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Christian Dior

De Wikimanche

Son buste dans le jardin.

Christian Dior, né à Granville le 21 janvier 1905 et mort à Montecatini-Terme, en Toscane (Italie), le 23 octobre 1957, est un couturier de la Manche.

Il jouit d'une réputation mondiale.

Biographie

La maison qu'habitait Christian Dior à Granville.
Une robe dessinée par Christian Dior (Musée d'Indianapolis, USA).
Bar Suit (1947).

Fils de l'industriel granvillais Maurice Dior (1873-1946), Christian Dior naît dans la villa Les Haubans, route de Coutances, actuellement située 5 rue Maurice-Orange, bâtie à l'emplacement d'une ancienne corderie [1]. Il grandit dans la villa Les Rhumbs, acquise par ses parents le 24 septembre 1906 [2].

Il quitte sa ville natale en 1911, pour rejoindre Paris, où il ouvre une galerie d'art après des études sans succès à Science Po Paris [3]. Il y expose Matisse, Picasso, et même Salvador Dali. En 1935, après son service militaire, il devient illustrateur de mode pour Le Figaro Illustré.

Après le krach boursier de 1929, sa famille essuie un sérieux revers de fortune. Elle quitte la Normandie pour se réfugier dans le sud de la France. Le père de Christian Dior y acquiert une maison modeste « où le jeune homme, alors dessinateur dans des maisons de couture parisiennes (...) laissera s'épanouir ses talents de parfumeur » [4].

En 1938, il réussit à se faire engager comme modéliste chez Robert Piguet. Il y signe trois collections. En 1941, il rejoint la maison Lucien Lelong. En 1942, il commence à travailler comme costumier pour le cinéma [5]. Huit films bénéficient de son talent, jusqu'en 1947 [5].

Durant cette période de guerre, sa sœur Catherine Dior, loge parfois chez lui, sans qu'il ait connaissance de ses activités de résistante.

Soutenu financièrement par Marcel Boussac, Christian Dior fonde sa propre maison de couture au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Il l'installe au 30 avenue Montaigne, à Paris [6]. Le 12 février 1947, il présente 90 modèles printemps-été de la collection Corolle. Il connaît un succès international. Le style « new look » est né, qu'il définit comme la mode « de la jeunesse et de l'avenir » et du « retour au seyant et au joli dont les femmes avaient été privées depuis bien des lustres » [7]. La suite n'est qu'une collection de succès.

Time Magazine, 4 mars 1957.

Il est le premier couturier à créer autour de son nom un empire du luxe en utilisant des licences internationales permettant la vente de parfums, cosmétiques, bas, etc. sous la marque « CD », emblème reconnue mondialement [8].

En mars 1957, l'hebdomadaire américain Time met son portrait à la une, consacrant ainsi sa notoriété mondiale.

Christian Dior meurt le 23 octobre 1957, à 21 h, victime d'une crise cardiaque, alors qu'il joue aux cartes dans un grand hôtel, lors d'un séjour en Italie [9]. Il a 52 ans.

Il est inhumé à Callian (Var).

Yves Saint-Laurent prend sa suite à la tête de la maison Dior, à Paris. Il la quitte en 1960.

Son attachement à Granville

Né à Granville, Christian Dior y passe toute sa jeunesse, jusqu'à son départ pour Paris.

Il reste très attaché à sa ville natale, « bien que je n'y retourne jamais », concède-t-il [7].

Il parle avec émotion de la maison, Les Rhumbs, où il passe son enfance [10] :

« Comme toutes les bâtisses anglo-normandes de la fin du siècle dernier, la maison de mon enfance était affreuse. J'en garde cependant le souvenir le plus tendre et le plus émerveillé. Que dis-je ? Ma vie, mon style doivent presque tout à sa situation et à son architecture. Mes parents, jeunes mariés, l'avaient achetée un ou deux ans après ma naissance. Elle se dressait sur une falaise déserte à ce moment-là, depuis entièrement bâtie, au milieu d'un assez grand parc - aujourd(hui jardin public - planté d'arbres qui ont poussé avec moi contre vents et marées. Car la propriété surplombait directement la mer, visible derrière les grilles, et elle se trouvait exposée è toutes les tourmentes atmosphériques, à l'image de ce que serait ma vie, qui n'a pas été calme. Un bois de pins - qui devait avoir cinquante centimètres de haut - représentait la forêt vierge à mes yeux d'enfant. Il a gardé pour moi cet aspect, puisqu'il me dominerait aujourd'hui de ses hautes branches. Mais les murs qui entouraient ce jardin, pas plus que les précautions qui entourèrent mon enfance, n'étaient suffisants pour nous protéger de toutes les tempêtes.
Cette maison était sise à Granville (Manche), où mon père possédait des usines d'engrais et de produits chimiques fondées en 1832 par un trisaïeul qui fut un des premiers à avoir l'idée d'importer en Europe le guano du Chili. Toute la famille était de sang normand, sauf pour la pointe de « douceur angevine » apportée par ma mère, qui, au milieu de cet ensemble cohérent de bons vivants et de forts mangeurs, se trouvait être la seule personne mince et de peu d'appétit. Granville même, dont nous étions séparés par un kilomètre, était pendant neuf mois un petit port paisible et les trois mois d'été un quartier élégant de Paris (...).
Pendant les neuf autres mois, isolés dans notre propriété comme dans une île, loin de la basse ville livrée au commerce, nous ne voyions pratiquement personne. Cet isolement convenait à mes goûts (...). Mes premières années ont donc été celles d'un petit garçon très sage, très bien élevé, surveillé par des « fraülein », c'est-à-dire tout à fait incapable de se débrouiller dans la vie.
(...) La maison d'enfance était crépie d'un rose très doux, mélangé avec du gravier gris, et ces deux couleurs sont demeurées en couture mes teintes de prédilection.
(...) De ma chambre, je chérissais surtout la rosace contournée du plafond d'où pendait une veilleuse de verre multicolore dont la lueur convalescente transfigurait les urticaires et les varicelles. La pièce de jeu était toute proche : elle possédait un cabinet noir où mon frère aîné, Raymond, entrait plus souvent que moi. Mais l'endroit que je préférais - était-ce prédestination ? - c'était la lingerie. Les femmes de chambre, les couturières « à la journée », m'y racontaient des histoires de diables, chantaient L'Hirondelle du faubourg ou la berceuse de Jocelyn. Le crépuscule s'étirait, la nuit tombait et je m'attardait, oublieux de mes livres, de mon frère, regardant les femmes manier l'aiguille autour de la lampe à pétrole. C'est à cette douce et traînante vie de province qu'à cinq ans, mes parents ayant décidé d'habiter Paris, je fus tout à coup arraché. J'en ai conservé la nostalgie des nuits de tempête, de la corne de brume, du glas des enterrements et du crachin normand au milieu desquels s'est passée mon enfance. »

Hommages

Timbre-poste (1953).

Le 24 avril 1953, l'administration des PTT édite un timbre poste qui célèbre la haute couture française en reproduisant un modèle du couturier granvillais. Le timbre, d'une valeur faciale de 3 F, est dessiné par Pierre Gandon et gravé par Jules Piel. Il est tiré à 29,94 millions d'exemplaires. Il est retiré de la vente le 4 septembre 1954.

Le musée Richard Anacréon de Granville lui consacre sa première exposition en 1987.

Les jardins de la villa de son enfance Les Rhumbs prend le nom de jardin Christian-Dior en 1957 et abrite le musée Christian-Dior, consacré à son œuvre.

À Granville, dans l'église Notre-Dame, une plaque apposée sur les grilles des fonts baptismaux rappelle, cent ans après, que Christian Dior a été baptisé là le 22 août 1908.

Une rue de Saint-Lô porte son nom.

Vente aux enchères

Le tailleur gris et blanc signé Christian Dior, que porte Ingrid Bergman dans le film d'Anatole Litvak Aimez-vous Brahms ? (Goodbye Again), est adjugé 42 000 € lors d'une vente aux enchères organisée le 10 juillet 2011 à Saint-Pair-sur-Mer [11].

Bibliographie

De Christian Dior
  • Christian Dior et moi, Bibliothèque Amiot Dumont, 1956, réédition La Librairie Vuivert, 2011
Sur Christian Dior
  • Marie-France Pochna, Christian Dior, Flammarion, 2004
  • Marie-France Pochna, Christian Dior, un destin, Flammarion, 2021


Notes et références

  1. Aujourd'hui, la maison se divise entre Les Haubans au n° 5, et La Hune, au n° 7, « Du côté de chez Dior », Granville Magazine n° 66, octobre 2006.
  2. Yves Lecouturier, Demeures célèbres de Normandie, éd. Orep, 2010.
  3. Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 1, Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier.
  4. Carole Paufique, « À Grasse, Christian Dior se révèle parfumeur », Paris Match, 21 octobre 2010.
  5. 5,0 et 5,1 Jean-Christophe Lalay, « Dior fait son cinéma tout l'été à Granville », Ouest-France, 10 mai 2012.
  6. Christian Dior, « De ma Normandie à la haute-couture », Ouest-France, 4 novembre 1957.
  7. 7,0 et 7,1 Christian Dior, Christian Dior et moi, Bibliothèque Amiot Dumont, 1956.
  8. Yves Lecouturier, Célèbres de Normandie, éd. Orep, 2007.
  9. « Francis Huster, « J'ai vu mourir Christian Dior », Paris Match, 30 janvier 2013.
  10. Christian Dior, « La maison de Granville », Ouest-France, 20 novembre 1957.
  11. Christophe Penot, « Le tailleur Dior de Bergman adjugé 42 000 € », Ouest-France, 16-17 juillet 2011.

Liens internes

Liens externes