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Lignes ferroviaires de 1850 à 1939 au départ de Cherbourg

De Wikimanche

Le trafic ferroviaire français commence en 1823, la première voie de communication relie alors Saint-Étienne à Andrézieux, dans la Loire (23 kilomètres).

Mais qu'en est-il concernant les lignes de notre département ? Notre travail se concentrera davantage sur les lignes au départ de la ville de Cherbourg. Nous parlerons dans un premier temps des gares présentes à Cherbourg, puis dans un second temps des différentes lignes correspondant avec celles-ci.

Création de la gare de Cherbourg

C'est le 3 août 1858 que Napoléon III inaugure la gare principale de Cherbourg. À l'origine, celle-ci sert de gare pour les voyageurs mais elle permet également le transport de marchandises, qui à l'époque est relativement important, avec notamment des légumes (surtout des pommes de terre), mais également des betteraves.

Le transport de produits issus de la mer est également important étant donné la proximité du port. Certaines lignes permettent donc aux commerçants d'exporter leurs produits mais également de ravitailler certains commerces par exemple.

Ainsi, trois gares sont construites dans la ville de Cherbourg :

  • La gare Transatlantique (gare ferroviaire en service entre les années (1930 et 1960). Elle est à cette époque l'une des plus importantes gares de Basse-Normandie, et se trouve à l'extrémité de la ligne SNCF Paris-Cherbourg.
Gare Transatlantique de Cherbourg
  • La gare de Cherbourg (gare principale) se situe au pied de la montagne du Roule. Elle est inaugurée en 1858. Elle est de nos jours la seconde gare principale de Basse-Normandie après la gare de Caen.
  • La gare des Flamands.

Pour relier cette dernière à la gare de Cherbourg , il faut réaliser d'importants travaux près de la zone du Roule, en ayant besoin pour cela d'effectuer des tirs de mines. Mais des précautions sont prises puisque des habitations, une école primaire ainsi qu'une église se situent à proximité du lieu de construction. C'est donc dans le but d'éviter des dégâts matériels que le maire de Cherbourg de l'époque, M. Gosse, prend un arrêté, le 19 septembre 1883 dans lequel il annonce :

  • Article 1er : l'entrepreneur du chemin de fer des flamands ne devra procéder dans le quartier du roule, au tir des mines que deux fois par jour, à huit heures du matin et à midi et demi.
  • Article 2 : la circulation sera interdite sur la voie publique aux abords de la zone de tirs, 5 minutes avant chaque tir, et ce jusqu'à ce que l'opération soit terminée.
  • Article 3 : l'entrepreneur du chemin de fer fera disposer, très apparemment, à chaque extrémité des voies, des avis prévenant des tirs. Un homme sera également placé aux extrémités.
  • Article 4 : chaque mine devra être recouverte de fascines, afin d'arrêter autant que possible le jet des éclats de pierres.

Jacques Demy, le célèbre réalisateur du film Les Parapluies de Cherbourg, a tourné une partie de ce film dans cette gare en 1960.

La ligne Cherbourg-Brest

La première ligne créée dans notre département est celle reliant Cherbourg à Brest (Finistère), ligne ayant comme rôle principal de réaliser la communication entre les deux principaux ports du grand Ouest. Le 8 juillet 1852, la Chambre des Députés vote l'utilité d'une telle ligne.

L'avènement de ce projet n'a pourtant lieu que le 19 juin 1858 par un décret du Ministre de l'agriculture, du Commerce et des Travaux et par le vote d'une subvention de 300 000 F. Il faudra néanmoins attendre le 14 juillet 1859 pour que le premier train entre en gare cherbourgeoise.

M. Dubois, ingénieur, est chargé de trouver le tracé de cette ligne pour qu'elle respecte une certaine longueur et des points de passages clés économiquement parlant. D'après lui, la ligne aura pour passage Sottevast et non Saint-Lô comme certains l'avaient envisagé, d'un point de vue stratégique, commercial, et militaire. Cherbourg possède à l'époque un fort potentiel commercial, notamment avec les fruits et légumes, les poissons, le cidre, produits typiques régionaux, exportés vers d'autres coins de la France.

L'État est alors chargé de superviser le projet, il n'y a que la pose des rails qui est gérée par une société privée, cela permettra de rendre plus tard ces lignes publiques et de s'en servir comme lignes militaires ou même pour le trafic de passagers, ce qui sera réalisé bien plus tard encore.

Cette ligne a, au cours du temps, subit des modifications de tracé mais aussi de son utilisation. En effet, en 1866, un raccourcissement de la ligne, mesurant alors 607 km, est envisagé. Pour les ingénieurs, cette ligne effectue trop de détours, ce qui est préjudiciable au commerce, les marchandises mettent plus de temps à voyager et les arrêts aux nombreuses gares n'arrangent rien à ce problème. Des calculs précis de l'utilité de ce projet (dépenses en fonction des recettes envisageables) sont effectués. Ces travaux seront réalisés entre 1866 et 1875 sans que nous ayons pu trouver de date précise (les archives municipales ne renseignent que vaguement à ce sujet)

Après ces travaux la ligne a le tracé suivant :

Cherbourg ➙ CouvilleBricquebecLa Haye-du-PuitsLessayCoutancesLa Haye-PesnelAvranchesPontorson ➙ Dinan ➙ Brest.

Lors de la Première Guerre mondiale, cette ligne est utilisée pour ravitailler les différentes bases militaires où les soldats sont en attente d'être envoyés au front. Cette ligne subit d'énormes dégâts lors de la Seconde Guerre mondiale et ne sera pas reconstruite selon le même tracé.

La ligne Cherbourg-Paris

L'idée de construire une voie reliant Paris à Caen puis à Cherbourg a été pensée en 1852 par une compagnie de Rouen et les travaux débutèrent l'année suivante, en 1853. Le tracé n'a presque pas été modifié par rapport à celui que nous connaissons actuellement. Aux archives, nous constatons surtout la présence de lettres et de rapports entre les maires, députés et ingénieurs. Cette ligne avait, comme la ligne Cherbourg-Brest un but commercial et militaire mais quasiment aucune trace de transport de passagers durant le 19e siècle. Il n'y a que très peu d'informations sur la création de cette ligne aux archives de Cherbourg, ce qui laisse à penser qu'à sa création cette ligne avait un rôle mineur à côté de la ligne Cherbourg-Brest.

La ligne Cherbourg-Saint-Vaast-la-Hougue

C'est en 1878 que la ville de Cherbourg prend conscience que la mise en place d'une voie ferrée reliant les villes côtières, comme Les Pieux, Barfleur, Saint-Vaast-la-Hougue ou encore Saint-Pierre-Église serait un choix judicieux, d'un point de vue stratégique et économique.

En effet, leurs voisins Anglais de Portsmouth, en face de Cherbourg, ont déjà réalisé à cette époque les travaux nécessaires pour amener, en cas de conflits avec d'autres pays, des forces armées aux points principaux du pays, c'est-à-dire sur les bords maritimes. Ainsi, les autorités ont aménagé des voies ferrées tout le long des côtes anglaises, au départ de Portsmouth et d'autres grandes villes.

De plus, Cherbourg est une base militaire importante. D'après les personnes chargées de s'occuper de cette ligne ferroviaire, la mise en place permettrait de desservir sur un parcours de 38 kilomètres, une population composée au total de 79 000 habitants, ce qui à l'époque représente près d'un septième de la population du département. Un comptage est alors réalisé pour vérifier l'utilité que celle-ci pourrait avoir. Il s'avère qu'entre Cherbourg et Tourlaville, une moyenne de 358 voitures chargées et de 233 voitures vides (mais venant prendre charge à Cherbourg), proviennent de tous les points du Val de Saire en une journée, soit un total de 591 voitures, ce qui encourage à la mise en place de la ligne.

C'est donc dans la continuité de ces idées et constatations qu'une ligne reliant Cherbourg à Saint-Vaast-la-Hougue par Barfleur est créée en 1911. Elle dessert les villes de Tourlaville, Saint-Pierre-Église, Barfleur et, bien sûr, Saint-Vaast-la-Hougue. Elle permet la traversée Est-Ouest du Nord-Cotentin. Surnommé le « Tue-Vaques » par la population, le train permet également l'acheminement du courrier et des journaux quotidiens à travers les différentes villes desservies (voir la liste plus haut). Son surnom provient notamment des nombreuses collisions avec des bovins, des vaches en particulier, appelés « vaques » en patois local.

Du fait de son intérêt stratégique, et étant située vers les bords maritimes, la ligne est réquisitionnée à plusieurs reprises pendant la Seconde Guerre mondiale par l'armée allemande pour transporter le sable provenant des dunes vers les chantiers de construction du mur de l'Atlantique, ainsi que pour transporter du matériel militaire.

C'est finalement l'usure de la ligne et du matériel, combiné à un entretien négligé de celle-ci, qui sonnent son arrêt définitif en 1950, malgré sa reconstruction après le sabotage de celle-ci par les Allemands lors du débarquement, dans le but de ralentir l'avancée des troupes alliées. Une ligne reliant Cherbourg à Urville-Hague (aujourd'hui Urville-Nacqueville) voit également le jour, mais nous possédons très peu d'informations sur celle-ci. Nous savons seulement qu'elle fut fermée en 1945 et qu'elle avait un intérêt davantage tourné vers le transport de passagers et la distribution du courrier et des journaux.

La ligne Cherbourg-Coutances

Gare autrefois située sur la ligne Cherbourg-Coutances, aujourd'hui hors de service

La ligne reliant Cherbourg à Coutances est construite peu de temps après celle reliant Cherbourg à Saint-Vaast-la-Hougue. Elle passe par les villes et communes de Coutances, Saint-Sauveur-Lendelin, Périers, Millières (avec une halte ouverte uniquement aux voyageurs sans bagages ni chiens), Lessay, Angoville-sur-Ay (avec également une halte similaire), La Haye-du-Puits, Saint-Sauveur-de-Pierrepont (halte similaire), Néhou (halte), Saint-Sauveur-le-Vicomte, Bricquebec, Sottevast (possibilité de prendre un train ou d'en sortir), Couville, Martinvast, Cherbourg (arrêt). À noter que les principales gares de ce trajet sont les gares de Coutances, Sottevast et Cherbourg. L'arrêt du trafic sur la ligne Coutances - Sottevast (72,584 km) a lieu entre septembre 1972 et le 24 janvier 1988. En 2000 cette portion est reconvertie en voie verte pour les randonnées cyclistes, équestres et pédestres.

Conclusion

Cherbourg au 19e siècle est un carrefour commercial important. Il devient donc nécessaire de construire des voies de communication qui permettent d'exporter plus facilement vers les grandes villes de l'Ouest (Brest, Rennes) ou vers la capitale. La nécessité s'impose ensuite de créer des lignes à travers le département afin de permettre à la majeure partie de la population de se déplacer aisément. C'est donc pour répondre à ce besoin que les lignes « Cherbourg—Saint-Vaast » et « Cherbourg-Coutances » sont créées. Cherbourg exporte principalement sa production maraîchère, mais aussi ses bovins et moutons et les produits de la pêche. L'intérêt stratégique vient ensuite avec la guerre et la nécessité d'amener le matériel militaire vers les côtes.

Sources

Sources bibliographiques

  • Archives municipales de Cherbourg.
  • Alain de Dieuleveult, Michel Harouy, Quand les petits trains faisaient la Manche,  éditions Cénomane, 1988.

Sources Internet

Lien interne