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Esglandes

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Vestiges de l'église Notre-Dame d'Esglandes.

Esglandes est une ancienne commune de la Manche, aujourd'hui partie intégrante de Pont-Hébert.

Toponymie

Attestations anciennes

Site d'Esglandes sur la carte du diocèse de Coutances.
de Mariette de La Pagerie, 1689.
  • pagum […] qui dicitur Egglandes 1026/1027 [copie rajeunie du 17e s.] [1].
  • Aquilanda 1228 [2].
  • Eguelanda 1245 [2].
  • Aquilanda 1248, ~1280 [2].
  • Eguellande 1296 [2].
  • Aquilanda 1332 [3].
  • Eguelande 1351/1352 [4].
  • Eguerande f-14e s. [2].
  • Esguelande f-14e s., 1433 [2].
  • Esglandes 1612/1636 [5].
  • Les Glandes 1677 [6].
  • Eglandes 1689 [7], 1694 [8], 1695 [9], ~1700 [10].
  • Les Glandes 1713 [11].
  • Eglandes 1716 [12], 1719 [13].
  • Les Glandes 1735 [14].
  • Eglandes 1736 [15], 1757 [16], 1758 [17].
  • Eglande 1771 [18], 1777 [19].
  • Aiglande 1753/1785 [20], 1791 [21], 1792 [22].
  • Esglandes 1793 [23], 1801 [24].
  • Aiglande 1804 [25].
  • Eglandes 1804 [26].
  • Esglandes 1828 [27], 1829 [28].
  • Aiglande 1830 [29].
  • Eglandes 1830 [30].
  • Aiglande 1837 [31].
  • Eglandes 1837 [32].
  • Esglandes 1839 [33].
  • Eglandes 1835/1845 [34], 1854 [35].
  • Esglandes 1878 [36].
  • Églandes 1903 [37].
  • Eglandes 1972 [38].
  • Esglandes 2007 [39].

Étymologie

Localisation d'Esglandes sur la carte du diocèse de Bayeux (1736). Le pointillé représente la limite des diocèses de Coutances (à gauche) et de Bayeux (à droite).

Étant donné qu'Esglandes est une commune disparue, peu de spécialistes s'y sont intéressés. Néanmoins, les rares d'entre eux à avoir émis un avis à son sujet s'accordent à penser que l'on a ici affaire à une variante du type toponymique et hydronymique gaulois bien connu °ic(u)oranda / °icuranda / °igoranda, également cité sous les formes °equoranda, °ec(u)oranda, °ecuranda, etc. Le -l- interne d'Esglandes, au lieu du -r- attendu, est attribué soit à l'attraction du mot lande [40], soit à une ancienne variante phonétique °egolanda [2].

Cette formation, attestée un très grand nombre de fois en France, est régulièrement associée à la notion de limite territoriale [41]. De fait, le second élément du composé, randa, signifie « limite, frontière » [42], et figure dans d'autres toponymes gaulois de même type, tels que °camminoranda « chemin servant de frontière » > Chamarandes (Haute-Loire), Chamerande (Ain, Saône-et-Loire), etc. [43]. Quant au premier élément, on lui attribue généralement un sens hydronymique : il évoquerait l'eau, sans que l'on puisse en déterminer exactement l'origine. Jacques Lacroix [44] admet un élément °ic- « eau » (celui de l'Yonne < °Ic-auna, entre autres), mais dont la celticité reste à démontrer. En tout état de cause, le type °ic(u)oranda, etc., associe généralement la notion d'eau (rivière, ruisseau…) à celle de limite.

De fait, d'un point de vue historique, Esglandes est très proche de l'ancienne frontière séparant les Unelles des Baiocasses, matérialisée à cet endroit par la Vire. Cette frontière est devenue partiellement la limite des anciens évêchés de Coutances et de Bayeux, qui longeait l'actuelle commune de Pont-Hébert et l'ancienne paroisse du Mesnil-Durand. On peut penser que le nom d'Eglandes a dû désigner autrefois un territoire qui s'étendait jusqu'à la Vire, et sur lequel se sont implantées deux paroisses (Pont-Hébert, Le Mesnil-Durand) de création évidemment plus tardive.

☞ On remarquera la graphie très instable de ce nom, et les nombreuses étymologies populaires que ces variations dénotent : les latinisations en Aquila- et les graphies romanes en Aigle- rapprochent inévitablement Esglandes du mot aigle, tandis que l'abbé Lecanu, qui n'avait bien sûr aucune notion de linguistique historique, affirme froidement : « Jadis Aiguelande (Aquilanda), le pays de l'eau [45] : c'est la véritable étymologie. [36] » Le -s- interne d'Esglandes fait son apparition à la fin du 14e siècle; c'est une lettre muette à cette époque, simplement utilisée pour marquer la longueur de la voyelle précédente. Le -s final, qui apparaît au début du 17e siècle, a sans doute été généré par l'initiale Es- alors confondue avec la préposition es « en les », « dans les ». Elle n'a évidemment aucune justification étymologique. Enfin, l'étrange variante Les Glandes est utilisée de manière quasi-officielle aux 17e et 18e siècles.

Histoire

Il est fait mention d'Esglandes dans un acte de 1026, parmi les terres que le duc Richard III donna en dot à Adèle, fille du roi Robert, qui devînt ensuite belle-mère de Guillaume le Conquérant.

Elle fusionne en 1836 avec Le Mesnil-Durand et Bahais pour former la nouvelle commune de Pont-Hébert.

Démographie

Évolution démographique de 1793 à 1831
1793 1800 1806 1821 1831
489423508504513
Sources : Cassini [46] et INSEE [47]

Administration

Circonscriptions administratives avant la Révolution

Circonscriptions administratives depuis la Révolution

Maires

Liste des maires
Période Identité Parti Qualité Observations
1793-1794 Pierre Langlois
.......-1798 Julien Ledunois ...1795...
1798-1798 Le Dunois dit Lechevallier
1798-1815 Joachim Jouet
1815-1815 Jean-Baptiste Letourniant
1816-1819 Jean-Baptiste Auguste Dubois
1820-1830 Jean-Baptiste Letourniant
1831-1836 Pierre Pimor maire de Pont-Hébert à la fusion
Source  : liste établie par Jean Pouëssel et Thierry Catherine pour 601 communes et lieux de vie de la Manche. [48].


Religion

Circonscriptions ecclésiastiques avant la Révolution

Patronage

  • Dédicace de l'église paroissiale : Notre-Dame.
  • Patron (présentation) : initialement, le prieur de Saint-Fromond, puis par concession au propriétaire du fief de Thère [36]; le seigneur de Pirou en 1332 [3].
  • Fête patronale : ?

Lieux et monuments

  • Église (13e s.) avec deux cures dont une était à la présentation de la famille de Thère.
  • Château de Thère appartenant à la famille de Thère jusqu'à la fin du 18e siècle; il passe alors par mariage à la famille d'Ambray. Il ne reste aujourd'hui que les restes d'un clocher et un cimetière.

Personnalités liées à la commune

Naissance

Notes et références

  1. Marie Fauroux, Recueil des actes des ducs de Normandie (911-1066), Mémoire de la Société des Antiquaires de Normandie XXXVI, Caen, 1961, p. 182, § 58.
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 et 2,6 François de Beaurepaire, Les noms de communes et anciennes paroisses de la Manche, Picard, Paris, 1986, p. 116-117.
  3. 3,0 et 3,1 Pouillé du Diocèse de Coutances, 1332, in Auguste Longnon, Pouillés de la Province de Rouen, Recueil des Historiens de France, Paris, 1903, p. 358D.
  4. Compte du Diocèse de Coutances, pour l’année 1351 ou 1352, in Auguste Longnon, Pouillés de la Province de Rouen, Recueil des Historiens de France, Paris, 1903, p. 368E.
  5. Jean Bigot sieur de Sommesnil, État des paroisses des élections de Normandie, 1612/1636 [BNF, ms. fr. 4620].
  6. Roles par généralités et élections des paroisses de France et de leur imposition aux tailles, 1677 [BNF, cinq cents Colbert, ms. 261 f° 229 à 275].
  7. G. Mariette de La Pagerie, cartographe, Unelli, seu Veneli. Diocese de Coutances, divisé en ses quatre archidiaconés, et vint-deux doiennés ruraux avec les Isles de Iersay, Grenesey, Cers, Herms, Aurigny etc., chez N. Langlois, Paris, 1689 [BNF, collection d'Anville, cote 00261 I-IV].
  8. Jean-Baptiste Nolin, Le duche et gouvernement de Normandie Divisé en Haute et Basse Normandie, en Divers Pays, et par Evechez, Paris, 1694 [BNF, IFN-7710251].
  9. P. Mortier / H. Jaillot, Le Duché et Gouvernement de Normandie divisée en Haute et Basse Normandie, Amsterdam, 1695.
  10. Gerard Valk, Normannia Ducatus, tum Superior ad Ortum, tum Inferior ad Occasum, Praefectura Generalis […] Anglici Caesarea sive Jarsey…, Amsterdam, ~1700.
  11. Dénombrement des généralités de 1713 [BNF, ms. fr. 11385, f° 1 à 132].
  12. Guillaume de l'Isle, Carte de Normandie, Paris, 1716.
  13. Bernard Jaillot, Le Gouvernement général de Normandie divisée en ses trois généralitez, Paris, 1719.
  14. Nouveau dénombrement du royaume par generalités, elections, paroisses et feux […], t. II, Impr. Pierre Prault, Paris, 1735.
  15. Bernard Jaillot, Carte topographique du diocèse de Bayeux, Paris, 1736 [BNF, collection d’Anville, cote 00260 B].
  16. L. Brion de la Tour, Recueil des Côtes Maritimes de France, Desnos, Paris, 1757, carte n° 9-15.
  17. Robert de Vaugondy, Carte du gouvernement de Normandie, Paris, 1758.
  18. Rigobert Bonne, Carte du Gouvernement de Normandie avec celui du Maine et Perche, 1771, recueillie in Jean Lattre, Atlas Moderne ou Collection de Cartes sur Toutes les Parties du Globe Terrestre, ~1775.
  19. P. Santini, Gouvernement de Normandie avec celui du Maine et Perche, Remondini, Venise, 1777.
  20. Carte de Cassini.
  21. Les Auteurs de l’Atlas National de France, Précis élémentaire et méthodique de la nouvelle géographie de la France, Bureau de l’Atlas National, Paris, 1791.
  22. Les Auteurs de l’Atlas National de France, Atlas National Portatif de la France, Bureau de l’Atlas National, Paris, 1792.
  23. Site Cassini.
  24. Bulletin des lois de la République française, Imprimerie Nationale, Paris.
  25. Dictionnaire universel, géographique, statistique, historique et politique de la France, impr. Baudouin, libr. Laporte, vol. I (A-CNO), an XIII (1804), p. 15c.
  26. Ibid., vol. II (COA-H), an XIII (1804), p. 218a.
  27. Louis Du Bois, Itinéraire descriptif, historique et monumental des cinq départements de la Normandie, Mancel, Caen, 1828, p. 445.
  28. Annuaire de la Manche (1829), Statistique de l'arrondissement de Saint-Lô, p. 159.
  29. J. G. Masselin, Dictionnaire universel de géographie physique, commerciale, historique et politique du Monde Ancien, du Moyen Age et des Temps Modernes comparées / Dictionnaire universel de géographie, t. I, Auguste Delalain, Paris, 1830, p. 16a.
  30. Ibid., p. 441a.
  31. Dictionnaire géographique universel ou description de tous les lieux du globe sous le rapport de la géographie physique et politique, de l’histoire, de la statistique, du commerce, de l’industrie, etc., etc., Sociétés de Paris, Londres et Bruxelles pour les publications littéraires, Bruxelles, 1837, t. I, p. 159a.
  32. Ibid., p. 646b.
  33. Panorama pittoresque de la France […], par une société de gens de lettres, de géographes et d’artistes, Firmin Didot, Paris, t. V (section Manche), 1839, p. 6b.
  34. cartes d’État-Major (relevés de 1820 à 1866, mises à jour jusqu’à 1889; Basse-Normandie cartographiée entre 1835 et 1845).
  35. V. Lavasseur, Atlas National Illustré des 86 départements et des possessions de la France, A. Combette éditeur, Paris, 1854.
  36. 36,0 36,1 et 36,2 Abbé Auguste Lecanu, Histoire du diocèse de Coutances et d'Avranches depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours; suivie des actes des saints et d'un tableau historique des paroisses du diocèse, impr. de Salettes, Coutances, t. II, 1878, p. 400.
  37. Auguste Longnon, Pouillés de la Province de Rouen, Recueil des Historiens de France, Paris, 1903.
  38. Anne Vallez, Pierre Gouhier, Jean-Marie Vallez, Atlas Historique de Normandie II (économie, institutions, comportements), Université de Caen, Caen, 1972.
  39. Carte IGN au 1 : 25 000.
  40. Ernest Nègre, Toponymie Générale de la France, Droz, Genève, t. I, 1990, p. 195, § 3067.
  41. Citons pour la Normandie Yvrandes (Orne), Douvres-la-Délivrande (Calvados), et dans la Manche la commune d'Orglandes, l'Égrenne, affluent de la Varenne, l'Yvrande, ruisseau et hameau à Saint-Aubin-de-Terregatte, ainsi que la Basse Yvrande à Saint-Ébremond-de-Bonfossé.
  42. Il n'est cependant pas certain que cet élément, certes employé en gaulois, soit d'origine celtique. Les avis sont très partagés sur la question.
  43. Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Errance, Paris, 2001, p. 138 s.v. equoranda.
  44. Jacques Lacroix, Les noms d’origine gauloise I, La Gaule des combats, Errance, Paris, 2003, p. 45.
  45. D'après le latin aqua « eau » et le germanique land « pays » !
  46. Population avant le recensement de 1962
  47. INSEE : Population depuis le recensement de 1962
  48. « 601 communes et lieux de vie de la Manche », René Gautier et 54 correspondants, éd. Eurocibles, 2014, p. 466.

Lien externe