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Huit escales à Cherbourg le même jour (1925)

De Wikimanche

Huit escales à Cherbourg le même jour

Le vendredi 29 mai 1925 est un jour marquant dans l'histoire du port transatlantique de Cherbourg : huit paquebots y font escale [1] [2], avec 3 000 passagers en transit dans la gare maritime [1] [3]. C'est un record.

Cette journée exceptionnelle commence tôt. À 5 h 30, les transbordeurs de la White Star, le Traffic, le Nomadic et l' Alsatia, appareillent pour aller accoster le Majestic, mouillé en rade [1]. Ils sont de retour avant 7 h 30. À ce moment, le Welcome, le Landemer, le Lotharingia et l'Avenir s'en vont rejoindre le Léviathan [1]. Après quoi, le Chantecler sort à son tour à la rencontre du Gelria, du Lloyd hollandais, qui arrive d'Argentine [1].

Cherbourg-Éclair, 30 mai 1925.

Les 850 passagers du Majestic débarquent à la gare maritime vers 8 h [1].

Mme Edith Wilson, veuve de l'ancien président des États-Unis Woodrow Wilson en exercice de 1913 à 1921, prend place, elle, dans la Rolls Royce de Miss Baruch [1]. Le vice-consul des États-Unis, L. Pittman Spring, est venu spécialement la saluer à bord, en rade [1] [3]. D'autres célébrités figurent parmi les passagers : les comédiens américains Jack Pickford (1896-1933) et Marilyn Miller (1898-1936), le révérend allemand Clemens August von Galen (1878-1946), ancien chapelain de l'empereur d'Autriche, le colonel James Logan [1]...

À 10 h 30, les 1 150 passagers du Léviathan débarquent à leur tour, créant une belle cohue dans la gare maritime [1]. On débarque un ballon dirigeable qui va concourir à Bruxelles [1] [3]. La célèbre danseuse russe Anna Pavlova (1881-1931) débarque aussi pour se rendre à Paris [1]. On débarque encore le cadavre de M. Trnka, un Polonais de 62 ans, trouvé mort dans sa cabine pendant la traversée [1][3]. Son corps fut immergé [1]. Le lendemain, Mme Kubena donne naissance à un garçon, aussitôt prénommé John Leviathan [1] [3].

Trois trains spéciaux partent à 9 h 15 pour emmener à Paris la plupart des voyageurs [1]. Un autre train prend la direction de Prague (Tchécoslovaquie) avec 500 voyageurs de 3e classe [1].

Adrien Macé, vice-président de la Chambre de commerce, et Charles Chalos, ingénieur des Ponts-et-chaussées, viennent surveiller les opérations [1].

Un peu plus tard, l'America mouille sur rade, venant de New York [1].

Dans la même journée, le port accueille le Republic, l' Almanzora, l'Albania et le Columbus, au départ de leur traversée de l'Atlantique [1].

Ces cinq paquebots provoquent l'arrivée dans la journée de douze trains spéciaux, venant de Paris, avec 2 645 passagers, 2 209 colis et 4 195 sacs postaux [4].

Les Cherbourgeois n'en reviennent pas de voir une telle activité en grande rade. Tous les services portuaires sont mis à forte contribution. le quotidien Cherbourg-Éclair remarque : « Nous n'oserions dire que ces escales se soient faites dans l'ordre le plus parfait ; l'état actuel des locaux de la gare ne l'eût point permis ; mais il faut signaler que, grâce à l'intelligence de tout le personnel, aucun incident ne s'est produit » [1].

Un passager du Gelria est retenu quelques heures dans les locaux de la police des frontières. Il s'agit d'un Français, Numa A. d'Espalion, recensé comme déserteur de la Première Guerre mondiale, qu'il a passée en Argentine où il a fait fortune [1] [5]. Mais il n'est pas inquiété car il paraît pouvoir bénéficier d'une mesure d'amnistie [5].

Le lendemain samedi 30 mai est plus calme. Mais cinq paquebots font encore escale, embarquant ou débarquant plus de 1 000 passagers [6], dont le Pittsburgh [7]. Le dimanche 31 mai, deux paquebots sont encore au rendez-vous sur rade, dont l'Aquitania qui débarque 50 excursionnistes [6].

Notes et références

  1. 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 1,10 1,11 1,12 1,13 1,14 1,15 1,16 1,17 1,18 1,19 1,20 et 1,21 « Près de 3 000 passagers traversent la gare maritime », Cherbourg-Éclair, 30 mai 1925.
  2. Le chiffre de huit est le plus couramment admis. L'Ouest-Éclair, du 30 mai 1925, annonce tout de même neuf escales, mais seul Cherbourg-Éclair donne la liste des huit paquebots. La Vie du Rail, n° 974, du 13 décembre 1963, mentionne le Seleria comme paquebot au départ que personne d'autre ne cite. La différence vient peut-être de là.
  3. 3,0 3,1 3,2 3,3 et 3,4 « Les Américains à Cherbourg », L'Ouest-Éclair, 30 mai 1925.
  4. La Vie du Rail, n° 974, 13 décembre 1964.
  5. 5,0 et 5,1 « Le retour de l'ancien déserteur », L'Ouest-Éclair, 31 mai 1925.
  6. 6,0 et 6,1 « Le mouvement transatlantique à Cherbourg », L'Ouest-Éclair, 1er juin 1925.
  7. Cherbourg-Éclair, 1er juin 1925.