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Jérôme Costin

De Wikimanche

Jérôme Jean Costin, dit Jérôme Dom Costin, né à Saint-Nicolas-de-Coutances le 19 avril 1759 [1] et mort au Dézert le 31 mars 1825 [2], est une personnalité religieuse de la Manche.

Le premier archiviste départemental

Fils de Jérôme Costin, marchand confiseur et de Marie-Anne Gontier, Jérôme-Jean Costin entre chez les bénédictins de Saint-Maur à 15 ans[3]. Clerc, élève du professeur de rhétorique Deshayes, il a les honneurs à 16 ans d'un premier prix du collège de Coutances pour une Ode sur le sacre et le couronnement de Louis XVI, publiée dans Mercure de France [4] et moquée par Nougaret [5]. Il entre à l’abbaye du Bec où, après des études de droit, il acquiert une vaste érudition [6].

Après la suppression des ordres religieux en 1790, il revient dans sa ville natale et s’y distingue aussi par ses ardeurs révolutionnaires [6]. Il prête le serment civique et est vicaire épiscopal en 1791, en poste au Mans. Docteur ès loi, il enseigne les belles lettres, la philosophie, le droit canon, la théologie et l'éloquence sacrée [3].

Les autorités lui confient aussitôt la charge de bibliothécaire départemental de la Manche avec, pour mission, de rassembler, inventorier et cataloguer tous les biens nationaux ayant une valeur artistique et historique [6].

La tâche est rude et vaste, mais l’ancien moine profite de sa position pour se servir le premier. Il acquiert pour deux millions de francs de biens nationaux (presbytères, moulins, fermes, etc.). C’est probablement ce qui lui vaut d’être qualifié d’intrigant dangereux. Mais Jérôme Costin n'est point inquiété. Il jouit de hautes protections révolutionnaires auxquelles il a donné de sérieux gages en se mariant avec une de ses belles-sœurs [6], Jeanne Agathe Élisabeth Legoubin, le 22 avril 1794, qui lui donne trois enfants [3].

Son zèle et son attitude sont vite récompensés : il est nommé secrétaire général de l’administration centrale mais ne garde pas son poste lors de la création de la préfecture en 1800, malgré le soutien de Charles François Caillemer. Il devient alors archiviste départemental [7]. On dit qu’il exerça alors une grande influence sur la politique départementale [6].

Il est nommé professeur de législation à la nouvelle école centrale (lycée) d’Avranches. Il est également professeur à l'Université de Caen. Il cesse toute fonction publique en 1803 et se retire à l'une de ses propriétés, la maison abbatiale de l'abbaye Sainte-Catherine-de-la-Perrine du Dézert [6]. Là, il se consacre entièrement à l’éducation de ses fils : Victor, l'aîné né le 17 janvier 1795, conseiller municipal et membre de la garde nationale de Saint-Lô après la révolution de Juillet, et Paul, le cadet, médecin à Montmartre, « l'un des docteurs qui se sont le plus dévoués au salut des cholériques », et dont la participation aux Trois Glorieuses lui vaut la croix de Juillet [8].

En 1811, occupant la fonction de percepteur au Dézert, il a un revenu évalué à 7 000 francs [3].

On a de lui [8] :

  • Discours prononcé, le jeudi 30 juin 1791, devant la Société patriotique du Mans par JJ Costin, docteur-ès-loi, ci-devant bénédictin de St-Maur, et professeur de droit canonique en l'abbaye de St-Étienne et université de Caen, venant renouveler dans son sein, le serment prononcé le dimanche 26 juin, dans l'église cathédrale et paroissiale du département, comme vicaire supérieur du séminaire constitutionnel de la Sarthe, Le Mans, imprimerie de Monnoyer, in-8° de 18 pages ;
  • Le catholicisme de l'assemblée constituante, démontré par la discipline des premiers siècles, et les procès-verbaux du clergé ; ou instruction pastorale, dogmatique, de M. l'évêque du département de la Sarthe au clergé et aux fidèles de son diocèse, sur les contestations qui divisent l'église de France, Le Mans, Monnoyer, 1792, in-8° de 397 pages ;
  • Discours prononcé le 30 thermidor an II, par J. J. Costin , président du conseil d'administration de l'école centrale d'Avranches, pour la clôture de cette école , etc., In-4° de 3 pages, sans nom d'imprimeur.
  • Économie de trois millions pour la République et précis des motifs de sagesse et justice qui s'opposent à la translation de l'administration centrale de la Manche à Saint-Lô, distribué à l'appui des adresses en réclamation de la conservation du chef-lieu à Coutances (4 brumaire an IV), Paris, Impr. de Fantelin, In-8 ° de 19 pages.

Notes et références

  1. Naissance : « Acte de baptême » — Archives de la Manche ­— (BMS) Saint-Nicolas-de-Coutances 1759-1763 (E21) — Vue : 24/251
  2. Décès : « Acte de décès » — Archives de la Manche ­— (NMD) Le Dézert 1823-1832 (E64) — Vue : 64/244
  3. 3,0 3,1 3,2 et 3,3 Louis Bergeron et Guy Chaussinand-Nogaret, Grands notables du Premier Empire : notices de biographie sociale, vol. 13-16, Centre national de la recherche scientifique, 1978.
  4. Mercure de France, janvier 1776.
  5. Anecdotes du règne de Louis XVI, J. F. Bastien, 1776.
  6. 6,0 6,1 6,2 6,3 6,4 et 6,5 René Gautier (dir.), Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 1, éd. Eurocibles, Marigny.
  7. François de Lannoy, « Après la Révolution : les débuts de l'Administration préfectorale dans la Manche », Annales de Normandie, vol 39, numéro 39-4, 1989.
  8. 8,0 et 8,1 Annuaire du Département de la Manche, J. Élie, édition n° 5, 1833, pp. 281-283.

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