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Georges de Brébeuf

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Georges de Brébeuf, régulièrement mentionné sous le nom de Guillaume de Brébeuf au XIXe [1], né à Condé-sur-Vire ou Torigni-sur-Vire vers 1617 et mort à Venoix (Calvados) le 17 décembre 1661 [2], est une personnalité littéraire de la Manche.

Les incertitudes autour de son lieu de naissance

Une tradition orale persistante, s'appuyant juste sur le fait que son père était avocat à Torigni-sur-Vire, le fait naître en ce lieu. Mais, une récente observation détaillée des registres des paroisses alentour, où il est question des différentes branches des Brébeuf, conduit autant à penser que Georges de Brébeuf naquit à Condé-sur-Vire, lieu-dit « la Boissaie », au manoir seigneurial de la famille [3].

Les sarcasmes de Boileau

Issu d'une famille de vieille noblesse normande, Georges de Brébeuf, sans fortune et maladif[4], reçoit une éducation extrêmement distinguée [5] et devient vers 1641 précepteur de Bernardin Gigault de Bellefonds, âgé de dix ou douze ans.

Bien qu’il devient l’ami de Corneille, ce poète léger n'a jamais brillé au firmament des Lettres[6].

Il débute dans la littérature par une parodie burlesque du VIIe livre de l'Énéide. Peu de temps après, il traduit la Pharsale de Lucain, version accueillie avec enthousiasme avant de tomber dans l'oubli. Sans s'approprier les qualités du poète latin, le versificateur français en exagère encore les défauts, l'enflure, les hyperboles, les antithèses, la recherche du grandiose, les descriptions pompeuses, en un mot cette boursouflure de pensées et cette emphase d'expressions que l'imitation espagnole à mises à la mode. Le cardinal Mazarin, ébloui comme le public, lui fait de magnifiques promesses que, suivant sa coûtume il s'empressera de ne pas réaliser [5]. D'après Bruzen de la Martinière, Corneille a ces vers en si grande estime qu'il a dit : « Je donnerais deux de mes meilleures tragédies pour les avoir faits. » Cette admiration est peut-être exagérée mais on trouve chez Brébeuf un grand nombre de vers énergiques et colorés, des traits hardis, des images brillantes, et des descriptions qui n'auraient besoin que de corrections pour être acceptées par des gens de goût [5].

Mais cette traduction en vers assez ampoulés lui attire les sarcasmes de Boileau[6] qui rompt la vogue de Brébeuf en faisant de lui, dans son Art poétique, le type de l'enflure et de l'exagération. Il faut reconnaître que si Brébeuf est dépourvu de sens littéraire, et s'il partage le faux goût de son époque, il est poète en une certaine mesure ; le grand critique, en l'immolant reconnaît que [5] :

Malgré son fatras obscur
Souvent Brébeuf étincelle.

On connaît ces vers de Pharsale[5] :

C'est de là que vient cet art ingénieux
De peindre la parole et de parler aux yeux
Et par des traits divers de figures tracées
Donner de la couleur et du corps aux pensées.

Il est plus heureux avec ses Entretiens solitaires, suite de poèmes lyriques, publiés peu avant sa mort [6]. On a également de lui des Poésies diverses (1658) et des Éloges poétiques [5].

Zélé catholique, qui aurait joué un certain rôle dans la conversion de la reine Christine de Suède, il est aussi l’auteur d’un Traité sur la défense de l’église romaine et d’épigrammes « contre les femmes fardées » [6] dont l'une des épigrammes est [5] :

Quel âge a cette Iris dont on fait tant de bruit ?
Me demandait Cliton naguère
Il faut, dis-je, vous satisfaire
Elle a vingt ans le jour, et cinquante la nuit.

À la fin de sa vie, il obtient la protection de Nicolas Fouquet durant trois ans, jusqu'à la chute du surintendant la même année de sa mort, en 1661.

Georges de Brébeuf était le neveu du missionnaire catholique Jean de Brébeuf.

Notes et références

  1. Notamment Pierre Larousse, Grand dictionnaire général du XIXe siecle, Paris, 1876, et Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 1842-1878
  2. Ancienne commune rattachée à Caen en 1952.
  3. État civil des paroisses de Condé-sur-Vire et Sainte-Suzanne-sur-Vire en particulier.
  4. René Harmand, Essai sur la vie et les œuvres de Georges de Brébeuf, Paris, 1897.
  5. 5,0 5,1 5,2 5,3 5,4 5,5 et 5,6 Pierre Larousse, Grand dictionnaire général du XIXe siècle, Paris, 1876.
  6. 6,0 6,1 6,2 et 6,3 Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier, Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 2, éd. Eurocibles, Marigny.

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