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Jean Nicollet

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Jean Nicollet débarquant dans la baie des Puants.

Jean Nicollet dit de Belleborne, né probablement à Hainneville ou Cherbourg vers 1598 et mort à Québec (Canada) le 27 octobre 1642, est une personnalité de la Manche, explorateur de l'Amérique du Nord.

Biographie

Famille et premières années

Ambassade de Jean Nicollet au lac Michigan.

On ne connaît presque rien des premières années de Jean Nicollet.

Son contrat de mariage mentionne qu'il est le fils de Marguerite de La Mer et de Thomas Nicollet, messager ordinaire du roi entre Cherbourg et Paris [1], mort entre 1611, date de la naissance de sa dernière fille, et 1616, année de l'engagement de Jean [2].

Lors de son arrivée au Canada, Jean Nicollet dit être de Cherbourg, mais les registres de la Sainte-Trinité restent muets sur sa naissance [1]. L'absence d'état civil empêche de confirmer la tradition qui le fait naître « près de l'église d'Hainneville », d'où est originaire sa famille [3]. Dans cette commune, la rue Jean-Nicollet était autrefois rue des Nicollet, patronyme très fréquent à Hainneville. Son père y possède des terres, mais par son métier, il est probable qu'il habite avec sa famille Cherbourg, d'où part le courrier et où naissent tous ses enfants après 1600, tandis que les baptêmes des aînés n'ont laissé aucune trace [2].

Ses deux frères aînés s'attacheront également à la Nouvelle-France, Gilles comme prêtre séculier de 1635 à 1647 [1], et Pierre, en 1637 et de 1640 à 1647 comme matelot. Euphrasie Madeleine Nicollet, baptisée à Cherbourg en 1626 et probable fille de Pierre, épouse à Québec Jean Le Blanc le 21 novembre 1643, puis en secondes noces Élie Dusceau le 11 février 1663 [2].

Le 22 octobre 1637, Jean Nicollet épouse une filleule de Samuel de Champlain, Marguerite Couillard, née à Québec le 10 août 1626 de Guillaume Couillard, charpentier-calfat installé au Canada en 1613 avant de devenir agriculteur, et de Guillemette Hébert. De l'union naît un garçon et une fille, Marguerite, qui épouse Jean-Baptiste Legardeur de Repentigny, membre du Conseil souverain. Après la mort de Nicollet, sa femme se remarie à Québec en 1646 à un certain Macard [1]. Il a également eu une fille naturelle en 1628, probablement d'une Nepissingue [4].

Exploration du Canada et de l'Amérique du Nord

Timbre poste américain pour le tricentenaire de la découverte du Wisconsin.

La tradition le fait débarquer au Canada en 1618 comme interprète pour la Compagnie des Marchands de Rouen et de Saint-Malo [4]. Cependant, l'acte par lequel il vend une terre d'Hainneville, fait en sa présence le 10 mai 1619 indique, soit un départ postérieur à cette date, soit au minumum une installation définitive au Canada plus tardive [5].

Champlain le missionne l'année de son arrivée[4] ou vers 1620[1], auprès des Algonquins à l’île aux Allumettes. Il y reste deux ans pour y apprendre leur langue, et accompagne 400 d'entre eux dans une mission réussie de paix chez les Iroquois vers 1622 [1]. Il passe ensuite 8 ou 9 ans parmi les Népissingues, entre la Rivière des Outaouais et le lac Huron [5].

Après la prise de Québec par les Anglais en 1629, il empêche les Anglais, par sa présence chez les Hurons, de commercer avec eux [4].

Au retour des Français à Québec en 1632, il y est rappelé pour y être employé comme commis et interprète de la Compagnie des Cent-Associés [4].

Le 1er juillet 1634, deux convois de canots quittent Québec pour remonter le Saint-Laurent jusqu'au lieu de fondation du fort de Trois-Rivières, à laquelle participe Nicollet par l'élévation des palissades. Il est ensuite du second convoi qui, sous l'égide du père Jean de Brébeuf, doit explorer via la rivière Outaouais, les « pays d'en haut », territoire de l'actuel Ontario. Nicollet laisse le missionnaire sur l'île des Allumettes, et rejoint les Algonquins du lac du Nipissing pour préparer la suite de son voyage. Accompagné de sept Hurons à bord d'un canot d'écorce, il longe la rive nord du lac Huron, rejoint le lac Supérieur, jusqu'au « Sault-Sainte-Marie » où il séjourne avant de franchir le détroit de Mackinaw pour accéder au lac Michigan. Il rejoint la Baie verte, au nord-ouest du lac, puis il remonte la rivière aux Renards pour atteindre celui de la Nation des Puants[1] dont il doit pacifier les relations avec leurs voisins Algonquins pour ne pas qu'ils commercent avec les Hollandais [4]. Delà, il accède à la rivière Wisconsin qu'il descend peut-être jusqu'au Mississippi. Il pénètre également chez les Illinois au sud-ouest du lac Michigan, premier occidental à explorer cette région [1].

Il retrouve Québec au début de l'automne de 1635, « ayant conquis à l'influence française, rien que par des moyens pacifiques, de nombreuses populations inconnues auparavant »[1]. La mort de Champlain met un terme aux missions de Nicollet, qui revient à Trois-Rivières comme commis de la Compagnie des Cent-Associés et reçoit une « concession de 160 arpents de bois en commun avec Olivier Letardif dans la banlieue le 23 mai 1637 » [4]. Propriétaire avec son beau-frère, Olivier Le Tardif, commis général de la Compagnie, du fief de Belleborne, situé probablement dans les plaines d’Abraham, à Québec, il prend le titre de sieur de Belleborne [4].

Il remplace temporairement le commis général de la compagnie, son beau-frère Letardif, à l'été 1642 quand on lui demande en octobre de se rendre au plus tôt à Trois-Rivières pour délivrer un prisonnier iroquois que les Hurons s’apprêtaient à torturer. La chaloupe qui le transportait vers Trois-Rivières est renversée par un fort coup de vent, près de Sillery et, ne sachant pas nager, il se noie [1].

Hommages

Un temps oublié, Nicollet est considéré comme un pionnier de l'exploration des Grands lacs et des territoires de l'Ouest, vu comme le « Jacques Cartier du Wisconsin » [1].

Il existe une rue Jean-Nicollet à Cherbourg-Octeville, dans le quartier du Maupas.

Il existe également une ville nommée Nicolet au Canada, dans la municipalité régionale de comté (MRC) de Yamaska-Nicolet (région du Centre-du-Québec). Forte de 8 169 habitants, elle accueille l'évêché et l'école nationale de police du Québec.

Bibliographie

Livres
  • René Blémus, Jean Nicollet en Nouvelle-France, éd. Isoète, 1988.
Articles
  • Robert Guégan, « Jean Nicollet, un Cherbourgeois explore le Québec », Pays de Normandie, n° 18, janvier-février 1999, pp. 36-43.

Notes et références

  1. 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 et 1,10 Henri Jouan, « Jean Nicollet de Cherbourg, interprète, voyageur au Canada (1618-1642) », Revue manchoise, 1886.
  2. 2,0 2,1 et 2,2 René Blémus, Jean Nicollet en Nouvelle-France, éd. Isoète, 1988.
  3. Abbé Allix, 1908.
  4. 4,0 4,1 4,2 4,3 4,4 4,5 4,6 et 4,7 Jean Hamelin, « Nicollet de Belleborne, Jean », Dictionnaire biographique du Canada en ligne, University of Toronto/Université Laval, 2000.
  5. 5,0 et 5,1 Marcel Trudel, « Jean Nicollet dans le lac Supérieur et non dans le lac Michigan », Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 34, n° 2, 1980, p. 183-196.

Articles connexes

Liens externes