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Discussion:Capitulation de Cherbourg (1418)

De Wikimanche

Je me souviens m'être pris la tête à comprendre l'événement lors de l'écriture d' Histoire de Cherbourg, donc tu vas peut-être réussir à m'éclairer :

  • Le siège dure trois mois selon Voisin-La-Hougue, dix selon les Chroniques d'Enguerrand de Monstrelet
  • Il s'achève le 29 septembre selon Émile Gaillard (« Le siège de Rouen, en 1418 », Revue anglo-française, tome 3, 1835. p. 392), le 28 octobre d’après Voisin, par le versement d’une somme d’argent par les Anglais.
  • Traitre pour Voisin-La-Hougue et Enguerrand de Monstrelet, un héros selon Hoefer (Nouvelle biographie générale), c'est Jean d'Angennes qui est qualifié de capitaine de la place, alors que dans ton texte c'est Johan Pyquet le signataire (Jean Piquet, général des finances en Normandie, gouverneur du château de Valognes au début du XVe s. ? Jehan de la Haye listé dans la Liste des capitaines et gouverneurs de Cherbourg)...

Donc, si je pige bien, j'ai tout faux, Voisin la Hougue en s'appuyant sur Enguerrand nous ment, et je perpétue une erreur historique sur WP et sur WM ? HaguardDuNord 17 août 2009 à 18:49 (CEST)

Je ne connais du siège de Cherbourg que ce qu'en disent les textes de l'époque (c'est-à-dire, finalement, assez peu). À aucun moment, dans la masse de documents des Rôles de Bréquigny (voir biblio), qui couvrent par le menu la période 1415-1422, il n'est fait état de Jean d'Angennes, mais il se pourrait que ce soit le même personnage, à savoir peut-être °Jean Piquet, sieur d'Angennes (à prouver).
Johannes Pyket, qui reçoit des autorités anglaises un sauf-conduit le 2 mars 1418, est qualifié d'armiger, c'est-à-dire « écuyer » (pièce n° 1149); c'est donc un jeune noble plein d'avenir. On le voit signer en tant que capitaine de la place, sous le nom de Johan Pyquet ou Piquet, le protocole d'accord de la reddition le 22 août, et convenir avec l'ennemi de la date du 29 septembre pour la rendue (pièce n° 221). Le 1er avril 1419, Jean Piquet est qualifié par les autorités anglaises de "rebelle", et sa terre de Luthumière (ce n'est toujours pas d'Angennes) est confisquée avec toutes ses autres possessions dans le bailliage du Cotentin, au profit de l'anglais Thomas Burgh, escuyer, et de ses hoirs mâles. Ce dernier reçoit un certain nombre d'autres gratifications (fiefs confisqués, etc.), aux charges d'hommage et d'une redevance annuelle envers le roy [d'Angleterre] d'un Borespere (comprendre boar-spear, épieu à sanglier) au château de Cherbourg (pièce n° 349). Enfin, Pyket ou Piquet, fuyant cette fois les autorités françaises, fait une dernière apparition le 15 juin 1421 dans une lettre de John Asheton à Henry V (désolé, c'est du moyen-anglais : and i am lered that Piket and his wyf bien floghen out of Aungers unto the Rochell, for feer of the Dolfyn, for he hade sende to Aungers, for to have arrested Pyket; dois-je traduire ? « et on m'apprend que Piket et sa femme ont fui d'Angers et se sont réfugiés à La Rochelle, par crainte du Dauphin, car ce dernier avait envoyé des gens à Angers pour l'arrêter » (pièce n° 1376). Le cher homme semble donc avoir tourné casaque un certain nombre de fois, et j'ignore ce qui lui est arrivé par la suite.
Les autres capitaines de Cherbourg mentionnés dans les Rôles à cette époque troublée sont tous des Anglais : d'abord sir Grey de Coduore, et après sa mort sir Walter Hungerford (j'avais commencé l'article, mais avec tes questions à la mords-moi-le-nœud parfaitement légitimes, je n'ai pas eu le temps de le finir). La date est imprécise (la pièce n° 1359, datée de 1417, a été trafiquée par la suite, et la date ne peut pas s'appliquer à toutes les informations qu'elle contient).
En ce qui concerne la durée du siège, les historiens modernes s'accordent à le faire terminer le 29 septembre (cf. par exemple Histoire de la Normandie (sous la direction de Michel de Boüard), Privat, Toulouse, 1987, p. 228 (le chapitre est de Jean Favier); Émile-G. Léonard, Histoire de la Normandie, "Que sais-je ?", PUF, Paris, 1972, p. 75); mais je n'ai pas d'infos précises sur son début.

Je vais voir si j'ai quelque chose de plus précis sur la question, dont bien des aspects sont loin d'être clairs. Dominique Fournier 18 août 2009 à 00:06 (CEST).

Piquet / d'Angennes sont différents. D'Angennes c'est lui, de Rambouillet. Pour Piquet, on a « En 1400, Jean Piquet, général des finances de la Normandie, capitaine des châteaux de Valognes et de Cherbourg , acquit de Charles , sir de la Rivière, la baronnie de la Luthumière : quand les Anglais s'emparèrent de la Normandie, il resta fidelle àla France, et ses terres furent confisquées ; la seigneurie de la Luthumière fut donnée, par le roi d'Angleterre, à Thomas Burg, » [1]. Et .
Le contemporain du siège, Jean Le Fèvre de Saint-Remy, mentionne aussi d'Angennes, en copiant mot à mot Monstrelet, mais François Morand dit dans son Chronique de Jean Le Févre, seigneur de Saint-Remy (1876) « Il y a dans S.-R. des reproductions tout à fait textuelles de M., principalement de son chapitre 183 ; et S.-R. y a suivi M. jusque dans ses erreurs, en faisant, du même Jehan d'Angennes, le capitaine de Toucques et de Cherbourg (..) Heureusement, le recueil de Rymer donne les moyens de remettre tout dans l'ordre. On y lit les actes d'appointement qui réglèrent les conditions de la reddition des deux villes. Dans le traité passé le 3 août 14 H entre les représentants du roi d'Angleterre d'une part, et le capitaine de Toucques d'autre part, celui-ci est bien réellement nommé John d'Augière ; c'est-à-dire Jean d'Angennes en notre sens (t. IV, pars III, p. 11). Mais, dans l'acte de pareille forme pour la reddition de Cherbourg, c'est Jehan Piquet, escuier, qui est capitaine du château et de la ville (ib., ib., p. 64). »
De même, on lit ici, justement en se basant sur ton doc : « Henri Martin a répété avec tous les historiens, y compris les écrivains de l'histoire locale de Cherbourg, que cette place avait été "rendue ou plutôt vendue, le 22 août, par son gouverneur, Jean d'Angennes." II y a là une double erreur: le gouverneur était Jean Pyquet, écuyer, qui signa la capitulation en qualité de « capitaine des chastel et ville de Cherbourg. » En outre, la capitulation signée le 22 août, loin de porter les traces d'une faiblesse ou d'une trahison, stipule que la place ne sera rendue, si elle n'est secourue , que le 29 septembre suivant ; c'est là le plus long délai que l'on rencontre dans les nombreuses capitulations imposées par Henry V, ou ses lieutenants, aux villes de Normandie. ». Il faudrait que je regarde ce qu'en dit Cherbourg n'est point à conquerre de Lerouvillois ou l'Histoire de Cherbourg de Letourneur, mais Cherbourg, port de la libération (Adolphe Auguste Marie Lepotier, 1972) mentionne bien Piquet (5 mois de siège à la signature du 22 août). Donc, je pense c'est bon dans ce sens. J'ai plus qu'à tout corriger ! HaguardDuNord 18 août 2009 à 19:50 (CEST)
Révisionniste des Carpathes :oD ! Dominique Fournier 18 août 2009 à 22:50 (CEST).