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Henri Damemme

De Wikimanche

Henri Damemme, né à Saint-Lô le 18 septembre 1776 et mort à Caen le 7 mars 1845, est une personnalité de la Manche, coutelier de son état.

Biographie

C'est le fils d'un arquebusier dont on apprécie les fusils.

Henri Damemme est confié à l'un de ses parents qui contribue à rendre St Lô célèbre pour la supériorité de sa coutellerie. L'ouvrier étonne son maître par ses questions et ses qualités d'observation. Il s'intéresse à la trempe de l'acier. Chaque jour, il note dans sa mémoire ce que lui offre la pratique. En 1810, il en rédige un volume qu'il adresse à la Société d'agriculture de Caen. Cette Société adresse le manuscrit à la Société d'encouragement pour l'industrie nationale, en juillet 1812, avec le rapport de M. Prudhomme, professeur d'hydrographie. Le 23 juin 1813, la Société d'encouragement fait un rapport des plus honorables sur le travail du coutelier saint-lois. Une place est créée pour lui avec un traitement de 10 000 francs.

Mais l'Empire a d'autres préoccupations qui lui font oublier Damemme, et la Restauration trouve d'autres dettes à payer. On lui propose en 1821 une place de maître à 4 000 francs, mais marié à Caen et âgé de 45 ans, il refuse.

Cependant, plus il avance dans sa carrière, plus il souhaite publier ses observations. Aussi fait-il imprimer à ses frais un volume in-8° de 500 pages : Essai pratique sur l'emploi ou la manière de travailler l'acier, paru en 1835

L'Essai pratique sur l'emploi de l'acier est un ouvrage complet sur la matière, puisqu'il traite successivement, en neuf chapitres, de la préparation et de la nature des diverses qualités d'acier, du forgeage, du recuit après la trempe, des épreuves de l'acier, la trempe et le recuit après la trempe, de la trempe en paquet, et de la résistance de l'acier.

L'un des premiers, il imite cet acier damassé, dont la surface est ornée de dessins variés et bizarrement conformés et avec lequel les Orientaux fabriquent ces lames si légères et si tranchantes qu'ils coupent une tête de coton mouillé aussi facilement qu'un pain de beurre.

Damemme est le premier à reconnaître que l'argent communique à l'acier ordinaire la propriété de l'acier damassé. Mais cette découverte, qu'il communique en 1810, est reçue avec indifférence. Cependant, dix ans plus tard, plusieurs chimistes annoncent le même résultat qui fait grande sensation dans le monde savant.

En 1811, il reconnaît que l'huile de baleine donne à l'acier qu'on y trempe un grain plus fin, et permet, par des trempes successives, de réparer et même d'améliorer l'acier qui a été surchauffé en le forgeant.

En mars 1839, un rapport de Gay-Lussac et d'Arago au ministre des Travaux publics présente le mérite éminent de l'Essai sur l'emploi de l'acier.

En 1839 également, le ministre du Commerce souscrit cent exemplaires de l'ouvrage de Damemme. Jusqu'à sa mort, l'auteur ne cessera d'y ajouter de nouvelles découvertes.

Source

Julien Gilles Travers, Annuaire du département de la Manche 1847, Saint-Lô.