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Gaston Mumber

De Wikimanche

Gaston Jules Antoine Mumber, né à Roanne (Loire) le 10 novembre 1897 et mort à Alès (Gard) le 21 juillet 1970 [1], est une personnalité politique de la Manche, haut fonctionnaire de son état.

Tract/préfets. Destiné aux paysans fév. 43.

Il est préfet de la Manche de 1940 à 1942.

Biographie

Il est successivement préfet de l'Aube en 1925, du Cher en 1927, du Loir-et-Cher en 1929.

Il occupe plusieurs fonctions à Alger (Algérie). En 1932, il est nommé sous-préfet de Saint-Amand (Pas-de-Calais), puis secrétaire général de la préfecture de Moselle en 1936 et sous-préfet d'Épernay (Marne) en 1936. En août 1937, il est nommé secrétaire général de la préfecture du Rhône.

Le gouvernement de Vichy le nomme préfet de la Manche le 17 septembre 1940 en remplacement de Émile Babillot [2]. Il est réputé comme un fervent partisan de la Révolution nationale [3]; ainsi, il s'accommodera assez bien de mettre son pouvoir répressif au service des nazis, par connivence idéologique.

Le 4 avril 1941, il réquisitionne les bâtiments de l'ancienne mine de fer de Barenton pour y interner des « nomades », en fait des Tziganes. Ce camp reste en fonction jusqu'au début octobre 1942.

De septembre à novembre 1941, il signe les arrêtés d’internement des résistants Roger Aumont, Louis Hamel, Marcel Hodiesne, Léon Lecrées, Charles Mauger, Léon Truffert… Otages à la disposition des nazis, ils finiront au camp d’extermination d’Auschwitz [4].

Le 30 octobre 1941, sur un ordre de la Gestapo, dont il se félicite, il fait arrêter la résistante Juliette Defrance et son fils de 5 ans et demi.

Le 12 mai 1942, il est nommé préfet de la Somme [3]. Il est remplacé par Henri Faugère.

Avant de partir, le 2 juin 1942, il relaie la demande de l'armée d'occupation en adressant une circulaire aux sous-préfets et aux services de police et de gendarmerie leur ordonnant de faire respecter le port de l'étoile juive [3]. C'est en juin 1942 que Lionel Audigier est nommé sous-préfet à Cherbourg.

En 1943 alors que se profile la défaite des nazis, il deviendrait soi-disant résistant, sans que l’on sache vraiment quels seraient ses modes d’action, ni s'il renoncerait, pour le coup, à se montrer complice de persécutions de résistants (de vrais), de Juifs et de Tziganes. En mai 1944, avec d’autres hauts fonctionnaires collaborateurs, il est éloigné par les Allemands dans le Tyrol à l’hôtel du Plansee au bord du lac du même nom. Là, les conditions d'hébergement ne sont peut-être plus celles d’un préfet dans sa luxueuse résidence, à l’abri des restrictions, mais cela n’a strictement rien à voir avec le sort terrifiant réservé aux déportés dans les camps de concentration [5]. On peut s'interroger sur les raisons de cette mesure, appliquée à de hauts serviteurs du régime de Vichy, complices avérés des exactions des nazis et que le gouvernement provisoire envisageait de révoquer à la Libération. De retour en France, ils tenteront de tirer profit de cette ambigüité en se faisant passer pour « résistants ». Comble de l'imposture !

Il rentre en France en mai 1945, est rétrogradé pour ses promotions de Vichy et mis à la retraite d'office.

Notes et références

  1. - Acte de naissance n° 807 - Page 136/165, .
  2. André Picquenot, Cherbourg sous l'occupation, éd. Ouest-France, 1983.
  3. 3,0 3,1 et 3,2 « Instructions préfectorales sur l'insigne spécial des Juifs », Didac'doc, n° 26, Archives départementales de la Manche, février 2012.
  4. « Biographies des 45000 par nom de famille », Mémoire vive des convois des 45000 et des 31000 d’Auschwitz-Birkenau, site internet (lire en ligne)
  5. Jean-Claude Barbier. « Qu’est-ce qu’un préfet déporté ? Destins contrastés des préfets de Vichy déportés.», 2016.