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Conchyliculture dans la Manche

De Wikimanche

Moules de bouchots à Armanville-Plage à Pirou.

La conchyliculture est un secteur économique important du département de la Manche, consacré à l'élevage des mollusques marins (huîtres, moules, palourdes, coques...).

Même si la Normandie est la plus jeune région conchylicole de France, elle est devenue en trente ans le premier bassin de production national avec 21,3 % de la production nationale d’huîtres et 30,5 % de la production nationale de moules de bouchots.

Répartition des entreprises

La majorité des structures bas-normandes de production se situent dans le département de la Manche, avec 236 entreprises employant 2 500 personnes [1].

Deux grands bassins se détachent :

  • la côte Ouest avec 365 concessionnaires produit 13 000 tonnes d’huîtres et 16 500 tonnes de moules de bouchots.
  • la côte Est avec 150 concessionnaires produit 13 000 tonnes d’huîtres et 1 000 tonnes de moules de bouchots.

Pour le Calvados, la production ostréicole est de 1 000 tonnes. Un nouveau bassin ostréicole est en train de voir le jour en Seine-Maritime avec une dizaine hectares de parc à huîtres.

L’activité mytilicole est concentrée sur la côte Ouest de la Manche et plus particulièrement dans le secteur au sud de la Sienne et sur la zone de la pointe d’Agon.

L’activité ostréicole est plus largement représentée sur tous les secteurs et les professionnels du Calvados, pratiquent de manière quasi exclusive cet élevage (présence de moules sur tables en baie des Veys). Les communes de Gouville-sur-Mer, Blainville-sur-Mer et Agon-Coutainville représentent à elles trois un tiers de l’activité conchylicole bas-normande, avec une centaine d’entreprises installées.

Le nombre d’entreprises est plus faible que le nombre de concessionnaires pour un secteur donné, car des détenteurs de concessions peuvent se trouver au sein d’une même entreprise et une même entreprise peut avoir des concessions dans différents secteurs. La taille des entreprises en surface concédée varie selon les lieux. Globalement, elles exploitent davantage de surface sur la côte Ouest entre Gouville-sur-Mer et Donville-les-Bains. La taille des surfaces est plus faible dans le Calvados car les rendements en particulier en Baie des Veys permettent la viabilité de plus petites structures.

La double activité ostréiculture-mytiliculture au sein d’une même entreprise est plus importante dans la Manche 25 % contre 12 % au niveau national (chiffre 2002). La pratique de la double activité nécessite des surfaces aussi importantes qu’une entreprise ne pratiquant qu’un seul élevage.

Le statut de personne physique : 63,5 % dont 55 % en exploitation individuelle et 8,5 % en co-exploitation prédomine. Cependant, une évolution tendant à des formes sociétaires a été constatée au cours de la décennie, principalement en raison des transmissions successorales des structures. Le métier reste fermé à ceux qui veulent s’installer. En 2005, neuf installations nouvelles ont eu lieu, ces nouveaux venus sont tous issus du milieu conchylicole.

Un volet important de l'économie manchoise

Conscient de ce bilan, l’activité économique du département est intiment liée à la conchyliculture. En effet les 280 entreprises conchylicoles, ayant une surface moyenne de 4,5 hectares créent des besoins et des demandes.

La pauvreté industrielle du département de la Manche (sauf dans le nord Cotentin où l’activité liée au nucléaire pèse lourdement dans le budget du conseil général), fait de la conchyliculture un partenaire financier incontournable.

Entre 2002 et 2005, le chiffre d’affaires de la conchyliculture est de 100 millions d’euros par an. La répartition du chiffre d’affaires est relativement homogène. Le chiffre d’affaire moyen par entreprise est de 250 000 , il est fortement corrélé à la taille de l’entreprise. Si l’on prend la tranche des moins de 75 000  à 300 000 , le pourcentage atteint 76 %, alors que les entreprises qui dégagent un chiffre d’affaire de plus de 600 000  n’atteignent que 5 %.

Autre point essentiel, dans cette époque de lutte contre le chômage. Le nombre moyen d’employés permanent par entreprise est de 4,5. A ceci s’ajoute pendant les grandes marées et à l’approche des fêtes, un recours massif à la main d’œuvre intérimaire.

Sur le plan des équipements, chaque entreprise possède son terrain avec son ou ses bâtiments. Tracteurs, remorques, grues, barges, matériels de lavage, d’ensachages, camions frigorifique sont maintenant généralisés.

Il est certain que l’activité conchylicole crée des besoins et des demandes, faisant vivre une multitude d‘entreprises qui greffent leurs activités sur celles des professionnels de la mer, qui, du même coup, créent des emplois.

Les diverses mesures d’aménagement du littoral qui viennent restreindre l’accès (cale des moulières à Agon-Coutainville) semblent mal venues.

Mauvaise image

La perception que le grand public a des conchyliculteurs est relativement mauvaise.

Devant la réussite du plus grand nombre, un sentiment de jalousie s’est instauré. Même si la donne change, les producteurs sont en effet confrontés à de plus en plus de problèmes, les a priori dont sont souvent victimes les conchyliculteurs restent ancrés dans l’inconscient collectif. Ces réactions proviennent de la nostalgie d’une époque faste et nombreux sont ceux qui regrettent de ne pas avoir pris de risque de s’installer en conchyliculture lorsqu’il suffisait juste de faire la demande pour obtenir l’attribution de concessions.

Vers une reconnaissance

Ces problèmes d'image à valoriser pourraient être résolus avec l'obtention d'un label de qualité pour la moule ou l'huître du Cotentin à l'instar de ce que les pêcheurs normands de coquille saint-jacques de la baie de Seine ont pu réaliser : l'AOC coquille Saint-Jacques de la Baie de Seine de Grandcamp-Maisy (Calvados) à Dieppe (Seine-Maritime), basée sur la fraîcheur et la qualité du produit ; la préservation de la ressource et de l'environnement fut en son temps la première AOC déposée pour un produit sauvage en France...

Depuis, il y a, désormais, la moule de bouchot de la baie du Mont-Saint-Michel déposée par les mytiliculteurs de... Cancale: on pourra regretter, comme d'habitude! le manque de préparation, d'anticipation et de concertation entre professionnels et élus pour porter un dossier crédible d'AOC pour les moules du Cotentin, malgré les bonnes volontés des uns et des autres... Il faut, hélas, reconnaître que les Bretons furent plus avisés que les Normands : outre le fait qu'il n'y a pas de bouchots dans la partie normande de la baie du Mont-Saint-Michel (sauf dans l'archipel des îles Chausey où 39 km de bouchots y sont installés), l'AOC de droit européen que les Cancalais viennent de déposer depuis cet été leur permet aussi et surtout d'exploiter la formidable image du Mont-Saint-Michel...

Mais le dossier d'une AOC normande pour les moules de pêche et les huîtres du Cotentin n'est pas enterré pour autant : le label « Normandie fraîcheur mer » développé par les pêcheurs de Grandcamp-Maisy et repris en octobre 2006 par la [[Chambre de commerce de Granville dans le but de distinguer le homard chausiais des autres crustacés « pêchés en atlantique nord-est » est une voie à explorer...

Enfin, le développement et l'avenir économique d'une filière conchylicole, ostréicole ou le maintien de la pêche ne pourra se faire que dans le cadre d'une politique de labels de qualité et surtout par le maintien d'un environnement préservé : il est évident que le développement agroalimentaire ainsi que la pression immobilière ou nautique sur le littoral et leur impact sur la qualité des eaux doivent faire l'objet d'une particulière vigilance des élus comme des professionnels si l'on veut des fruits de mer de qualité sur les côtes du département de la Manche.

Notes et références

  1. Cyrille Calmets, « L'agriculture dans le département en chiffres », Ouest-France, 17 février 2024.

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