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Joigne

De Wikimanche

Entre Saint-Ébremond-de-Bonfossé (à gauche) et Saint-Gilles.

La Joigne est une rivière de la Manche longue de 13 kilomètres.

Description

Elle prend sa source près de Dangy, dans le bois de Soulles [1]. Elle traverse les communes de Dangy, Quibou, Canisy, Saint-Ébremond-de-Bonfossé, Saint-Gilles, et se jette dans la Vire, dans le sud-ouest de l'agglomération saint-loise.

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Affluents

La Joigne reçoit le ruisseau de la Chaussée et le ruisseau des Bois à Quibou.

Sa source ou plutôt ses sources

« De nos jours, la Joigne, on disait aussi la Jouaigne et la Jaigne, dans l'ancien temps, n'a plus qu'une source à l'ombre même du Bois de Soulles, parmi les chênes et les hêtres séculaires, au cœur des taillis et halliers où se cachent les derniers sangliers, cerfs et chevreuils de la contrée. Un mince filet d'eau s'en détache entre deux rives étroites, tapissées de mousse, parées de l'or des genêts et de la pourpre des bruyères. Elle esl timide et fait peu de bruit mais elle est pure, on peut y boire. Un peu plus loin, à l'orée du bois, elle se jette dans un petit étang, dit de la Jainière, jadis plus grand, auprès du domaine de ce nom, tenant leur nom, l'un et l'autre de la rivière naissante (Jouaignc, Jouaignière, Jainière). Le domaine de la Jainière, soit dit en passant, est le berceau de l'une des plus anciennes et des plus honorables familles de la région : il est actuellement géré par Joseph Leconte, maire de Dangy. Cette première branche du trident que forment les sources de la Joigne, est orientée sensiblement de l'est vers l'ouest, ou plus exactement encore du sud-est au nord-ouest pour commencer, et ensuite du nord est au sud-ouest. Les deux autres branches du trident sont constituées par deux ruisselets, allant du sud au nord, et qui réunissent leurs eaux avant de recueillir, à quelques pas de là, celles de la première source. Ces deux dernières sources sont indiqnées sur les cartes par un « village » ou hameau, et par une ferme. Le village est celui de La Haye, et la ferme se nonme La Picotière. Le volume d'eau produit par ces deux dernières sources est à peu près égal à celui que fournit la première source. Le point de jonction des trois branches du trident se trouve à proximité du village de La Poterie. C'est là que se rejoignent ou « joignent », les ondes limpides venues de ces différents points, et d'aucuns prétendent que la Joigne ne porte son nom, ne commence qu'à ce point de jonction. Quoi qu'il en soit, il ne paraît pas douteux que l'origine de l'appellation donnée à la petite rivière faisant l'objet de cette étude, provient du fait que sa naissance est due à la rencontre de plusieurs filets d'eau qui se joignent. D'où le nom de Joigne. Il ne faut pas oublier en effet que le verbe joindre vient du latin jungere, qui signifie proprement : mettre sous le même joug. Entre le verbe d'origine jungere et le verbe français joindre, se sont succédé, interposées, toute une série de formes intermédiaires...

Mais revenons à nos trois ruisselets, nés tous trois de sources pérennes, afin de dire encore quelques mots de ce qu'ils furent avant de se rejoindre pour couler dans le même lit. Nous verrons ensuite ce qu'ils deviennent au delà du « village » de La Poterie, au pied duquel se produit leur jonction leur union, leur confluence, si ce vieux terme peut encore être correctement usité.

La source d'au-delà le domaine de l'étang de la Jainière, est malaisée à découvrir parmi les buissons et les futaies du Bois de Soulles, où dominent le hêtre au tronc lisse et le chêne qui se creuse avec ses racines. La nappe souterraine qui l'alimente, est riche en fontaines minimes qui se cachent sous de minces tapis de mousses ou de plantes sylvestres. Après avoir franchi la lisière du bois, elle serpente en bordure d'un étroit plateau de terres arables, le plus souvent planté en céréales de belle venue. Puis elle renouvelle le contenu du menu bassin naturel de la Jainière, peuplé de tanches, et dévale ensuite vers La Poterie en baignant une série de prairies, où pâture toute l'année le bétail des fermes avoisinantes.

La source qui borde la ferme de La Picotière, détrempe d'un bout à l'autre de l'année, la cour y donnant accès. D'où quon vienne, on ne peut éviter de mouiller ses semelles sur le sol humide et boueux. L'eau ne manquera jamais, certes, aux gens de la ferme, qui s'y succéderont de génération en génération sans que l'aspect du sol se modifie. Sans cesse, ils auront à leur disposition l'eau courante à fleur de terre, répandue en nappe, l'eau d'un abreuvoir continuellement renouvelée, et l'eau d'un puits tout proche.

L'eau ne manquera d'ailleurs pas davantage aux habitants du village de La Haye, dont les habitations sont à proximité de la troisième source. Il y a là encore de nos jours trois feux. Jadis, ce n'était pas trois feux que l'on comptait à cet endroit. Les vieux le savent, pour les avoir connus. Les jeunes ne sont pas moins renseignés, parce qu'ils vivent au milieu des ruines marquant l'emplacement des maisons détruites. Entre ces ruines et le groupe principal des demeures insistantes, deux cuvettes naturelles bordées de fougères, de scolopendres et de mousses grêles, recueillent les filets d'eau qui surgissent de toutes parts, et passent même sous l'aire de terre battue des chaumières limitrophes. Le lieu est élevé, à une altitude plus haute que celle de La Picotière, inférieure toutefois à celle du bois de Soulles. »[2]

Notes et références

  1. Michel Hébert et Jean-Pierre Lehoussu, La Belle histoire des moulins de la Manche à vent et à eau, éd. Charles Corlet, 2002, p. 71.
  2. Fernand Vatin, Les Moulins de la Joigne, imprimerie A. Lemasson, 1941.

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