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François Ier à Cherbourg (1532)

De Wikimanche

L'arrivée de François Ier à Cherbourg le 28 avril 1532.

François Ier est à Cherbourg les 28 et 29 avril 1532.

En 1532, François Ier, roi de France, effectue une visite officielle dans le Cotentin. Il arrive à Saint-Lô le 15 avril, séjourne à Hambye, à Bricquebec, à Coutances et gagne la Bretagne le 3 mai.

Le roi de France et sa suite se présentent aux portes du château de Cherbourg le mercredi 28 avril [1]. Leur arrivée est saluée par « une triple décharge de l'artillerie [2] placée sur le pont », à laquelle répond l'artillerie placée sur le donjon et celle placée sur la tour des Sarrasins, ainsi que la mousqueterie des bourgeois et des archers de la garnison du château » [1].

François Ier fait son entrée dans la ville. Le cortège est composé d'une compagnie de 100 hommes à cheval, vêtus des livrées du roi, suivie du clergé de la ville et des chanoines de l'abbaye, des bourgeois marchant en haie de chaque côté de la rue, et de 80 lances de la garnison du château [1]. Derrière, on trouve le vicomte de Cherbourg, les juges de l'amirauté, les traites foraines, de police et du bailliage abbatial, avec les procureurs du roi, avocats, officiers, greffiers et huissiers [1]. Puis viennent 200 archers de la gare du roi et les 100 gentilshommes et officiers de sa maison [1]. Le roi s'affiche « vêtu somptueusement et royalement », monté sur un cheval turc « tout enharnachée velours de bleu semé de fleurs de lis d'or » [1]. Quatre nobles écuyers l'entourent : à sa droite, Louis d'Orléans, duc de Longueville, grand chambellan ; à sa gauche, le duc de Vendôme, premier gentilhomme de la chambre, puis le duc de Lorraine, capitaine des gardes, et le duc de Nemours, premier écuyer de la petite écurie [1]. Vient ensuite le dauphin, accompagné du cardinal Charles de Lorraine, archevêque de Reims, des évêques de Bayonne et d'Albanie, du nonce du pape, du marquis de Saluces, de l'amiral Chabot, des comtes de Saint-Paul, de Brienne et de Saint-Pierre [1]. Plus de 1 200 chevaux ferment la marche [1].

Le gouverneur de Cherbourg, Jean de l'Ane [3], présente au roi les clés de la ville sur un plat d'argent [1]. Il est accompagné de douze des plus notables bourgeois » de la ville. Il fait le discours suivant :

« Syre, les subites nouvelles de vostre très joyeux advènement en nostre ville de Cherbourg ont tellement recréé et resjoui les cœurs de ses habitants, vos très affectionnés et fidèles vassaux et subjets, que la mémoire de leur très grande misère étant du tout assopie (encore quelles piteuses ruines causées par les guerres passées restent encore devant vos yeux), et l'oubliance du passé par vous commandée et ratifiée entr'eux, ils s'efforcent et emploient à vous témoigner le très humble, très loyal et très affectionné debvoir, loyauté, dévotion et service qu'ils vous portent et doivent, pourquoi ils ont la gloire de mériter de vos et de vos prédécesseurs le nom et titre de très fidèles, loyaux et debvoués sujets dans les chartres que vous et eux leur avez accordées, ayant très grand'peine qu'ils n'ont eu pouvoir de plus évidemment vous le faire connoistre par appareil plus digne que Vostre Majesté ; mais ils est consolent en ce que la magnificence d'un roy tel que vous, Syre, aura plutôt égard à la bonne voulonté qu'à l'effet, non correspondant à vostre grandeur, mais tel que la publique calamité et leur particulière impuissance l'ont peu permettre, vous très humblement supplient, Syre, recepvoir ce qui naturellement vous appartient, leurs personnes, leurs biens, et leurs biens avec perpétuelle fidélité et obédience, espérant, Syre, que vous les défendrez de toute injure et de tout courage, et que vous les traitrez comme vos très loyaux serviteurs. Ce faisant, non seulement sous vostre reigne et gouvernement ils seront en repos, mais aussi le dieu des armées qui a élevé Vostre Majesté sur le trône royal, continuera l'heureuse félicité dont il a toujours couronné vos actions, conseils et entreprises. » [1].

Le roi s'avance alors entre les deux portes sous un dais de satin violet brodé d'or, porté par quatre des principaux bourgeois de la ville [1]. L'artillerie résonne de nouveau, la foule l'acclame. Les rues sont toutes « tapissées, ornées de tableaux, d'arcs-de-triompe et jonchées de fleurs » [1]. Arrivé à l'église, François Ier est accueilli par Messire Robert Le Serveur, curé de Cherbourg et official de Valognes, revêtu d'une chape de drap d'or [1]. Le roi prend place sur un grand théâtre élevé au milieu de la nef et écoute le Te Deum chanté par le cardinal de Lorraine [1]. Le monument de l'Assomption est alors actionné et le souverain en paraît « fort satisfait » [1].

François Ier dort au château et repart le lendemain 29 avril [4] « au bruit d'une triple décharge de toute l'artillerie des remparts, non sans avoir accordé de « belles franchises » à la ville et fait libérer cinq criminels détenus dans la prison [1]. Il prend alors la route pour rejoindre Coutances, où il arrive le 3 mai [1], puis continue vers la Bretagne en passant par Le Mont-Saint-Michel.

Hommages

Deux voies locales perpétuent son souvenir :

Notes et références

  1. 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 1,10 1,11 1,12 1,13 1,14 1,15 1,16 et 1,17 Voisin La Hougue, Histoire de la ville de Cherbourg, continuée depuis 1728 jusqu'à 1833 par Vérusmor, Boulanger libraire, Cherbourg, 1835, p. 91-97.
  2. Cherbourg-Éclair, 21 mars 1941.
  3. Orthographié Jean de Lasne, selon Avoyne de Chantereyne, Études historiques de Cherbourg, éd. Gérard Montfort.
  4. Dans sa très contestée Histoire de Cherbourg et de ses antiquités (1760), Mme Retau-Dufresne dit que François Ier resta trois jours à Cherbourg.