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Histoire féodale et religieuse de Joganville

De Wikimanche

L'histoire féodale et religieuse de Joganville est extrêmement complexe : la paroisse comprenait une cure à deux portions et deux fiefs portant le nom de Joganville, l'un sous la baronnie de la Hougue, l'autre sous la baronnie d'Olonde.

Le nom d'Auberville n'est mentionné que très tardivement en 1576.

Historique

Famille Thomas (XVIe-XVIIe s.)

En 1576, Jacques Thomas est sieur d'Auberville [1]

La famille Thomas, anoblie en 1484 (Chamillart), porte pour armoiries : "de gueules, à trois mains armées de coutelas ou dextrochères, d'argent," et est établie à Joganville, Saint-Floscel, Fresville, Écausseville, Écoquenéauville, Quettehou, Néville-sur-Mer, etc...

Ses membres portent les titres de sieurs des Poteries, de Hautquesney, des Orengeries, du Désert, du Saussey, de Montlaville, du Tronqué, du Pré, du Rocher, de Hercla, de Boisrobert, etc...

La branche propriétaire de la seigneurie d'Écausseville s'est éteinte le 18 décembre 1700, en la personne de Bonne Thomas, marquise d'Harcourt.

En 1598, Adrien et Bonaventure Thomas, sieurs d'Auberville, fils de Jacques, sont confirmés dans leur noblesse par Roissy.

Bon Thomas, écuyer, sieur d'Auberville est ainsi décrit dans le rôle de 1640 : "Homme de 50 ans ; aime la bonne chère et ne se mesle d'autre chose ; a 12.000 livres-tournoi de rente ; petite alliance de son costey. Parent de Canizy, du costey de sa mère." [2]). Il meurt le 8 avril 1655.

Marie Senot, sa veuve se remarie avec Antoine de La Luzerne, seigneur de Brévands. Leur fille, Harie-Renée-Jacqueline <ie La Luzerne épouse Hervé Le Berseur, marquis de Fontenay, devenu grand bailli d'épée du Cotentin, à la mort de son oncle, Antoine de La Luzerne, marquis de Brévands.[3]

Famille Davy (XVIIe-XVIIIe s.)

Catherine Thomas épouse Bernard Davy, écuyer, sieur du Perron, de la Champagne et de Quettreville.

Leur fils aîné, Charles Davy, seigneur et patron de Quettreville (1609-1666), épouse, à Joganville, le 12 novembre 1650, Suzanne de Canivet, fille de Gilles, seigneur de Mussé, Viéville et Léoparty. Le rôle de 1640 dit de lui : "Jeune homme non marié ; a peu de suffisansse ; riche de 6.000 livres-tournoi de rente. Peu d'alliance ; est de la mesme famille de feu M. le Cardinal du Perron. Sa mère portait le nom de Thommas, de la maison d'Auberville ; de petite extraction, mais, à présent, riche". [4]

Leur fils cadet, Bernardin Davy (1621-1694), est seigneur et patron de Joganville, d'Auberville (en 1678), puis de Fresville ; il épouse, à Joganville, le 1er juin 1662, Marie Cabieul, fille de Jean, décédée à Fresville, le 20 avril 1687. Leur fille Marie Davy (1665-1752), est dame de Fresville et Auberville, mais - Auberville échoit avant 1712 à son cousin germain, Pierre-Hubert Davy (1655-1730), fils de Charles Davy et de Suzanne de Canivet. [5]

Famille Jacquemin

De 1738, au moins, à 1751, Alexis-Gabriel Jacquemin est sieur d'Auberville. Sa famille vit à Saint-Floscel et à Valognes, où elle occupe de petites charges de justice. Ses membres se titrent sieurs de la Londe, des Flories, de la Boulée, des Vallons, de la Dune, etc...

Louis Jacquemin, avocat puis docteur en médecine à Valognes, où il est décédé en 1731, est en procès avec l'hôpital de cette ville au sujet de l'entretien d'un enfant naturel, en 1727 et 1728. Le mémoire produit par l'hôpital pour sa défense rapporte que "D'abord avocat, le sieur Jacquemin s'était rendu à Paris, au Conseil, pour soutenir un procès contestant la noblesse du sieur de Saussetour-Basan, de Montebourg. Pendant son séjour, il rencontre un charlatan "qui deub luy apprendre la composition d'une poudre qui doit guérir toutes sortes de maux... Il revint avec cette poudre, et pour s'installer, il alloit de porte en porte et de maison en maison fureter les malades et offrir ses remèdes"... Il part à Caen "où il acheta des lettres de doctorat en médecine (je dis bien il acheta, car il y fut très peu de temps)..." "quoiqu'il n'eust jamais étudié ni lu la moindre notice de médecine"... "On impute à son ignorance extrême en cet art, la mort de trois femmes... cela a bien fait du bruit et même crier contre les lettres de docteur en médecine en l'u­niversité de Caen".[6]

Alexis-Gabriel Jacquemin, sieur d'Auberville, garde de la Connétablie de France, naît à Valognes le 20 avril 1709, de Jacques Jacquemin, sieur de la Boulée, avocat, et de Mlle Suzanne Guiffard qui se sont mariés en cette ville le 16 juin 1707. Il épouse Mlle Marguerite-Jacqueline Hervieu qui lui donne plu­sieurs enfants : 1°) Marguerite-Gabriellé-Françoise, baptisée à St-Floscel le 23 mai 1738 2°) Gilles-Gabriel, né à St-Floscel, le 6 octobre 1739 3°) Charles-Alexis, né à St-Floscel le 23 novembre 1740 4°) Marie-Françoise, née à St-Floscel le 7 mai 1747.

Le 2 septembre 1751, peu après son décès, le notaire de Valognes répertorie le mobilier d'une maison située rue du Pasnage qu'il louait pour loger plusieurs de ses enfants étudiants au collège de Valognes. [7]

Famille d'Harcourt (seconde moitié du XVIIIe-XIXe s.)

Jacques d'Harcourt, baron d'Olonde, seigneur de Canville, des Maires, d'Auberville, de Joganville, de Lestre, d'Englesqueville, etc.., meurt à Valognes le 11 mars 1767 et est inhumé le lendemain dans l'église de Saint-Sauveur-le-Vicomte. Il épouse Anne-Charlotte de Mailliart qui lui donne plusieurs enfants : 1°) Guillaume-Charles, baptisé à Valognes, le 26 décembre 1741 2°) Charles-Louis-Hector, né au château d'Écausseville le 15 juillet 1743 3°) Rase-Charlotte-Françoise, baptisée à Valognes le 14 juillet 1756.

Charles-Louis-Hector marquis d'Harcourt meurt à Paris le 5 juin 1820. Il "fut de ceux qui s'associèrent d'abord à l'élan de la Révolution. Il n'émigra point et fut détenu sous la Terreur. Nommé par l'Empereur membre du Conseil général de la Seine, il signa en 1814 la déclaration qui rappelait Louis XVIII. Chevalier de la Légion d'honneur, il fut promu pair de:France le 4 juin 1814, maréchal des camps, puis lieutenant-général (10 mars 1815). Il vota pour la mort dans le procès du maréchal Ney. Louis XVIII lui accorda le droit d'ajouter une fleur de lis à ses armes".[8]. Il était propriétaire d'Auberville.

Il semble qu'une partie de sa succession, dont Auberville, soit passée à Anne-Charlotte-Victoire d'Harcourt, épouse d'Alexandre-Joseph, marquis de Boisgelin, dont la fille, Marie-Charlotte de Boisgelin, épouse Emmanuel-Joachim-Harie de Dreux-Brézé, (1797-1848), fils de Henri-Evrard de Oreux-Brézé, grand-maître des cérémonies de France.[9] [10]

Du XIXe s. à nos jours

César Henri Joseph de Moré, comte de Pontgibaud (1821-1892), marié en 1847 avec Noémie Louise Alexandrine Le Vicomte de Blangy, propriétaire du château de Fontenay, conseiller général du canton de Montebourg, achète Auberville vers 1848. L'une de ses filles, Marie de Pontgibaud (1848-1887), épouse en 1874, le comte Guy-Ange de Pracontal[11]

Auberville qui appartient au comte de Pracontal a servi de quartier général au général Roosevelt.

Le manoir est à présent la propriété de monsieur Édouard Marie dont la famille compte plus de 150 ans de présence comme fermiers à Auberville[12].

Notes et références

  1. État des nobles de l'élection de Valognes en 1576, In N.H.O., t.16, 1898, p.57.
  2. N.H.D., t.ll, 1893, p.32
  3. Cte de Pontgibaud, le Chartrier de Fontenay, Caen, Delesque, 1913, p.163 sq.
  4. N.M.D., t.II, 1893, p.8
  5. Abbé Canu, Histoire généalogique des Davy. 1958, p.20-22
  6. Archives départementales de la Manche, H, Hôpital de Valognes, liasse 415
  7. Notaire de Valognes, inv. n° 1003, 2 sept.1751, f° 544-545
  8. Robert et Cougny, Dictionnaire dès Parlementaires, t.3, p.309
  9. Archives départementales de la Manche, F, Fonds Oorey, liasse 150, Vasselin
  10. Dictionnaire de Biographie Française, Dreux-Brezé, notices 13, 14, 15
  11. Comte de Pontgibaud, Le Chartrier de Fontenay, Caen, Oelesques, 1913, p.541
  12. « La fidélité à la terre nourricière », Bulletin des Normands de Paris, n° 66, de janvier-mars 1923.

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