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Jules Barbey d'Aurevilly et la Manche

De Wikimanche

Portrait par Carolus-Duran.

Jules Barbey d'Aurevilly (1808-1889) est intimement lié avec le département de la Manche où il est né et où il repose et avec lequel il a constamment entretenu des liens étroits, qui ont inspiré son œuvre.

Enfance

Travaux de sculptures d'Alphonse Marcel-Jacques pour un buste de Barbey d'Aurévilly.

Jules Barbey d'Aurevilly naît à Saint-Sauveur-le-Vicomte le 2 novembre 1808 dans une vieille famille normande anoblie en 1756 [1]. Il est le fils de Théophile Barbey d'Aurevilly (1785-1868) et d'Érnestine Ango (1787-1858).

Il vit son enfance auprès de ses parents dans sa ville natale et passe toutes ses vacances chez une de ses grands-mères à Carteret.

Il fait ses études au collège de Valognes. Il est alors hébergé à partir de 1818 chez son oncle, le docteur Jean Pontas-Duméril (1753-1826) [1], qui se charge de son éducation. Il fréquente assidûment son cousin germain, Édélestand Duméril (1801-1871), son aîné de près de sept ans [1].

En 1827, il est envoyé à Paris pour poursuivre ses études, au collège Stanislas. Il a 19 ans.

Séjours ultérieurs

Barbey vers 1833.

Après avoir quitté sa famille, Jules Barbey d'Aurevilly revient souvent dans la Manche :
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L'inspiration manchoise

Toute l'œuvre de Barbey d'Aurevilly est marquée d'une forte empreinte manchoise, et singulièrement cotentinaise. C'est le cas de L'Ensorcelée (1852), Le Chevalier des Touches (1863), Un prêtre marié (1864), Les Diaboliques (1874), Une histoire sans nom (1882) et Ce qui ne meurt pas (1883).

Jacques Petit peut dire ainsi que ces romans sont de là et qu'ils n'auraient pu être situés ailleurs [2].

À propos d'Un prêtre marié, Jean Canu est encore plus précis : « En définitive, c'est bien la Normandie qui donne à Un prêtre marié son unité et sa crédibilité. Personnages, situations, idées peuvent parfois surprendre et irriter l'esprit critique. Comment ne pas les admettre, perdus et presque noyé dans cette évocation de la Normandie la plus fermée, la plus concentrée, la plus âcre de toutes les saveurs du terroir, du Cotentin le plus hostile aux nouveautés, le plus enfoncé dans ses usages et dans ses croyances, dans ses légendes et dans son patois farouche. Jamais Barbey n'était allé aussi loin dans la reconstitution, réaliste et imaginative à la fois, de sa petite patrie, et jamais celle-ci, après un juste retour, ne l'a mieux aidé à exalter sa passion de l'extraordinaire et son amour du surnaturel. » [3].

Lieux de souvenir

La tombe de Barbey à Saint-Sauveur-le-Vicomte.

À Saint-Sauveur-le-Vicomte

  • Musée Barbey d'Aurevilly, 64, rue Bottin-Desylles, maison familiale
  • Buste par Auguste Rodin, inauguré en 1909, devant le château
  • Maison natale appartenant à son oncle, le chevalier Henri de Montressel, place du Fruitier (actuellement place Ernest-Legrand). une plaque commémorative y est inaugurée le 1er août 1937, en présence de Georges Lecomte, de l'Académie française, et de Léo Languien, de l'Académie Goncourt.
  • Maison de son enfance, Grand'rue
  • Tombe dans le cimetière près du château : Barbey y repose depuis le 23 avril 1926
  • Pages des Diaboliques (1874)
  • Église Saint-Jean-Baptiste : tient une place importante dans L'Ensorcelée
  • À la fin de sa vie, privé de la demeure familiale désormais habitée par les Delisle, il loue, en face, une chambre chez un menuisier, M. Vindard [4]. « Les Vindard lui préparaient son repas de midi (le soir il dînait habituellement chez une vieille amie, Mlle Élisabeth Bouillet. » [4].
  • Une partie de l'histoire du roman Une histoire sans nom (1882) s'y situe.
  • Mont de Taillepied, lieu cité dans Un prêtre marié (1864)

À Valognes

  • « La ville de mes spectres. » ; « sarcophage des premiers souvenirs » ; « la ville de mes premiers songes et de mes derniers rêves » ; « Valognes - non moins cher pour moi que Saint-Sauveur » [5].
  • Buste de Jules Barbey d'Aurevilly par Louis Alix, inauguré en 1938
  • Hôtel de Grandval-Caligny : l'écrivain y séjourne en 1887 et de nombreuses autres fois. Il y louait quatre pièces au rez-de-chaussée [6]. C'est là qu'il met la dernière main à son roman Les Diaboliques (1874) [7].
  • Hôtel de Beaumont, sert de décor à son roman Le Dessous des cartes d'une partie de whist (1850)
  • Grand hôtel du Louvre : l'écrivain y déjeune tous les jours du 24 juillet 1871 au 4 novembre suivant
  • Pages du Chevalier des Touches (1863), des Diaboliques (1874) et d'Une page d'histoire (1882).
« La ville que j'habite en ces contrées de l'ouest - veuve de tout ce qui la fit si brillante dans ma prime jeunesse, mais vide et triste maintenant comme un sarcophage abandonné - je l'ai depuis bien longtemps appelée la “ville de mes spectres”, pour justifier un amour incompréhensible au regard de mes amis qui me reprochent de l'habiter et qui s'en étonnent. C'est en effet les spectres de mon passé qui m'attachent si étrangement à elle. Sans ses revenants je n'y reviendrais pas. » [8].

À Lessay

À Barneville-Carteret

À Carteret
La vieille église à Carteret.
  • Plage et dunes
  • Vieille église
  • Falaise
  • Le Manoir à Margot, dit aussi 'manoir de Flers (face au port de plaisance)
  • Le Bas Hamet (aussi Hameau de bas)

L'écrivain fréquente tous ces lieux pendant les vacances de sa jeunesse [10]. Il situe une partie de l'action de son roman Une vieille maîtresse (1851) dans le manoir de Carteret. Barbey prend aussi pour cadre, dans ce même roman, le petit café du Bas-Hamet, au village des Rivières [11].

À Barneville
  • Hôtel des voyageurs

L'écrivain évoque Barneville dans le Cinquième mémorandum (1864) : « Arrivé à Barneville à deux heures... Fait arrêter le cabriolet devant toutes les maisons que j'ai habitées dans mon enfance. Il y en a une où une Hortense de dix-huit ans fit rêver ma quatorzième année. Elle ouvrit ma vie... » L'office de tourisme identifie cette Hortense comme étant Hortense Le Chevalier, née en 1805, et la maison comme étant située au 14-15, place du Marché (aujourd'hui place du Docteur Auvret) [11].

  • À lire : Jean-Marc Piel, Barneville-Carteret à la lumière de Barbey d'Aurevilly, Les Cahiers du temps, 2005

À Bricquebec

L'écrivain situe la scène finale d'Une histoire sans nom (1882) dans le cimetière de la Trappe.

À Neufmesnil

À Canville-la-Rocque

À Rauville-la-Place

À Néhou

  • Église et cimetière : cadres d'Un prêtre marié

À Tourlaville

À Saint-Jean-du-Corail

  • Château : Barbey y séjourne.

À Moulines

  • Château de Boisferrant : Barbey en parle sous la dénomination de château du Bois-Frelon dans Le Chavelier des Touches.

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Bibliographie

  • Jean-Marc Piel, Barneville-Carteret à la lumière de Barbey d'Aurevilly, Les Cahiers du temps, 2005.
  • Marie-Odile Laîné (avec Christophe Rouil), Pages à pas en Normandie avec Jules Barbey d'Aurevilly, CRDP/Isoète, 2008.
  • « Barbey d’Aurevilly et Valognes », Val'Auna, n° 12 consacré à Barbey d’Aurevilly, 2008.
  • Alexis Douchin et Stéphane Laîné, « La société d'archéologie de Valognes et Barbey d'Aurevilly. De la méconnaissance aux hommages », Revue de la Manche, n° 201, 2008.
  • Le Cotentin de Barbey d'Aurevilly - Promenade littéraire autour de Saint-Sauveur-le-Vicomte, éd. Le Promeneur des lettres.
  • Julien Deshayes, Barbey d'Aurevilly, un Cotentin romanesque, Les Éditions du Cotentin, 2012.

Notes et références

  1. 1,0 1,1 et 1,2 Hubert Juin, Barbey d'Aurevilly, coll. Écrivains d'hier et d'aujourd'hui, éd. Seghers, 1975.
  2. Jacques Petit, Barbey d'Aurevilly - Œuvres romanesques complètes I, p. XVII.
  3. Jean Canu, Barbey d'Aurevilly, éd. Robert Laffont, 1965, pp. 301-302.
  4. 4,0 et 4,1 Henry Bordeaux, Barbey d'Aurevilly, le Walter Scott nomand, Librairie Plon, 1925, p. 117-118.
  5. Disjecta Membra, 1871.
  6. Élie Guéné (dir.), La Manche au passé et au présent, éd. Manche-Tourisme, 1984, p. 35.
  7. « Guide Barbey en Cotentin », Hellequin, n° 3-4-5, p. 36.
  8. Jules Barbey d'Aurevilly, Une page d'histoire, 1882.
  9. « (...) qu'il vient de décrire, sans l'avoir jamais vue dans L'Ensorcelée », Jean Canu, Barbey d'Aurevilly, éd. Robert Laffont, 1965, p. 229.
  10. J. Toussaint, Carteret dans la vie et l'œuvre de J. Barbey d'Aurevilly, éd. Notre-Dame, 1956.
  11. 11,0 et 11,1 Barneville-Carteret, station balnéaire classée, brochure touristique promotionnelle, Office de tourisme de Barneville-Carteret, 1er trimestre 2011.