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Ernest Poisson

De Wikimanche

Ernest Philippe Auguste Poisson, né à Mortain le 1er janvier 1882, mort à Paris le 14 mars 1942, est une personnalité politique et économique de la Manche, avocat de profession.

Militant socialiste et coopératif

Né à Mortain, Ernest Poisson suit sa scolarité à Rennes, Rambouillet et Nantes, au gré des affectations de son père, membre de l'administration préfectorale pour de l'administration des finances [1].

Dès l'âge de dix-sept ans, en 1899, il adhère à un groupe du POSR à Nantes [2].

Il obtient sa licence de droit à Caen, et s'inscrit comme avocat au barreau de Caen [1].

À Caen, il participe à la lutte en faveur du capitaine Dreyfus, fonde un groupe socialiste en 1900 et devient secrétaire de la fédération socialiste autonome normande [1].

Il doit quitter le barreau en 1906 après avoir été condamné à Nantes pour outrages à agents lors d'une manifestation. Il s'installe à Rouen où il publie jusqu'en 1912 Le Semeur [1].

Le 17 novembre 1907, il préside le congrès fondateur de la fédération Calvados-Orne du Parti socialiste SFIO [1].

Il s'engage dans le mouvement coopératif socialiste à Caen dès 1904 avec la création de l'Ouvrière, devenue la Solidarité caennaise en 1906, puis de la boulangerie la Semeuse [1].

Avec la suite de Renaudel, il devient délégué à la propagande en 1907 [2]. Il écrit dans la Revue syndicaliste, La Vie socialiste de De Pressenté, et la Revue socialiste dont il est secrétaire de rédaction [2].

Installé à Paris, il adhère à la coopérative L'Avenir de Plaisance, puis il participe aux congrès de la Bourse de coopératives socialistes. Secrétaire général adjoint de la Bourse des coopératives socialistes en 1912, il en devient secrétaire général, la Bourse étant devenue Confédération des coopératives socialistes et ouvrières [1]. Il négocie avec l'Union coopérative le pacte d'unité coopérative et la fondation, en décembre 1912 lors du congrès unitaire de Tours, de la Fédération nationale des coopératives de consommation (FNCC) dont il est secrétaire général avec Daudé-Bancel [1].

Il dirige en 1911 l'Ecole du propagandiste, démissionne de la délégation permanente à la propagande en 1912, quand il prend la tête de la Confédération des coopératives socialistes et ouvrières, et est professeur à l'École socialiste [2].

Il défend les couleurs de son parti aux élections législatives de 1910 et 1912 dans la 3e circonscription de Seine-Inférieure (Elbeuf), puis à celle de 1914, 1919 et 1924. Décrit comme de la fraction réformiste de son parti, il se déclare « partisan d'une entente internationale des travailleurs » mais juge comme « principe socialiste » la défense de la patrie, même s'il s'oppose à la loi des trois ans du 19 juillet 1913, portant le service militaire de deux à trois ans [1].

Il intègre la commission administrative permanente du Parti socialiste en 1914 [1]. Il en demeure membre jusqu'en 1933.

Proche de Jean Jaurès et rédacteur à L'Humanité, Ernest Poisson et sa femme Marguerite sont au Croissant, le 31 juillet 1914, quand le leader socialiste est assassiné. Elle hurle « Ils ont tué Jaurès ! », cri repris par la foule et dans la presse. Il témoigne six ans plus tard dans Floréal :

« Avant d'aller vers le grand massacre, au nom des travailleurs qui sont partis, au nom de ceux qui vont partir, dont je suis, je crie devant ce cercueil toute notre haine de l'impérialisme et du militarisme sauvage qui déchaînent l'horrible crime.
J'ai mes regards sur lui, pendant qu'il les a vers l'infini des choses et des hommes.
Horreur ! le rideau, mon rideau derrière sa tête vient de se plier, de se soulever légèrement ; un revolver s'est glissé, tenu par une main ; et cette main, seule, apparaît à 20 centimètres derrière le cerveau. Pan ! pas d'éclair, pour ainsi dire, une étincelle rougeâtre. La fumée d'un cigare : je regarde, figé, abruti, un quart de seconde ; puis un deuxième coup ; mais Jaurès déjà est tombé sur Renaudel, la serviette aux mains, la tarte encore aux lèvres. Je ne vois pas de sang ; il a à peine tressailli, n'a pas eu le temps de faire le geste de se retourner ; il n'a rien dit, pas même pensé, peut-être.
Je regarde la fenêtre, Landrieu vient de tirer, d'arracher le rideau ; j'aperçois une ombre, un chapeau, un verre de bière qui tombe sur une figure, je me dresse comme une bête en fureur. Dans le silence qui n'a pas encore été troublé, j'entends un déchirement, un cri indéfinissable, qui devait être perçu à plusieurs centaines de mètres, puis quatre mots hurlés, glapis, puissamment, férocement, répétés deux fois : “Ils ont tué Jaurès, ils ont tué Jaurès !” C'est ma femme qui, la première, a recouvré la parole ».

Il devient l'artisan de l'unité coopérative et l'animateur en France et à l'étranger de ce mouvement pendant l'entre-deux-guerres. A la tête de la FNCC, il met en place les fédérations régionales, mène plusieurs fusions de coopératives, notamment à Paris, en 1913 et 1914, puis à partir de 1916. Il organise la conférence internationale de coopération des nations alliées de la France les 22 et 23 septembre 1916 à Paris, suivie du congrès national français les 24 et 25 septembre, participe à la création du conseil supérieur de la coopération, organise les congrès nationaux de 1918 et 1919, et deux autres conférences internationales, intègre en 1921 le comité central de l'Alliance coopérative internationale dont il devient vice-président [1]. Il est également administrateur de la FNCC, de la Banque des coopératives de France, MDG, des coopératives régionales à Paris, en Normandie et en Lorraine, de l'Office central de coopération à l'Ecole, chargé des relations avec la fédération de mutualité et coopération agricoles [1]

Il prend l'administration de la société suite à la faillite de la BCF [1].

Malade à partir de 1939, il se retire en 1940 [1].

Publications

  • Ce qu'est le socialisme, Librairie du parti socialiste, 1907.
  • Comment fonder une coopérative, éd. bernard Grasset, 1918.
  • La République coopérative, éd. Bernard Grasset, 1920.
  • La Politique du mouvement coopératif français, Les Presses universitaires de France, 1929.
  • Fourier, éd. F. Alcan, 1932.

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Notes et références

  1. 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 1,10 1,11 1,12 et 1,13 Jean Maitron (dir.), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français. 3e partie, 1871-1914 : De la Commune à la Grande Guerre. vol 14, Mar à Ras, Ed. ouvrières, 1976.
  2. 2,0 2,1 2,2 et 2,3 Jean Lorris, Encyclopédie socialiste, syndicale et coopérative de l'Internationale ouvrière, A. Quillet, 1912.

Liens externes

  • Photographies d'Ernest Poisson, par Roger-Viollet : [1] et [2]