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Hôpital-hospice de Bricquebec

De Wikimanche

L'Hôpital-hospice de Bricquebec est une ancienne institution d'assistance et de soins du département de la Manche (1702-1927).

Bien qu'elle intervienne dans le cadre d'un mouvement général impulsé par l'administration royale, la fondation de l'Hôpital-hospice de Bricquebec relève de l'initiative privée. On trouve dès 1655 la trace de rentes instituées par des particuliers « au profit et bénéfice des pauvres mendiants et invalides du bourg et paroisse de Bricquebec » que le curé, «  directeur des pauvres », est chargé de répartir. Mais la création d'un établissement est à mettre au crédit de Guillaume Rouxelin, escuyer, sieur de la Prairie « lequel meu de charité envers les pauvres de la paroisse de Bricquebec leur a volontairement donné, par donation entre vifs, une maison et jardin potager à luy appartenant scise près et derrière l'église de lad. paroisse vulgairement appelée la maison de Sainte-Anne pour servir dorénavant de logement et de retraite aux pauvres les plus infirmes et grabataires qui ne peuvent plus aller chercher leur vie et qui y seront mis et choisis par le sieur curé de lad. paroisse afin que par ce petit logement auprès de lad. église ils soient plus en état et portée de recevoir la charité des fidèles ». Passé devant le tabellion de Bricquebec, l'acte porte la date du 21 janvier 1702.

Plus d'une trentaine d'actes de rentes ou de ventes sont enregistrés dans les années qui suivent au bénéfice du nouvel établissement, mais la maison donnée par Guillaume Rouxelin qui « se composait de quelques appartements » se révèle vite trop petite pour recevoir aussi les enfants trouvés ou nécessiteux. Si bien qu'en 1763, Thomas de Goyon de Matignon, baron de Bricquebec[1], fait construire un nouveau bâtiment à la place de l'ancien, obtient le titre d'hôpital royal et fait en sorte de le doter d'un revenu confortable qui suffira à son fonctionnement jusqu'à la Révolution. L'établissement doit veiller à la nourriture et l'entretien des pauvres, valides et infirmes, et des enfants nécessiteux de la paroisse de Bricquebec, mais aussi de celles des Perques, de Quettetot, du Vrétot et de Surtainville, dépendantes de la baronnie.

Les bouleversements apportés par la Révolution française ont pour conséquence de réduire les revenus de l'établissement et en 1846, sa gestion est fusionnée avec celle du bureau de bienfaisance de la commune de Bricquebec. L'activité de l'hôpital-hospice[2] est recentrée sur l'accueil des vieillards, jusqu'à sa fermeture définitive en 1927.

Dans un conte, Christi-Badet, Charles Frémine met en scène un ancien artisan cloutier qui, ne pouvant plus travailler, est contraint de rejoindre l'hospice et de devenir un hôpitalyi comme disent les gens autour de lui[3].

En 1870 et 1871, les troupes stationnées dans le Cotentin sont atteintes par la variole. Plusieurs de ces soldats, en grande partie d'origine bretonne, sont soignés à l'hospice de Bricquebec (la grande majorité est accueillie à la Trappe de Bricquebec)[4].

Après l'accident ferroviaire du 4 août 1914, plusieurs blessés sont soignés à l'hospice de Bricquebec[5].

L'austère bâtiment reconstruit en 1763 à l'initiative du baron de Bricquebec existe toujours. Il a été transformé en logements et peut se voir depuis la rue du Maréchal-Bertrand, non loin des ruines de l'ancienne église médiévale. L'édifice est composé d'un corps de bâtiment rectangulaire doté d'un escalier extérieur droit en maçonnerie. Il présente un niveau de soubassement, deux étages et des combles sous un toit à longs pans. La façade irrégulière comprend des éléments d'un édifice plus ancien. Une statue est abritée dans une niche creusée dans un petit fronton triangulaire qui couronne la travée centrale.

En 2021, Denis Lefer, après validation par le conseil municipal, projette d'acquérir à titre gratuit le bâtiment auprès du centre communal d'action social (CCAS) afin d’y installer une antenne de Maison France services, la médiathèque et un relais d'assistantes maternelles [6]

Bibliographie

  • Augustin Le Maresquier, « Une institution charitable disparue, l'Hôpital-hospice de Bricquebec (1702-1846) », Mémoires de la Société archéologique, artistique, littéraire et scientifique de l'arrondissement de Valognes, t. 7, 1904, pp. 59-92
  • Paul Lebreton, Bricquebec et ses environs, Éd. Cazenave, 1902

Notes et références

  1. Marie Thomas Auguste de Goyon (1684-1766), marquis de Matignon, baron de Briquebec, comte de Gacé, de Bombon, de Bongay et d'Ormoy, est également chevalier des ordres du roi et brigadier des armées du roi.
  2. Le sens donné aujourd'hui au mot « hôpital » est plutôt récent. Dans le dictionnaire Littré (édité de 1863 à 1877), on trouve la définition suivante, beaucoup plus large : « établissement où l'on reçoit gratuitement des pauvres, des infirmes, des enfants, des malades ». En complément, il indique que le sens administratif est plus précis que l'acceptation courante : « [...] maison de charité établie pour donner des soins gratuits aux malades indigents, par opposition à hospice où on ne reçoit pas les malades ».
  3. Dans le recueil La Chanson du Pays (1893).
  4. Jacques Blin, « Les soldats oubliés de 1870-1871 », in La Voix du donjon n° 68, mars 2011.
  5. Rémi Pézeril et Jacques Blin, « Train 3433 n'a pas lieu : 4 août 1914, un bilan terrible », in La Voix du donjon n° 80, mars 2014.
  6. « Cotentin : un ancien hospice racheté par la commune, plusieurs projets à l'étude », La Presse de la Manche, site internet, 26 septembre 2021 (lire en ligne).