L'été à Coutances
De Wikimanche
En juin et juillet 1836, Victor Hugo visite le département.
Son passage à Coutances va lui inspirer un poème qui paraît 50 ans plus tard, dans le recueil Toute la lyre.
- L'été à Coutances
- Ah ! l'équinoxe cherche noise
- Au solstice, et ce juin charmant
- Nous offre une bise sournoise ;
- L'été de Neustrie est normand !
- Notre été chicane et querelle ;
- Son sourire aime à nous leurrer ;
- Il se rétracte ; il tonne, il grêle ;
- Il pleut, manière de pleurer.
- Mais qu'importe ! entre deux orages,
- Ses rayons glissent, fiers vainqueurs,
- Et la pourpre est dans les nuages,
- Et le triomphe est dans les cœurs.
- Cette grande herbe est mon empire.
- Je suis l'amant mystérieux
- De l'âme obscure qui soupire
- Au fond des bois, au fond des cieux !
- Je suis roi chez les fleurs vermeilles.
- Quelle extase d'être mêlé
- Aux oiseaux, aux vents, aux abeilles,
- Au vague essor du monde ailé !
- L'arbre creux vous offre une chaise ;
- L'iris vous suit de son œil bleu ;
- On contemple ; il semble qu'on baise
- Le bord de la robe de Dieu.