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Georges Regnard

De Wikimanche

EV1 Regnard, 8 mars 1917

Georges Émile Marie Regnard, né à Granville le 8 septembre 1889 [1] et mort au combat à Bourg-et-Conin (Aisne) le 1er mai 1917 [2], est un militaire et un marin de la Manche, « Mort pour la France ».

Biographie

Georges Regnard est le fils de Jacques, maître de cabotage, âgé de quarante et un ans, et de Marie Guisle, originaire de Bayeux (Calvados), âgée de vingt-sept ans, domiciliés place Saint-Paul à Granville [1].

En 1909, il est inscrit maritime au quartier de Granville sous le numéro 1826 [3]. Après son service militaire effectué à Toulon (Var), sur les cuirassés Bouvet et Masséna, il devient capitaine au long cours en 1912 [4].

En 1914, il est mobilisé dans la marine nationale, avec le grade d'enseigne de vaisseau de 1re classe auxiliaire, il rejoint la 32e compagnie d'aérostiers d'observation, qu'il est appelé à commander.

Le 15 juin 1915, il reste en l’air 16 heures 20 minutes. En 42 jours, il réalise 449 heures d’observation en 38 ascensions, soit près de 12 heures par ascension [5].

Fin 1915, sa compagnie, la 32e compagnie d’aérostiers d'observation du front français et la 35e du capitaine Nivet, munies du treuil à vapeur, sont envoyées en Orient. Elles débarquent à Salonique (Macédoine), entre le 2 et le 5 janvier 1916 [5].

Le 2 octobre 1916, depuis son ballon, lors de la prise de Monastir (Macédoine), il voit un mouvement de retraite des Bulgares. Il saute en parachute, trouve un cheval, et part au galop prévenir ses supérieurs. Ce fait de bravoure lui vaut d'être cité à l'ordre des Armées [4].

Quelques jours plus tard, la foudre embrase son ballon [4]. Il saute en parachute, un peu tard, et se retrouve au sol avec le péroné brisé et une entorse, en atterrissant brutalement dans un marais.

Le 1er mai 1917, alors qu'il est dans un ballon d'observation stationnaire, qu'on appelle aussi « saucisse » [6], pour régler un tir d'artillerie lourde à 1 000 m d'altitude, trois avions ennemis l'attaquent. Refusant de redescendre au sol, Georges Regnard continue sa mission. Quand on ramène son ballon à terre, on le retrouve agenouillé dans la nacelle, tué d'une balle en plein cœur, il était âgé de vingt-sept ans [4].

Armand Clouet, de Villedieu, à la demande de Jacques Regnard, va chercher le corps, enterré dans le cimetière de Longueval (Aisne) [6], et le ramène en automobile rue Saint-Paul, à Granville, la veille au soir des obsèques qui ont lieu le 23 juin 1921, en l'église Saint-Paul, puis Georges Regnard est inhumé au cimetière Saint-Paul de Granville.

Il était un cousin de l'abbé Paul Jourdan (1887-1964).

Citations

  • Citations à l'ordre de l'armée :
« Observateur de la 32e compagnie d'aérostiers. Observateur en ballon hors pair. Assure son service depuis dix mois avec une habileté professionnelle, un dévouement, une énergie, une audace et un mépris du danger qui lui ont permis d'obtenir, par tous les temps, de jour comme de nuit, dans des conditions souvent très périlleuses, des résultats tout à fait exceptionnels au point de vue du repérage des batteries ennemies et du réglage de tir de notre artillerie. »
« Observateur d'une énergie exceptionnelle. Au cours de récentes opérations, a tenu l'air quatre cent vingt et une heures, pendant une période de quarante-trois jours. A exécuté pendant ce temps 214 réglages de nos batteries et cela malgré un état atmosphérique très troublé, vents violents et orages, rendant l'observation pénible et périlleuse. Ni le feu de l'ennemi dirigé sur le ballon, ni les avions survolant et mitraillant la nacelle n'ont interrompu un seul instant son travail d'observation. » [7].
« Commandant d'une compagnie d'aérostiers et observateur remarquable, brave, jusqu'à la témérilé ; victime d'un très grave accident, a montré de splendides qualités de sang-froid, d'énergie et d'audace. » [8].
« Observateur à la 31e compagnie d'aérostiers, observateur hors de pair, modèle de courage et d'énergie, a montré, en toutes circonstances, son activité, son coup d'œil, son remarquable sens de l'observation aérienne. A été tué glorieusement, dans sa nacelle, à la suite d'une attaque d'avions ennemis. » [9].

Distinctions

  • Légion d'honneur : « Chevalier » () [10]
  • Croix de guerre avec citation à l'ordre de l'armée navale

Hommages

L'académicien Joseph Bedier [11] écrit ces quelques lignes à la gloire de l’enseigne de vaisseau Regnard : « L’enseigne de vaisseau Regnard, aux termes de l’une de ses citations à l’ordre de l’armée, n’acceptait jamais d’être ramené à terre quand approchaient des avions ennemis ; le 3 et le 4 octobre 1916, récidiviste de l’audace, il eut sa nacelle et son ballon traversés par des balles explosives. Il détenait le « record » du nombre d’heures passées dans les airs, quand, le 1er mai 1917, averti, par les vigies qu’un avion ennemi fondait sur lui, il répondit, comme à son ordinaire, qu’on le laissât, tranquille ; il accepta le combat et mourut dans sa nacelle, le cœur traversé par une balle. » [5].

  • Son nom est mentionné sur les monuments commémoratifs suivants :
    • Mémorial de l'aéronautique navale à Crozon (Finistère)
    • Plaque commémorative 1914-1918 dans l'église Saint-Paul de Granville
  • Une plaque commémorative lui rend hommage dans le carré du Souvenir français du cimetière Saint-Paul à Granville
  • Une rue de Granville porte son nom.

Notes et références

  1. 1,0 et 1,1 Naissance : « Acte n° 140 » — Archives de la Manche ­— (naissances) Granville 1889 (3E 218/65) — Vue : 67/308
  2. - Fiche Mémoire des hommes (lire en ligne).
  3. Recrutement : « Matricule n° 568 » — Archives de la Manche ­— (registre des matricules) Granville 1909 (1 R 2/138) — Vue : 583/1286
  4. 4,0 4,1 4,2 et 4,3 Fabien Jouatel, « Georges Regnard, héros granvillais, sera honoré », Ouest-France, 18 juillet 2017.
  5. 5,0 5,1 et 5,2 Luc Schappacher, « Historique des 1er et 2e régiments d'aérostation d'observation, pendant la campagne de 1914-1918, par le Lcl Patard en 1922. », Monographie, transcription intégrale , Tableau d'honneur 1914-1918, site internet, 2015, 119 pages (télécharger)
  6. 6,0 et 6,1 L' Avranchin, 25 juin 1921 (voir en ligne)
  7. Journal officiel de la République française du 2 septembre 1915, page 6151 (voir en ligne).
  8. Journal officiel de la République française du 8 avril 1917, page 2770 (voir en ligne).
  9. Journal officiel de la République française du 30 octobre 1917, page 8688 (voir en ligne).
  10. Archives nationales, base de données Léonore, dossier Légion d’honneur (LH//2284/22) (consulter en ligne)
  11. Voir l’effort français, page 261

Lien externe

  • « Fiche RÉGNARD Georges, Émile, Marie », Mémorial des officiers de marine - EAN, site internet, (voir en ligne) consulté le 16 mars 2023.