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Guillaume Bras-de-Fer

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Guillaume de Hauteville, dit Bras-de-Fer, né probablement à Hauteville-la-Guichard vers 1005 et mort en 1046, est une personnalité militaire de la Manche.

Biographie

Fils aîné de Tancrède de Hauteville et de sa première femme Murielle, il part dans les années 1030 avec ses frères Dreux et Onfroi en Italie méridionale, pour servir comme milites auprès du comte normand Rainolf Drengot, comte d’Aversa, et au service du prince Guaimar IV de Salerne[1] contre le prince Pandolf IV de Capoue [2].

Guaimar les envoie parmi 300 chevaliers normands, combattre aux côtés des Byzantins en Sicile, pour libérer l'île de la domination musulmane, entre septembre 1038 et 1040. Selon Ferdinand Chalandon, Guillaume renverse le combat lors de la prise de Messine, en motivant par ses paroles les Normands alors que les Grecs de Maniakès étaient écrasés par les défenseurs musulmans. Puis, pour la bataille de Troina, sur les pentes de l'Etna, Chalandon décrit son duel avec l'émir de Syracuse :

« Ainsi, il arriva jusqu'à Syracuse, où commandait un Sarrasin de grand courage et presque de force surnaturelle (…). Dès que les Grecs le virent apparaître hors des murs, à la tête des siens, ils ne tardèrent pas à faiblir et à se disperser. Guillaume, surnommé Bras-de-Fer, à cause de sa valeur et des coups terribles que portait son bras dans les combats, voyant le chef sarrasin venir de son côté au galop le plus rapide de son cheval, mit sa lance en arrêt et s'élança contre lui avec une égale impétuosité. Ce fut avec une telle force et une telle audace, et la violence de l'attaque des deux guerriers fut si grande, que les chevaux eux-mêmes en tressaillirent sur leurs jarrets et faillirent se renverser.
« Quelque terrible que fût le coup du Sarrasin, le Normand resta droit et ferme sur ses arçons, et le fer de sa lance plus habile ou plus acéré, traversa de part en part la poitrine de son ennemi. Arcadius étendit les deux bras, lâchant à la fois ses armes et les rênes de son cheval, et roula à terre. Le cheval du Sarrasin retourna vers la ville, emportant sur sa selle et sur ses longs crins flottants de larges traces de sang. » [3]

Guillaume prend la tête de soldats normands et quelques Varanges, scandinaves au service du basileus, qui décident de quitter les rangs de l'armée byzantine faute d'obtenir les gains attendus [4].

Leur ancien chef en Sicile, l'italien Ardouin, devenu gouverneur de Melfi, les prend à son service en 1040. En réaction, et à la demande des villes voisines de Venosa, Lavello et Ascoli, qui craignent les attaques normandes, les Byzantins affrontent 2 à 3000 Normands menés par notamment par Guillaume, et les conterati lombards, le 17 mars 1041 près de Venosa. Les Grecs, largement plus nombreux, sont battus, de même que le 4 mai près de Montemaggiore, où meurent notamment les évêques Angelos de Troja et Stéphanos d’Acerenza, et près de Montepoloso, le 3 septembre [5]. « Les Normands, supérieurs peut-être par la vigueur physique, l'audace et l'élan ont surtout le grand avantage de former un tout plus homogène et plus solide ; étroitement liés entre eux par le même intérêt, ils sont prêts à tout risquer pour garder la riche proie qu'ils viennent de saisir. » [5].

Guillaume organise le partage des places apuliennes entre 12 barons normands à Melfi en septembre 1042[1] : lui reçoit Ascoli et se fait reconnaître chef des Normands à Matera[5] ; son frère Drogon reçoit Venosa ; Arnollin, Lavello ; Hugues, Monopoli ; Rodolphe, Cannes ; Gautier Fils-d'Ami, Civita ; Pierron, son frère, Trani ; Rodolphe Fils-de-Bébéna, Sant'Arcangelo ; Tristan, Montepoloso ; Hervé, Frigento ; Asclettin, frère de Rainolf d'Aversa, Acerenza ; Rainfroi, Minervino [4]. Afin d'asseoir la légitimité de son pouvoir, Guillaume épouse à cette période une fille de Guy de Sorrente, frère cadet de Guaimar IV, puissant prince de Salerne qui reconnaît ainsi l'élection du comte des Normands : Aimé du Mont-Cassin écrit à propos des Normands que « le prince les reçut comme des fils et leur fit de nombreux dons. Pour les honorer encore davantage, il donna pour épouse à Guillaume le nouveau comte, la fille de son frère » [1].

Guillaume attaque sans succès Bari, puis le Basilicate et la Calabre, où en 1044 il édifie le château de Stridula[2]. Le 8 mai 1046, Guillaume Bras-de-fer bat à nouveau les Byzantins à Tarente ou Trani [6], et meurt prématurément entre mai et septembre, sans descendance.

Il est aussitôt remplacé par son frère Dreux à la tête des Normands de Pouille [1].

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 et 1,3 Aurélie Thomas, « La carrière matrimoniale des fils de Tancrède de Hauteville en Italie méridionale: rivalités fraternelles et stratégies concurrentes. Les stratégies matrimoniales (IXe-XIIIe siècle) », 14, BREPOLS, pp. 89-99, 2013, Histoires de famille. La parenté au moyen âge (lire en ligne).
  2. 2,0 et 2,1 Raoul Manselli, « Altavilla, Guglielmo d', detto Braccio di Ferro »Dizionario Biografico degli Italiani, volume 2, 1960.
  3. Ferdinand Chalandon, Histoire de la domination normande en Italie et en Sicile, 1907.
  4. 4,0 et 4,1 Éric Barré, « Les Normands en Méditerranée », Revue de la Manche, tome 59, fascicule 237, Société d'archéologie et d'histoire de la Manche, juillet-septembre 2017.
  5. 5,0 5,1 et 5,2 Jules Gay, L'Italie méridionale et l'empire byzantin depuis l'avènement de Basile Ier jusqu'à la prise de Bari par les Normands (867-1071), A. Fontemoing, Paris, 1904.
  6. Odéen Jean Marie Delarc, Les Normands en Italie: Depuis les premières invasions jusqu'à l'avènement de S. Grégoire VII, Paris : E. Leroux, 1883.

Articles connexes