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Judaïsme dans la Manche

De Wikimanche

Le judaïsme est l'une des grandes religions monothéistes. S'il n'y a pas à proprement parler de communauté juive aujourd'hui dans la Manche, les Juifs ne sont pas absents de l'histoire et du territoire départemental.

Histoire

Présents en Gaule depuis la conquête romaine, les Juifs sont expulsés de France par l'édit royal du 10 mars 1182, signé par Philippe Auguste, qui l'annule en 1198. Philippe le Bel fait de même entre 1306 et 1315.

La Normandie serait au Moyen Âge la province française accueillant le plus de Juifs, et Guillaume le Conquérant favorise leur installation à Londres après 1066 [1]. Rouen est un important centre du judaïsme à partir du XIe siècle, si Caen possède une synagogue jusqu'en 1306. Le relevé toponymique de Rémy Villand semble prouver la présence des Juifs sur l'ensemble du territoire de la Manche au XIIe siècle [2].

Exclus des activités agricoles et artisanales, ils se spécialisent dans l'usure et le prêt[1].

L'ouvrage Les familles juives en France XVIe siècle-1815, indique qu'aucun juif n'a été recensé dans la Manche ni en Basse-Normandie suite au décret de Bayonne du 28 juillet 1808 [3]

Immigrants juifs à Cherbourg (1925).

À l'époque de l'Affaire Dreyfus, la Manche n'est pas épargnée par l'antisémitisme. La Croix de la Manche écrit le 15 juin 1898 que « si l'on n'interdit pas aux commerçant israélites de s'installer à Cherbourg, on sera obligé de porter des vêtements qui sentent la race fétide de Judas » [2].

Au début du XXe siècle, Cherbourg est un port important d'émigration vers les États-Unis pour les Juifs de l'Europe de l'Est, une synagogue provisoire étant créée dans l'hôtel Atlantique pour eux. Jonas Lévy siège au conseil municipal de Cherbourg sous l'étiquette radical-socialiste de 1908 à 1929 [2].

À l'aube de la Seconde Guerre mondiale, on évalue entre 150 et 200 le nombre de Juifs dans la Manche. Sur les 130 répertoriés, les deux tiers vivent à Cherbourg, et cinq foyers sont à Avranches, dont les Mainemer, marchands ambulants en bonneterie originaires de Pologne, installés en 1932, et Zalma et Ruchla Rozenthal, qui exercent le même métier, et viennent du même pays [2]. Pendant l'occupation allemande, 104 juifs manchois sont arrêtés, dont 59 de nationalité française [4].

En 1943, de juin à octobre, la caserne Dixmude à Querqueville est utilisée par les Allemands comme « camp d'israélites » pour des prisonniers en attente de transfert vers Aurigny [5].

Professeur d'histoire-géographie au collège Gambetta à Carentan-les-Marais, Olivier Jouault mène des recherches avec ses élèves de 4e et 3e sur les Juifs manchois victimes de la Shoah [6]. Sur les 125 Israélites recensés en 1940, 86 auraient été victimes de la répression nazie : 82 morts en déportation, principalement à Auschwitz, et 4 fusillés ou décédés au camp de Drancy [6].

Le 19 février 2019, trois rassemblements ont lieu à Cherbourg-en-Cotentin, Coutances (450 personnes) et Les Pieux en réponse à l'appel national lancé pour soutenir la communauté juive après la recrudescence des actes antisémites constatée en France ces derniers mois [7].

Mémorial de la Shoah et des justes parmi les Nations

Justes parmi les Nations

lire l'article détaillé Liste des Justes de la Manche

Lieux de culte

La Manche ne possède pas de synagogue.

Associations

  • Amitié judéo-chrétienne de la Manche

Toponymie

De nombreux odonymes (types rue aux Juifs, rue des Juifs), parfois fixés en tant que microtoponymes (types la Rue aux Juifs, la Rue des Juifs), traductions du terme vicus judæorum par lequel les Romains désignaient les quartiers juifs [1], attestent de la présence ancienne de communautés juives dans la Manche. Un autre fréquent toponyme est le type la Judée, relevé quatre fois dans ce département. Enfin, la mention de Justes dans les odonymes est une appellation commémorative récente faisant référence à la Seconde Guerre mondiale (voir ci-dessus).

Odonymes

Noms médiévaux
À Montebourg.
Noms modernes
  • Rue de la Synagogue, à Valognes, d'après le quartier de la Synagogue, délimité par les carrefours du Gibet et de la Croix-Morville
  • Place des Justes, à Cherbourg-Octeville

Microtoponymes


Bibliographie

  • Rémy Villand, « Les Juifs dans la Manche au Moyen Âge », Publications multigraphiées de la Société d'archéologie et d'histoire de la Manche, vol. 43, 1962
  • « Vente de biens appartenant à un israélite (Benoistville et Sotteville, début 1943) », Le Didac'doc, n° 1, septembre 2009 (lire en ligne)
  • « Le sous-préfet de Cherbourg rend compte au préfet de l'arrestation d'israélites français par les Allemands (Émondeville, Cherbourg, 25 octobre 1943) », Le Didac'doc, n° 33, novembre 2012 (lire en ligne)
  • « Les juifs manchois dans la tourmente », Les Docu'Manche, n° 2, janvier 2018 (lire en ligne)

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 1,7 et 1,8 Maurice Lecœur, Le Moyen Âge dans le Cotentin, Isoète, 2007.
  2. 2,0 2,1 2,2 et 2,3 Yves Lecouturier, Shoah en Normandie : 1940-1944, éditions Cheminements, 2004.
  3. Gildas Bernard, Les familles juives en France XVIe siècle-1815. Guide des recherches biographiques et généalogiques, Archives nationales, 1990. ISBN 2860001670.
  4. « Le sous-préfet de Cherbourg rend compte au préfet de l’arrestation d’israélites français par les Allemands (Émondeville, Cherbourg, 25 octobre 1943) », Le Didac'doc, n° 33, novembre 2012 (lire en ligne).
  5. Yves Lecouturier, Shoah en Normandie : 1940-1944, éd. Cheminements, 2004, p. 156-157.
  6. 6,0 et 6,1 « Plus de 80 Juifs manchois victimes de la Shoah », Ouest-France, site internet, 27 janvier 2020 (lire en ligne).
  7. « Des rassemblements pour lutter contre l'antisémitisme sont prévus ce mardi », La Presse de la Manche, site internet, 19 février 2019.
  8. Liza Marie-Magdeleine, « Shoah : une pierre à l'édifice de la mémoire collective », Ouest-France, 5 octobre 2020.

Lien interne

Lien externe

  • Exposition « Les juifs de la Manche sous l'occupation 1940-1944 » (lire en ligne)