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Collège d'Avranches

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Le Collège d'Avranches
La cour des grands dans le Collège d'Avranches

Le collège d'Avranches est un ancien établissement scolaire de la Manche.

Il est à l'origine du lycée Émile-Littré, ses locaux sont occupés par le collège Challemel-Lacour, place Georges Scelle à Avranches.

Histoire

Au 16e siècle

Le collège est fondé entre 1515 et 1520 par Louis Herbert[1], évêque d'Avranches qui fait construire au sud de l'église Notre-Dame-des-Champs la « Grande Maison » et nomme Robert Goulet comme supérieur. [1]

Guillaume Le Moine est l'un des professeurs du collège qui font sa renommée.[1]

Au 17e siècle

Des chanoines et des dignitaires de la cathédrale Saint-André succèdent à Robert Goulet à la tête du collège. Le dernier est Sébastien Dodeman, mort en 1683. [1] Après lui, la « Grande Maison » est annexée au séminaire tenu par des prêtres du diocèse.[1]

En 1693, l'évêque Daniel Huet confie le collège et le séminaire aux Eudistes.[1]

Au 18e siècle

La construction du nouvel établissement est décidée par l'évêque Godart de Belbeuf qui trouve l'ancien trop exigu et trop vétuste.[2] Le financement est assuré grâce à la générosité des catholiques locaux. L'architecte René Le Berriays, aussi professeur, en dessine les plans [2]. La première pierre est posée le 18 juin 1781 [2]. Au 18e siècle, il compte jusqu'à 800 élèves [2].

L'établissement est fermé pendant la Révolution et sert de prison [2].

En 1797, le Directoire y installe l'« École centrale du département de la Manche », établissement d'enseignement supérieur [2]. Le maire d'Avranches en confie l'organisation à Julien Cerisier. On y trouve un laboratoire de physique, un jardin botanique renfermant 2 000 espèces de végétaux classées, une école de dessin, des classes d'histoire générale et de dessin et une bibliothèque de 20 000 volumes[2] provenant des abbayes du Mont Saint-Michel, de Montmorel, du Chapitre de la cathédrale d'Avranches et du séminaire d’Avranches...[3] L'école compte alors 160 élèves [2]. Le jardin légumier du couvent des capucins chassés par la Révolution est mis à sa disposition comme terrain d'expérience[4].

Au 19e siècle

En 1802, le Premier consul Bonaparte ordonne le transfert des meilleurs élèves à Caen et une « école secondaire » remplace l'École centrale [2].

En 1811, sous le Premier Empire, l' école secondaire devient Collège communal de garçons d'Avranches [2]. Un cours primaire est ouvert le 5 octobre 1831, transformé en cours primaire supérieur en octobre 1834. Il fonctionnera jusqu'en 1864 [2]. Les niveaux de classes vont de la onzième (équivalent du CP au 20e siècle) à la classe de rhétorique (première ) puis terminale où l'on prépare le baccalauréat créé en 1808 par Napoléon.[5]

L'établissement est affecté par de nombreuses évolutions. En 1874, le cours préparatoire, fondé en 1853, est remplacé par le « petit collège » [2].

Élève à la fin du XIXe siècle, Charles Huard gardera de l'établissement le souvenir d'« un bagne, où les enfants étaient occupés de 5 h 30 à 20 h 30 sans occasion de divertissement, où la rudesse de l’environnement le disputait à la sévérité maniaque des surveillants, où s’affrontaient des élèves répartis en deux camps : les Normands et les Bretons. »[6]

Au 20e siècle
Plaque Unesco
Bulletins trimestriels du collège (juin 1961)
puis lycée Littré d'Avranches (décembre 1961)

Il porte le nom de Paul Poirier, sur décision de la municipalité Maurice Chevrel [7].

Pendant la Première Guerre mondiale, le collège est transformé en hôpital militaire [2]. Les classes trouvent un abri dans l'immeuble du haras, puis dans le nouvel hôtel de la Caisse d'épargne, enfin dans l'hôtel des Postes [2].

En 1932, le collège devient mixte : les filles quittent leur école installée dans l'ancien couvent des capucins au jardin des plantes[4].

Le 4 mars 1938, le collège est autorisé par décret à prendre le nom d'Émile Littré [2].

La Seconde Guerre mondiale amène l'occupation du collège par l'armée allemande ; les classes sont déménagées dans l'ancien collège des filles, désaffecté quelques années auparavant [2].

L'aile ouest est très endommagée en juin ou juillet 1944, sa reconstruction, supervisée par André Cheftel, est achevée en 1949-1950.[5]

Le 4 avril 1950, l'Unesco fait don de 1000 dollars au collège d'Avranches, pour sa reconstruction culturelle.[8]

Le collège Littré est nationalisé en 1957, puis national en 1960.[5]

Il devient Lycée Émile-Littré à la rentrée 1961.

En 1968, le lycée national Littré se scinde en deux établissements:

  • Lycée Polyvalent mixte Émile-Littré et CET annexé, qui émigre rue de Verdun (de la seconde à la terminale).
  • un CES (Collège d’Enseignement Secondaire, de la sixième à la troisième) qui reste dans les murs, place Georges-Scelle, nouveau nom de la place du Collège.

Anciens élèves

Anciens professeurs

Monument aux morts

Dans la cour d'honneur du collège, un monument érigé dans les années 1950 rend hommage aux élèves et professeurs morts pour la France durant les Première et Seconde Guerre mondiale et en Afrique du Nord : trois murs formant un triptyque portent la liste de leurs 83 noms. Chaque année, lors de son assemblée générale, l’Amicale des anciens élèves du lycée Littré y organise une cérémonie : la liste des noms est lue par des collégiens.

Bibliographie

  • Abbé Auguste Laveille, Le Collège d'Avranches depuis ses origines jusqu'à la Révolution, (mémoire lu au Congrès des sociétés savantes, à la Sorbonne, en 1900), imprim J.Durand, Avranches, 1900
  • Abbé Lerosey, « Les collèges urbains dans les diocèses de Coutances et d'Avranches avant 1789. I- Collège d'Avranches », Notices, mémoires et documents de la Société d'archéologie et d'histoire de la Manche (lire en ligne), 1904, p.99-105

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 et 1,5 Émile-Aubert Pigeon, « Vie de Robert Goulet, de Saint-Lô et la fondation du collège d'Avranches, au commencement du XVIe siècle », Notices, mémoires et documents publiés par la Société d'agriculture, d'archéologie et d'histoire naturelle du département de la Manche , imprimerie d'Elie fils, Saint-Lô, 1892,p.102-116(lire en ligne)
  2. 2,00 2,01 2,02 2,03 2,04 2,05 2,06 2,07 2,08 2,09 2,10 2,11 2,12 2,13 2,14 et 2,15 Alphonse Osmond, En flânant dans les rues d'une petite ville, impr. Oberthur, Rennes, 1948, pp. 92-99
  3. Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 4, sous la direction de René Gautier, ISBN 2914541562
  4. 4,0 et 4,1 Sylvette Gauchet, Michel Coupard, Jack Lecoq, Avranches, promenades et découvertes, éd. Alizé. CdJ, 2008, p.31
  5. 5,0 5,1 et 5,2 Anciens élèves du Lycée-Littré (lire en ligne)
  6. Dessin satirique de Charles Huard sur les « exhibitions ethnographiques » (1905), Didac'Doc n°30, juin 2012.
  7. « Lettre ouverte à Monsieur le Maire », L'Avranchin, 5 juin 1909.
  8. Plaque de marbre retrouvée en 2016 par le principal