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Industrie textile dans la Manche

De Wikimanche

La dernière Fileuse de mon village, Guillaume Fouace.

L'industrie textile est un secteur de l'activité économique de la Manche.

Histoire

Au 14e siècle

Saint-Lô est une place de marché de premier ordre, réputée pour son drap de laine et portée par l’artisanat exploitant les cours d’eau rapides du Torteron et de la Dollée. On retrouve aux grandes foires de Bourgogne, notamment à Châlons-sur-Saône des drapiers de Saint-Lô, Torigni-sur-Vire et Saint-James.

Au 17e siècle

Le drap de Valognes est réputé.
1668 voit la fondation d'une manufacture de draps à Cherbourg.

Au 18e siècle

Coutils, toiles de crin et rubans font la renommée de Canisy.

Au 19e siècle

À la fin du premier Empire, la filature et le tissage du lin dans la Manche ont toujours une certaine activité : la filature occupe principalement des ouvrières à domicile : « 32 000 femmes à peu près en font leur principale occupation lorsqu'elles ont vaqué aux soins du ménage et aux travaux de l'agriculture à l'époque des récoltes. » Le tissage, réservé aux hommes, se fait dans des conditions analogues, autour de Canisy, Saint-James et Coutances.[1].

Cametours est un centre de tissage de la toile. En 1831, sur 1068 habitants, on recense 144 tisserands et 169 fileuses et dévideuses, en 1861 85 toiliers, 102 toilières et 50 fileuses [2].

En 1840, la plupart des filatures de laine travaillent pour les habitants des campagnes. Ceux-ci font teindre ensuite les laines filées pour en fabriquer une étoffe connue sous le nom de droguet, dont la chaîne est en fil de chanvre et la trame en laine de diverses couleurs. On peut évaluer environ à 412 590 mètres les droguets fabriqués avec les laines filées dans le département. C'est plus qu'il n'en faut pour la consommation : l'excédant est vendu dans les départements limitrophes. On fabriquait auparavant, à Saint-Lô, des étoffes dont la trame et la chaîne étaient en laine [3].

On recense à Saint-Lô : 4 filatures, 12 cardes, 21 métiers, 1450 broches, une filature à Torigni, une à Quibou, une à Avranches, deux à Saint-James, deux à La Haye-du-Puits, une à Saint-Brice-de-Landelles, une à Martinvast, deux de coton au Neufbourg, une à Négreville, une au Vast, une à Gonneville. Toutes ces filatures occupent 392 hommes, 518 femmes et 473 enfants [3].

À Pontorson, une fabrique de dentelles occupe 65 ouvrières, à Avranches, 90 enfants recueillis à l'hospice font de la dentelle [3].

On compte deux fabriques de cordages à Granville, une à Donville et celle de l'arsenal de Cherbourg [3].

Au Mont-Saint-Michel, la prison installée dans l'abbaye occupe 42 détenus dans l'atelier de filature de lin, 52 dans l'atelier de fabrique de chapeaux de paille et de cabas, et 325 détenus dans celui de tissage de calicot [4]. Ces derniers fabriquent 240 000 mètres de calicot fort [3].

En 1904

Le Bouais-Jan rapporte qu'il existe encore des tisserands à Digosville et dans « une ou deux communes du Val de Saire », mais que leur activité est vouée à disparaître face à la concurrence des grandes fabriques. « Les seuls articles qui se font encore sont les mouchoirs de couleur et le droguet; la toile se tisse plus rarement. [...] Avant peu, les tisserands dans le nord de la Manche seront légendaires, leurs métiers sont déjà des objets de curiosité. » [5].

En 2016

Des entreprises installées surtout dans le sud de la Manche visent le « haut de gamme » dans le cuir et le textile : Tricots Saint-James et Ateliers Louis Vuitton.

Enseignement

Anciennes entreprises

Entreprises actuelles

Personnalités

Odonymes

Bibliographie

  • François de Beaurepaire, « Un bourg drapier au Moyen Âge : Saint-James », Revue du département de la Manche, t. 7, 1965, p. 3-36
  • Jeanne-Marie Gaudillot, « La manufacture de draps de Saint-Lô, de Colbert à la Révolution », Revue du département de la Manche, fasc. 34, avril 1967, p. 98-117
  • Michel Dubois, « Fragments d'un règlement du XVe siècle pour la draperie de Saint-Lô », Annales de Normandie, 1968, vol. 18, p. 97-101 lire en ligne)
  • Henri Dubois, « Drapiers normands aux foires de Bourgogne à la fin du Moyen Âge », Mélanges d’Archéologie et d’histoire médiévale en l’honneur du doyen Michel de Boüard, Caen, Annales de Normandie, vol. 1, 1982, p. 229-242 (lire en ligne)
  • Alain Leménorel, « Géographie et structures de l'industrie textile en Haute et Basse-Normandie au XIXe siècle », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, 1990, vol 97, n° 3, p. 355-382 (lire en ligne)
  • Véronique Gaignard, « Fileuses et tisserands de la Hague », Archéologie, histoire et anthropologie de la presqu’île de la Hague, études et travaux, volume n° 6, 2011, p. 53-59 (lire en ligne)

Notes et références

  1. J. Vidalenc, « L'industrie dans les départements normands à la fin du Premier Empire », Annales de Normandie, vol. 7, 1957, p. 297 (lire en ligne).
  2. Édith Languille, « Modifications de l'habitat rural à Cametours (Manche) 1826-1937 », Annales de Normandie, vol. 1, 1951, p.71-83.
  3. 3,0 3,1 3,2 3,3 et 3,4 « Statistique industrielle du département de la Manche », Annuaire du département de la Manche , imprimerie d'Élie fils, Saint-Lô, 1842, vol. 14, p. 207-211 (consultable sur Google livres).
  4. Le calicot est une toile de coton utilisée pour les vêtements et sous-vêtements à usage courant.
  5. Le journal de l'arrondissement de Valognes, 26 février 1904.
  6. « Valognes. L’usine Brunot-Tantot vidée de son matériel  », Ouest-France.fr, 31 mai 2017