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Joseph Guérard

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Joseph Guérard.

Joseph Guérard, né à Loudéac (Côtes-du-Nord, aujourd'hui Côtes-d'Armor) le 22 janvier 1846 et mort à Coutances le 19 juillet 1924, est une personnalité religieuse catholique de la Manche.

Il est évêque de Coutances et Avranches de 1899 à sa mort.

Biographie

Les ancêtres paternels de Joseph Guérard sont originaires de Saint-Samson-de-Bonfossé [1] et de Condé-sur-Vire. Le jeune Joseph est ordonné prêtre en 1869 puis, après avoir professé au Grand Séminaire de Rennes (Ille-et-Vilaine), il est promu secrétaire de l’archevêché de la capitale bretonne [2]. Il est nommé chanoine titulaire de la métropole de Rennes en 1873 [3].

Nommé évêque de Coutances le 28 novembre 1898, il est sacré à Rennes le 2 février 1899. Il succède à Abel Germain. En 1906, il connaît des évènements douloureux pour son diocèse : le temps des inventaires des établissements religieux exigés par l’État. Monseigneur Guérard refuse (vainement) l’entrée de sa cathédrale aux forces de l’ordre. Quelques mois plus tard, il est expulsé de son palais épiscopal [2].

C'est un évêque très actif : il réorganise les écoles privées de son diocèse et crée le denier du culte, pour son diocèse, du clergé. En 1905, il bénit l’établissement scolaire coutançais qui porte toujours son nom. C’est à l’origine un collège pour jeunes filles. À ce sujet, voici un petit « communiqué de presse de Mgr Guérard » publié dans Le Mortainais qui montre que les temps ont vraiment beaucoup changé ! Dans un communiqué qu’il vient d’adresser aux fidèles du diocèse de Coutances au sujet des fêtes profanes, Mgr Guérard est amené à parler du tango. Il dit notamment que « cette danse est en elle-même souverainement dangereuse. Les catholiques doivent donc se l’interdire absolument, et les confesseurs la défendre. Un refus d’obéissance sur ce point entraînerait, par le fait même, un refus d’absolution [2]».

À la même époque, en pleine crise de séparation des Églises et de l'État, il envoie au clergé du diocèse, une lettre publiée dans La Semaine religieuse du 26 avril 1906 et destinée à être lue en chaire dans tout le diocèse :

« Nous vous rappelons les principes suivants :
Voter n’est pas seulement un droit, c’est un devoir,
Les députés étant nos mandataires, chaque citoyen est responsable devant Dieu et devant la société des
votes des candidats qu’il a élus…
Les électeurs… sont tenus de s’éclairer sur la sincérité du programme religieux des candidats qui sollicitent
leurs suffrages. Un compte redoutable leur sera demandé au jugement suprême des votes qu’ils auront émis.
On peut être damné pour avoir mal voté.
Il y a pêché mortel à voter pour des candidats hostiles à l’Église, à son indépendance, à sa liberté ». [4]

Le pape Pie X lui remet le pallium [5] en 1907 [3].

En 1908, il convoque son diocèse, la France et le monde catholique à célébrer le 12e centenaire du Mont-Saint-Michel [6].

En 1920, il interdit aux catholiques de s'adonner aux « danses lascives », spécialement le tango et le fox-trot [7].

Il célèbre son jubilé épiscopal au début de l'année 1924, mais meurt quelques mois plus tard, des suites d'une congestion pulmonaire [8]. Son corps est embaumé par le docteur Dudouyt et ses obsèques sont célébrées le 29 juillet 1924 en la cathédrale de Coutances, où il est inhumé dans la chapelle Saint-Jean [9]. Il est remplacé par Théophile Louvard.

Conformément à sa dernière volonté, la sculpture du signe de la Rédemption du monument aux morts de Coutances est réalisée à ses frais [10].

Hommage

Son nom est donné à un établissement scolaire de Coutances.

Article connexe

Notes et références

  1. La Croix, 22 août 1924.
  2. 2,0 2,1 et 2,2 René Gautier (dir.), Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 4, éd. Eurocibles, Marigny, 2001.
  3. 3,0 et 3,1 Le Nouvelliste de Bretagne, 2 février 1924.
  4. Service éducatif des archives départementales de la Manche, Didac'doc n° 25, janvier 2012.
  5. Ornement liturgique de laine blanche, orné de croix noires, porté sur la chasuble.
  6. Annales du Mont-Saint-Michel, décembre 1908.
  7. Cherbourg-Éclair, 10 février 1932.
  8. Le Matin, 21 juillet 1924.
  9. La Patrie, 30 juillet 1924.
  10. L'Écho de Paris, 5 août 1924.