévenus soient toujours en prison sans avoir été jugés et sermonne son prévôt de La Haye-du-Puits pour sa lenteur. Il évoque en ce domaine des principes progressistes en écrivant à son régisseur en avril 1789: « la lenteur que je vois dans ma justice me persuade plus que jamais du bien général qui résulterait de la suppression de toutes les justices seigneuriales ».

Il préside le 20 mars 1789 dans l’église des Capucins de Coutances, en sa qualité de vice-doyen d’âge, la première réunion des représentants de la noblesse pour désigner ses quatre députés (Luc Achard de Bonvouloir, du Dézert, Pierre-François de Beaudrap, de Sotteville, Jacques Arthur de la Villarmois et Léon-Marguerite Leclerc, de Sainte-Mère-Église) et rédiger les cahiers de doléances de son ordre qui, selon Sarot, ne brilla pas par son progressisme !

Il émigre et meurt à Constance (Allemagne).

Pour la petite histoire le portrait original de Marie-Louis IV Caillebot de la Salle, peint en 1760, trône désormais dans la mairie de Montpinchon grâce à la plume d’Edmond Lemonchois et à l’intelligence de sa propriétaire, Paulette Herbert, qui en a fait don plutôt que le « retrouver dans une brocante » !

Sources

  • Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, sous la direction de René Gautier, t. 4, ISBN 2914541562.
  • M. de Courcelles, Dictionnaire universel de la noblesse de France, t. 1, 1820.
  • Edmond Lemonchois, Le Marquisat de la Salle, 1982.