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Louis-Philippe dans la Manche (1833)

De Wikimanche

Louis-Philippe de Bourbon

Louis-Philippe, roi de France depuis 1830, effectue une visite dans le département de la Manche du 30 août au 5 septembre 1833.

Il se fait présenter le projet du bassin à flot du port de Granville et les travaux d'agrandissement du port militaire de Cherbourg ; il en profite pour venir voir l'obélisque de Louxor en escale à Cherbourg. Les députés Dudouyt, Baillod, Énouf, d'Harcourt, Rihouet et Bricqueville sont présents.

30 août

En provenance de Falaise et Vire (Calvados) [1], Louis-Philippe entre dans la Manche le 30 août à 15 h 30. Il est accompagné de ses fils Louis, duc de Nemours, et François, prince de Joinville, du ministre de la marine, du maréchal Gérard ministre de la Guerre et de plusieurs officiers généraux [2]. À la limite du département, marquée par deux obélisques de verdure, ornées de drapeaux, 16 bataillons de gardes nationaux de l'arrondissement de Mortain et d'autres du canton de Saint-Sever (Calvados) et une foule nombreuse sont massés de chaque côté la route royale [2]. Le préfet de la Manche Paulin Nicolas Gattier, et le sous-préfet de Mortain lui présentent leurs hommages [2]. Puis, devant une haie d'honneur de gardes nationaux, le roi se rend à cheval sur le champ de Mars de Villedieu-les-Poêles où sont exposés les produits industriels de la ville. La foule enthousiaste est estimée à 20 000 personnes [2].

Hippolyte Abraham-Dubois, le maire de Granville, son conseil et les autorités, ainsi que 14 bataillons de gardes nationaux accueillent le roi qui n'arrive aux portes de la ville qu'en soirée, sous la pluie et à la lueur des flambeaux mais sous les acclamations d'une foule immense [2]. Après un dîner avec divers fonctionnaires, le roi se retire dans ses appartements vers 22 heures ; l'élite de la population doit renoncer à voir la roi au bal prévu dans la Halle au blé à cause de la tempête qui sévit cette nuit-là [2].

31 août

Dans la matinée du 31 août, le roi visite le port de Granville : il suit la nouvelle rampe du Roc jusqu'à l'extrémité de la jetée et examine avec l'ingénieur des Ponts et chaussées et l'officier de port « l'endroit le plus convenable pour établir le bassin à flot » [3]. Le roi décore M. Borgognon, l'ingénieur qui a dirigé les travaux du môle[3]. Il parcourt ensuite les quais jusqu'à la rue des Juifs où la garde nationale est rangée. Avant de reprendre la route pour Coutances, le roi s'est arrêté au point le plus élevé pour contempler toute la côte [3].

Le sous-préfet de l'arrondissement de Coutances reçoit le roi qui arrive à 14h30 à l'arc de triomphe élevé à l'entrée de la ville où l'accueille le maire Jacques Lepesant et son conseil [3]. Le roi entre à cheval dans Coutances, descend à l'évêché où l'attendent l'évêque Pierre Dupont de Poursat et son clergé [3]. Après les réceptions, le roi et ses accompagnateurs remontent à cheval pour passer en revue la garde nationale réunie sur les boulevards. Le ministre de la Marine quitte le cortège pour se rendre directement à Cherbourg [3].

Le cortège quitte Coutances à 16 h pour arriver à Saint-Lô à 18 h 30 [3].

Une population nombreuse rassemblée à l'entrée de la ville près du pont de Vire surmonté d'un arc de triomphe attend son arrivée ; le maire et son conseil accueillent Louis-Philippe. Une nouvelle fois, c'est à cheval que le roi entre dans la ville où les spectateurs sont installés nombreux aux fenêtres des maisons décorées en son honneur [3]. Le roi passe en revue les gardes nationaux, enthousiastes, rassemblés sur le Champ de Mars, puis il descend à l'hôtel de la préfecture où il reçoit les autorités [3]. Après le dîner, le roi, acclamé, honore de sa présence le bal que la ville lui offre [3].

1er septembre

Le roi Louis-Philippe part de Saint-Lô à 6h30 devant la garde nationale et de nombreux spectateurs dans les rues qu'il emprunte [4].

Il est reçu à Carentan sous un arc de triomphe, par le conseil municipal et le député Paul Énouf. Il passe en revue les 3 000 hommes de la garde nationale rangés au bord de la route [4].

Il traverse à pied Sainte-Mère-Église et Montebourg où les habitants s'empressent [4].

Attendu par le sous-préfet de Valognes, Louis Clamorgan, et le conseil municipal d'Adrien Pelée de Varennes, il arrive à 13h à l'entrée de Valognes qu'il traverse à cheval [4].. Le clergé se présente à lui sur le parvis de l'église Saint-Malo [4].

Louis-Auguste Bonnissent, sous-préfet de Cherbourg, l'accueille à la limite de son arrondissement, avec 400 à 500 maires, conseillers, fermiers, improvisés en cavalerie que le roi, à cheval, passe en revue [5] sous leurs acclamations. Louis-Philippe reprend sa route en voiture, escorté par ces cavaliers, rejoints par la garde nationale de Cherbourg. À l'entrée de Cherbourg, le ministre de la Marine attend le roi qui continue à cheval, accompagné de nombreuses personnalités, dont lord Durham, commandant des yachts anglais, jusqu'au bas de la Montagne du Roule où se trouvent en particulier le contre-amiral Lemarant, préfet maritime et M. Gattier, préfet de la Manche. Le maire offre les clefs de la ville au roi [5].

À 15h, un coup de canon, parti du fort du Roule, auquel répondent les autres forts, annonce l'arrivée du roi, il est suivi des salves d'artillerie de la flotte mouillée en rade[5]. Le roi et son cortège passent devant le port marchand où les quais et les navires sont couverts de monde [5]. Le roi descend à la préfecture maritime où il reçoit les autorités civiles et militaires. Suit un dîner de 130 couverts [5].

La reine, Marie-Amélie de Bourbon-Sicile, partie le matin de Falaise (Calvados), arrive à minuit avec quatre de ses enfants, des dames d'honneur, des chevaliers d'honneur et les précepteurs des princes [5].

2 septembre

Le Louxor.

La reine reçoit les autorités civiles et militaires le matin.

L'après-midi, le roi passe en revue, à cheval, les gardes nationales de l'arrondissement et des troupes de terre et mer basées à Cherbourg : près de 6 000 hommes occupent la plus grande partie du quai Ouest, l'avenue du Cauchin et la route de Paris jusqu'à l'avenue des Sorbiers ; la reine suit en calèche [5].

Le roi suivi de sa famille entre dans le port militaire ; il visite les bateaux en construction, puis, à bord du Sphinx, se rend à la digue pour examiner les travaux en cours [5].

De retour au port, la famille royale, se rend à bord du Louxor où elle peut observer les dessins des machines qui ont permis l'enlèvement de l'obélisque et la copie des hiéroglyphes gravés sur ses faces [5].

Après le diner, réception des dames et demoiselles : Marie Noël-Agnès, fille du maire, remet à la reine « une écharpe en blonde sortie des ateliers de la manufacture de Cherbourg » [5].

3 septembre

Louis-Philippe et sa famille dans la rade de Cherbourg.

À 11 h, la famille royale embarque sur le Sphinx, bateau à vapeur paré pour emmener une centaine de passagers, pour visiter l'escadre qui doit appareiller.

À midi et quart, au milieu de l'escadre, le roi monte à bord de L'Atalante, frégate amirale[5] ; la reine et les princesses le suivent bien que la mer soit très agitée [6]. Les honneurs d'usage sont rendus à la famille royale, suivis de démonstrations de tir de canon et exercices de voiles. Le mauvais temps contraint la famille royale à écourter la visite et rentrer au port. Le roi visite ensuite le fort du Homet [5].

Le soir, la famille royale participe à un bal offert par la ville dans les salons des Bains Louis-Philippe [5].

4 septembre

Le roi devait s'embarquer pour visiter les forts extérieurs et voir au large l'escadre simulant un combat naval, mais les vents de sud-ouest ayant passé au nord, grand frais, en soufflant avec violence, conduisent le ministre de la marine à dire qu'il n'est pas possible de rejoindre la rade par embarcation et qu'il faut abandonner ce projet. « Le temps était si fort et la mer si grosse, que les yachts ont été obligés de se réfugier dans le port, et les vaisseaux de la rade de dépasser leurs mâts » [7]. Sa Majesté travaille donc avec ses ministres jusqu'à 14h, pendant que la reine, avec sa famille visite la corderie et d'autres établissements [5].

Ils reçoivent ensuite les membres de la Société royale académique ; son directeur remet au roi un exemplaire sur vélin des Mémoires de la Société [5].

Juste après cette réception, Louis-Philippe se rend à cheval au fort de Querqueville, puis sur les hauteurs, au fort des Couplets [5]. À son retour, il visite l'Arsenal et le bassin de commerce [5]. Il trouve le temps, à l'hôpital militaire de la marine de « donner une gratification à un marin qui s'est illustré dans le naufrage de la Résolue » et une médaille d'or au maire de Fermanville, « qui au moment de ce naufrage accourut avec une embarcation pour porter secours au bâtiment en perdition ». Puis il visite, accueilli par le préfet maritime, le quartier des équipages de ligne, observe un modèle de vaisseau de 90 canons, est salué par quatre cents hommes puis « fait dresser en sa présence des hamacs dans lesquels on a fait coucher quelques soldats afin que MM. les ministres pussent voir de leurs propres yeux les avantages et les inconvénients de ce genre de coucher » [8]. Il termine sa visite en passant en revue les maquettes des établissements maritimes, notamment le plan-relief de Cherbourg, fait à cheval le tour du grand bassin et rentre à 19h à l'hôtel de la préfecture maritime. Il se met à table à 19h30.

Après le dîner, le roi, fatigué, reste avec sa famille dans ses appartements [5].

5 septembre

Dans la matinée, le roi se rend à cheval par les rues du Chantier et Corne-de-Cerf jusqu'à l'arc de triomphe où le maire lui adresse un dernier compliment et l'interpelle sur le défaut de tribunal, d'hospice et d'église, que la Ville ne peut financer, ainsi que sur « un vaste magasin à poudre [qui] menace la vie de 25.000 personnes, l'existence de la ville entière ». Après lui avoir répondu, le roi se fait présenter les officiers de la garde nationale de Cherbourg par le colonel Bricqueville et les félicite. Bricqueville lui adresse ces mots : « Sire, ce zèle et ce patriotisme que vous avez remarqués dans la garde nationale de France en 92, vous les retrouvez, en 1833, dans la garde nationale de Cherbourg ». Après une allocution aux officiers de la marine royale, Sa Majesté laisse des dons aux pauvres du bureau de bienfaisance, à l'hospice et aux ouvriers de la marine [5].

Le ministre de la Marine reste à Cherbourg avec la reine qui ne part que le 6 pour se rendre à Caen [5].

Le roi arrive à Valognes à midi ; à cheval, il passe en revue plus de 4 000 hommes de la garde nationale. Il est conduit à l'hôtel de ville où le sous-préfet lui présente diverses autorités. Après plus d'une heure passée à Valognes, il reprend sa voiture au delà du faubourg. Il traverse Carentan avant de rejoindre Bayeux dans le Calvados.

Hommages

Médaille commémorative.
  • Une rue de Cherbourg porte le nom de Louis-Philippe.
  • Une médaille rappelle ce passage.

Bibliographie

Notes et références

  1. « Voyage du roi », Le Moniteur universel, 1er septembre 1833, p. 4.
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 et 2,5 « Voyage du roi », Le Moniteur universel, 2 septembre 1833, p. 1.
  3. 3,0 3,1 3,2 3,3 3,4 3,5 3,6 3,7 3,8 et 3,9 « Voyage du roi », Le Moniteur universel, 3 septembre 1833, p. 5.
  4. 4,0 4,1 4,2 4,3 et 4,4 « Voyage du roi », Le moniteur universel, 4 septembre 1833, p. 1.
  5. 5,00 5,01 5,02 5,03 5,04 5,05 5,06 5,07 5,08 5,09 5,10 5,11 5,12 5,13 5,14 5,15 5,16 5,17 5,18 et 5,19 « Séjour du roi à Cherbourg », Le Journal de Cherbourg et du département de la Manche, 8 septembre 1833, p. 2-3 (lire en ligne).
  6. Le Journal de Cherbourg dit que la reine en est vite revenue, malade à cause du mauvais temps.
  7. Journal de Paris, 8 septembre 1833.
  8. Le Spectateur, 10 septembre 1833.

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