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Cherbourg (étymologie)

De Wikimanche

Cette page traite des différentes tentatives d'explication du nom de Cherbourg, devenu Cherbourg-Octeville en 2000, puis Cherbourg-en-Cotentin en 2016.

Attestations anciennes

Type Coriallo

  • Coriallo 4e s. (copie 13e s.) [1].
  • in pago Coriovallinse 747/753 [2], nom du pays de Cherbourg.
  • [abl.] Corialinse ~830 [2], forme adjectivale.
  • Coriliso 853 [2], nom du pays de Cherbourg.

Type Cherbourg

  • castell[um] […] Carusburg [var. Carusburc] 1026/1027 (copie 17e s.) [3].
  • silva Cesarisburgi [var. Cesaris burgi, Cæsarisburgii] 1042 (copie 1120) [4].
  • Ceresbroch [lire Ceresborch] 1062 (copie 18e s.) [5].
  • Carisbourc [var. Carrebourc, Carisbourg, Cæsarisbourg, Carisburc corrigé en interligne en Carisburgi] 1056/1066 (copie 1319) [6].
  • capella Carisburgi [var. Cæsaris] 1063/1066 (copie 17e s.) [7].
  • [acc.] Cesarisburgum [var. Cæsarisburgi] 1063/1066 (copie 17e s.) [8].
  • Chiersburg, Chierisburch ~1070 [9].
  • Kiæres burh ou Kiæresburh 1091 (copie 1121) [10].
  • [abl.] Cezariburgo 1134 [11].
  • [acc.] Cæsarisburgum 1123/1141 [pour l'an 1090] [12]
  • [abl.] Cesariburgo 1135/1150 [13].
  • [abl.] Cesarisburgo 1150/1151 [14].
  • [acc.] Cæsarisburgum 1156/1157 [pour l'an 1143] [15].
  • [abl.] Cesaris Burgo 1156/1160 [16].
  • [acc.] Cæsaris burgum 1169 [pour l'an 1159] [17].
  • [abl.] Cezariburgo 1164/1173 [18].
  • Chieresborc, Chiéresborc 1160/1174 [19], [20].
  • Chieresburc 1160/1174 [21].
  • Cheresbors [var. Cherebors] ~1175 [22].
  • Cheresburcs ~1175 [23].
  • [acc.] Cesarisburgum 1180 [24].
  • Chierebur[c] 1180/1182 [25].
  • [acc.] Cæsaris burgum 1185/1186 [pour l'an 1185] [26].
  • Reginald[us] de Cheresborc 1195 [27].
  • [abl.] Cesariburgo 1195 [28].
  • [abl.] Cesarisburgo 1195 [29].
  • [abl.] Cesaris burgo 1198 [30].
  • [gén.] Cesarisburgi 1198 [31].
  • Cheresborch [var. Cheresburch] 1159/1200 [pour l'an 1159] [32].
  • [acc.] Cesarisburgum 1203 [33].
  • [abl.] Cesaris burgo, Cesarisburgo 1203 [34].
  • [abl.] Cesarburgo 1203 [35].
  • [abl.] Cesariburgo 1208 [36].
  • [abl.] Cesarisburgo 1208 [37].
  • Cesarisburgus ~1210 [38].
  • [gén.] Cesarisburgi 1222 [39].
  • [abl.] Cesarisburgo 1223/1226 [40], 1230 [41].
  • [acc.] Cesarisburgum 1257 [42], 1258 [43].
  • [abl.] Cesaris burgo 1258 [44]
  • Chierebort 1272 [45].
  • [acc.] Cesarisburgum 1272 [46], 1273 [47], 1276 [48], 1278 [49], 1282 [50].
  • Chierebourg 1292 [51].
  • Chieresborc 1297, 1301 [2].
  • [abl.] Cesariburgo 1332 [52].
  • [abl.] Cesarisburgo 1332 [53].
  • Chierbourc 1345 [54].
  • Cherebourc 1348 [55].
  • Chierebourc 1349 [56].
  • [abl.] Cesaris burgo 1351/1352 [57].
  • Chirebourg 1353 [58].
  • Chierebourg 1368, 1369, 1370 [59], 1377 [60].
  • Chirburg 1377 [61].
  • Chirburgh 1377, 1379, 1382 [62], 1389, 1391 [63].
  • Chierebourg 1404 [64].
  • Chierebour 1404 [65].
  • Cheerebourg 1417 [66].
  • [abl.] Chirburgho 1418 [67]..
  • Chirburgh 1418 [68], 1421 [69].
  • Chierbourg 1418 [70], 1422 [71].
  • Chierburgh 1418 [72], 1422 [73].
  • Chierbourc 1419 [74].
  • Chierburg 1419 [75].
  • Chirbourg 1419 [76].
  • Chirbourgh 1419 [77].

Étymologie

Localisation de Cherbourg (Coriallo) sur la Table de Peutinger, 4e s.
(la carte est orientée à l'est)

Le nom de Coriallo

L'identification de Coriallo avec le site de l'actuel Cherbourg n'est pas admise par tous. Elle l'est, cependant, par François de Beaurepaire [2], Ernest Nègre [153], Louis Deroy et Marianne Mulon [154] et René Lepelley [155]. Ce nom apparaît sur la Table de Peutinger (4e s.), où il désigne un lieu situé plus ou moins au même endroit (voir l'illustration ci-contre). Cette appellation a été en usage durant le haut Moyen Âge, car on en trouve le dérivé adjectival °Coriovallensis (variante °Coriallensis) noté sous les formes Coriovallinse en 747/753, Corialinse vers 830, et Coriliso en 853. On n'en rencontre pas d'autre attestation après le 9e siècle; encore peut-on penser que cette survie dans les textes est d'origine administrative, et ne reflète peut-être pas la réalité linguistique [156].

Quels que soit l'emplacement et la nature exacte du Coriallo de la Table de Peutinger, on estime que ce nom est d'origine gauloise, et qu'il correspond à une forme déjà évoluée d'un nom primitif. François de Beaurepaire fait en effet remarquer [2] que le dérivé ajectival °Coriovallensis postule un °Coriovallum dont °Coriallum (noté Coriallo) représente l'évolution tardive régulière, et que d'autre part le nom de Coriovallum est formellement attesté ailleurs : c'est également l'appellation celtique primitive (notée au 3e siècle sur l'Itinéraire d'Antonin) de la ville de Heerlen aux Pays-Bas.

Les différentes hypothèses
  • Pour François de Beaurepaire [2], le sens de Corio- est inconnu. Par contre, le deuxième élément -vallum pourait être l'équivalent (implicitement celtique) du latin vallum « fossé, retranchement » [157].
  • Ernest Nègre [153] voit dans Coriovallum la combinaison des éléments gaulois -corio- « armée » et latin vallum « [levée de terre et palissade], rempart, [retranchement] ». Cette opinion est également celle de Louis Deroy et Marianne Mulon [154], du moins quant au premier élément Corio-.
  • René Lepelley [158] n'analyse pas Coriallum, mais se contente d'y voir une appellation celtique, et de supposer que le sens en était le même que celui de Cherbourg. C'est aller un peu vite en besogne, étant donné que l'étymologie de ce dernier nom est discutée. En outre, l'idée que Cherbourg pourrait représenter une traduction ou une adaptation du nom primitif impliquerait que le sens de ce toponyme était encore connu très tardivement, ce qui pose des problèmes de chronologie. Tout au plus peut-on penser qu'un même site, employé de la même manière, a suscité des appellations similaires à des époques différentes.
Discussion

Dans un premier temps, on pourra se demander pourquoi François de Beaurepaire estime l'élément corio- de sens inconnu : il est déjà identifié en son temps par Georges Dottin [159] qui le rapproche de l'ancien irlandais cuire « armée ». Ce rapprochement est aujourd'hui admis par tous les spécialistes, et permet de poser un gaulois °corios « armée », « troupe » [160], [161]. Cet élément est fréquent dans les ethnonymes gaulois (les Coriosolites, cf. Corseul; les Uocorii « les deux troupes »; les Tricorii « les trois troupes / armées », cf. le Trégor et Tréguier; les Petrucorii « les quatre armées », cf. le Périgord, etc.) [161], ainsi que les anthroponymes [162].

Le second élément -vallum ne saurait, pour des raisons principalement sémantiques, être identifié au gaulois ualos « prince », très fréquent dans les anthroponymes mais inconnu en toponymie [163]. En l'absence d'un gaulois °uallon °« rempart » qui n'est attesté nulle part, mais auquel François de Beaurepaire semble implicitement croire [2], il semble plus logique de supposer que l'on a effectivement affaire ici au latin vallum « levée de terre et palissade, rempart, retranchement », comme le suppose Ernest Nègre [153], et que Coriovallum représente un hybride latino-celtique, phénomène très fréquent à l'époque gallo-romaine. Xavier Delamarre [161] traduit d'ailleurs sans état d'âme ce nom par « “Muraille Défensive”, composé latino-gaulois », mais sans doute faudrait-il être un peu plus nuancé : dans cette hypothèse, on peut avoir affaire à un « retranchement pour (ou de) l'armée », c'est-à-dire un cantonnement fortifié, ou tout autre établissement similaire. En l'état actuel des choses, il ne semble pas possible d'identifier ce retranchement avec un quelconque vestige archéologique. Cependant, il faut noter que Vauban, qui inspecte les ports de la Manche en 1680 et remet au sujet de celui de Cherbourg un mémoire au Roi en 1686, fait état, avant la destruction du château médiéval de Cherbourg, de l'origine romaine de la construction [164].

Le nom de Cherbourg

L'une des premières attestations du nom de Cherbourg
(Cherburg) sur une carte géographique (Munster, 1542)

L'origine du nom de Cherbourg a lui aussi suscité de nombreuses tentatives d'explication. Aujourd'hui (2011), son étymologie ultime n'est toujours pas assurée. Cependant, les différentes hypothèses qui ont été avancées jusqu'à présent paraissent plus ou moins acceptables au regard des connaissances linguistiques et toponymiques actuelles.

Les différentes hypothèses
  • Jusqu'au 19e siècle, on n'a généralement pas mis en doute l'explication traditionnelle suggérée par les latinisations de type Cesaris burgus et ses variantes, « le fort de César », en usage du 11e au 14e siècle [165], et prolongée par la « restitution savante » de Cesarbourg en 1424. Les tenants de ce type d'explication prestigieuse et valorisante n'ont pas tous disparu aujourd'hui.
  • Le très aventureux Édouard Le Héricher reste muet à ce propos [166], silence sans doute salutaire.
  • Auguste Longnon fait preuve d'une prudente circonspection, digne du grand érudit qu'il était : selon lui, l'élément final -bourg, d'origine germanique, peut aussi bien être issu du francique ou du saxon burg, par exemple, que du scandinave borg « fort, ville (fortifiée) ». Quant à l'initiale Cher-, non seulement son sens lui est inconnu, mais elle peut elle aussi provenir d'une langue germanique indéterminée, scandinave ou autre [167]. L'auteur réfute par ailleurs l'explication par « le fort de César » en tant que fantaisie de clerc [168].
  • Auguste Vincent avoue implicitement son ignorance, en ne traitant pas le sujet [169].
  • Maurits Gysseling se contente de citer la forme datée de 1091 issue de l’Anglo-saxon Chronicle, et d'évoquer une origine scandinave, sans davantage de commentaires [170].
  • François de Beaurepaire propose avec prudence une origine anglo-saxonne [171], hypothèse qu'il reprendra plus tard dans son ouvrage consacré aux communes et anciennes paroisse de la Manche [2]. L'auteur rapproche le nom de Cherbourg de celui de Chirbury en Angleterre (Ciricbyrig 915, Chiresbir 1226), constitué de l'ancien anglais ċir(i)ċe, variante ċyr(i)ċe « église » [172] combiné avec burg, datif byr(i)g « lieu fortifié, fort; ville défendue par des remparts », etc. Ce sens est également celui du nom de la commune proche (l'auteur dit « limitrophe », ce qui est un peu exagéré) de Querqueville, formé avec l'élément scandinave kirkja « église » + -ville. Cette explication par l'anglo-saxon est également reprise par Deroy et Mulon [154]. François de Beaurepaire examine par ailleurs la recevabilité de l'hypothèse Cesaris burgus, qu'il juge plausible phonétiquement, à condition de supposer une métathèse Cesar- > °Ceras- > Ceres-; par contre, la combinaison de cet élément (régulièrement associé à l'époque gallo-romaine à un appellatif d'origine gauloise) avec un mot germanique pose un sérieux problème de chronologie, et rend par conséquent cette explication peu vraisemblable.
  • Pour Albert Dauzat [173], qui reprend l'opinion de Raymond Schmittlein [174], il s'agit de la fixation toponymique d'un nom de personne germanique féminin Kerburg, soit « (le domaine de) Kerburg ». Cette interprétation est à son tour reprise par Ernest Nègre [175], qui cite les variantes attestées de cet anthroponyme féminin Kirbruc, Kerbrugis [176].
  • Marie-Thérèse Morlet, disciple d'Albert Dauzat, n'adopte pas ce dernier point de vue, puisqu'elle ne fait pas figurer Cherbourg dans son ouvrage consacré aux noms de personnes gallo-romains et germaniques contenus dans les noms de lieux [177].
  • René Lepelley, le dernier jusqu'à présent à avoir proposé une étymologie du nom de Cherbourg, y voit une combinaison des éléments scandinaves kjarr « marais » et borg « lieu fortifié », etc., soit « la fortification du marais » [158]. Ce nom ferait allusion, selon lui, « aux marais et divagations du Trottebec, entre Cherbourg et Tourlaville  ».
Discussion
  • L'interprétation ancienne par Cesaris burgus « le fort de César », comme le montre François de Beaurepaire, est plausible phonétiquement (à condition d'admettre la métathèse), mais hautement improbable d'un point de vue historique. Certes, les dédicaces authentiques à César (c'est-à-dire, de manière générale, à l'Empereur), quoique rares, existent, mais toujours combinées avec un élément gaulois : les deux principaux exemples sont Cæsarodunum « le fort de César », nom gallo-romain de Tours [178] et Cæsaromagos « le marché de César », ancien nom de Beauvais [179]; il existe davantage de formations en Augustus suivi d'un appellatif gaulois. Pour justifier ici la présence de l'élément germanique burg, il faudrait faire l'hypothèse d'une traduction partielle tardive en °Cæsaroburgus du type Cæsarodunum, dont on n'a absolument aucune trace, et qui ferait double emploi avec Coriovallum (si tant est que ce nom désigne bien Cherbourg). Il n'est pas matériellement possible de réfuter cette interprétation, qui reste néanmoins très peu vraisemblable. L'apparition tardive du type Cherbourg (11e siècle) va plutôt dans le sens d'une création médiévale.
  • La proposition de Raymond Schmittlein [174], [180] reprise par Albert Dauzat [173] puis Ernest Nègre [153], consiste, nous l'avons vu, à voir dans Cherbourg la fixation toponymique d'un nom de personne germanique féminin Kerburg (formes attestées Kirbruc, Kerbrugis = °Kerburgis), soit « (le domaine de) Kerburg ». Cette hypothèse ne cadre pas très bien avec les anciennes formes Ceresbroch (= Ceresborch), Carisbourc, Carisburgus, etc., qui comportent un -s- interne. En outre, si la présence d'anthroponymes germaniques féminins n'est pas inconnue dans la toponymie française, elle reste cependant rare, et surtout restreinte à des noms de domaines. Dans cette hypothèse, il faudrait considérer que la place forte stratégique qu'a vraisemblablement représentée Cherbourg dès l'antiquité a été nommée ou renommée, vers le 4e ou 5e siècle, d'après un tel domaine terrien tenu par une femme. Si Cherbourg est bien °Coriovallum, et qu'il y existe une continuité du site défensif de l'époque gallo-romaine au Moyen Âge, cela ne semble pas vraisemblable.
  • L'hypothèse anglo-saxonne pose l'existence du composé °ċir(i)ċesburg, éventuellement réduit à °ċir(i)ċ(e)burg « le fort de l'église », pour lequel il faut supposer une évolution °ċir(i)ċ- > °ċir(i)-, avec chute (par dissimilation ou haplologie ?) du deuxième ċ, pour cadrer avec la première forme non latinisée de Cherbourg, Ceresbroch [lire Ceresborch], datée de 1062. Ce n'est pas impossible, mais un peu gênant. Le réflexe régulier de °ċir(i)ċesburg / ċir(i)ċ(e)burg serait ici °Cherchebourg, équivalent anglo-saxon du scandinave Querqueville. Il est légitime de se demander pourquoi cette forme subit une telle évolution dans un cas et pas dans l'autre. Quoi qu'il en soit, dans le cadre de cette hypothèse, on peut penser que l'église en question est l'édifice religieux qui a précédé la Sainte-Trinité, et sur les ruines duquel cette dernière est probablement construite. Elle passe pour avoir été élevée vers 435 par saint Éreptiole, évêque de Coutances [181], et paraîtrait donc assez ancienne pour justifier la dénomination de « fort de (ou près de) l'église ». Mais une autre difficulté survient ici : l'église est détruite par les Normands vers 841 [181], de telle sorte qu'elle doit être une simple ruine au 10e siècle (date probable du toponyme s'il est d'origine anglo-saxonne), et ne sera reconstruite qu'au siècle suivant par Guillaume le Conquérant. La relative rareté de telles constructions entre le 5e et le 10e siècle, ou le prestige passé de l'édifice, étaient-ils suffisants pour que le souvenir de l'église primitive justifie le déterminant ?
  • L'hypothèse scandinave proposée par René Lepelley postule une formation °kjarresborg, issue de la combinaison de l'ancien norois kjarr « marais » et borg « lieu fortifié ». Cette analyse repose implicitement sur la forme Kiæres burh ou Kiæresburh (1091) issue de l'Anglo-saxon Chronicle, où l'élément scandinave -borg serait alors anglicisé en -burh. Peut-être même vaudrait-il mieux parler, dans ce cas, de formation anglo-scandinave. D'un point de vue phonétique, cette étymologie est compatible avec les attestations antérieures (Carusburg / Carusburc 1026/1027, Ceresbroch [= Ceresborch] 1062, Carisbourc / Carisbourg / Carisburc / Carisburgus / Carrebourc 1056/1066, Carisburgus 1063/1066, Chiersburg, Chierisburch ~1070). En effet, la toute première forme Carusburg / Carusburc est manifestement une latinisation partielle du type roman Chiersburg (forme relevée vers 1070), faussement analysé en chiers « cher, aimé » (latin carus) + burc [182]. Elle garantit donc l'existence de la forme Chiersburg dès cette date, où l'initiale Chiers-, prononcée [ʧ'jeɾs-] ou [ʧ'jers-], correspond parfaitement à l'évolution palatalisée du scandinave kjarres-, notée Kiæres- (avec fermeture [a] > [æ] en contexte palatal) dans le manuscrit anglais.
Plan de Cherbourg, Jean Magin, 1700/1741.
Le fort y fait effectivement face aux marais.

En ce qui concerne la signification de l'ancien scandinave kjarr, sans doute faut-il se montrer un peu plus nuancé : René Lepelley ne retient que le sens de « marais », qui est celui du suédois moderne kärr « marais, marécage, tourbière » (il ne semble plus vivant dans les autres langues scandinaves standard à l'heure actuelle). En ancien islandais, le mot kjarr (variante kjörr) a surtout le sens de « broussailles, fourré, taillis », végétation certes associée au marais dans le composé kjarrmýrr « marais couvert de broussailles, friche marécageuse ». C'est d'ailleurs son sens étymologique, que l'on retrouve dans l'ancien norois kjarr, kjǫrr « sous-bois, fourré, broussailles » [183]. L'emploi toponymique de cet élément en Scandinavie, soit au sens de « marais, marécage », soit avec la valeur primitive de « broussailles », etc., est bien attesté, tant dans les toponymes anciens que dans les odonymes (noms de voies) modernes. Citons par exemple en Suède : Kärrslund « bois » à Öxabäck; Kärrstorp « village » à Eslöv; Kärrstigen « chemin » à Täby et Nacka; Kärrstråket « rue » à Länna (Huddinge), etc.; au Danemark : Kjærbye [Malerfirma] « ferme / village » à Bytoften (Horsens); Kjærslund « bois » à Viby Jylland; Kjærbovænge (sens incertain) à Farum; Kjærsbovej (idem) à Store Heddinge, etc.; en Norvège, Kjærberg, « mont »; Kjærbu, Kjærrebuen « ferme / village »; Kjærholen « creux » à Sandnes, etc. [184].

Enfin, apparente kirsebær [185] sur le kage [186], on relève au Danemark le patronyme Kjærborg [187], semblant attester l'existence passée du toponyme. Cependant, l'anthroponymie danoise a ceci de particulier (et de commun avec la Suède) qu'un certain nombre de patronymes sont de création plus ou moins fantaisiste, et en tout cas très récente [188], de telle sorte que le toponyme Kjærborg (non localisé par Google Maps) n'a peut-être jamais existé au Danemark [189].

Conclusion

Des quatre tentatives d'explication ci-dessus, c'est sans doute la dernière qui pose le moins de problèmes, tant phonétiques que sémantiques ou historiques. Elle a l'avantage de bien correspondre aux premières attestations, et de proposer une solution plausible. Reste une certaine zone d'incertitude : la valeur exacte de l'étymon scandinave kjarr « marais » ou « broussailles, fourré ». En ce qui concerne la finale, qui est toujours en -burg (ou variantes) dans les formes anciennes, elle représente vraisemblablement, dans le cadre de cette dernière hypothèse, d'une réfection anglo-saxonne de -borg, suggérant une origine anglo-scandinave du toponyme.

Remarques sur les graphies

Dans les attestations anciennes citées ci-dessus, un certain nombre de graphies est d'origine étrangère. Outre la forme Kiæres burh ou Kiæresburh de 1091, qui provient d'un manuscrit anglo-saxon, on peut signaler la série des Chirburg(h), Chierebour, Cheerebourg, Chierbourg(h), Ch(i)erburg(h), Chierbourc, Chirbourg(h), Chirburt, Chireburgh, etc., datant de la fin du 14e siècle et du début du 15e, et provenant des archives de Londres (pièces appelées Rôles de Bréquiqny, d'après leur inventeur). Beaucoup d'entre elles datent de la période de l'occupation anglaise de la Normandie, et comportent en conséquence des graphies anglaises ou anglicisées. De même, la graphie Shearburg de 1693 provient d'une carte britannique, et note plus ou moins phonétiquement la prononciation du nom en fonction des règles orthographiques anglaises de l'époque. Enfin, la forme Schierbourgh de 1608 provient d'une carte hollandaise, d'où son aspect quelque peu étrange.

En ce qui concerne la graphie Chilbourc relevée en 1425 dans les pièces jointes à la Chronique du Mont Saint-Michel [89], elle correspond à une forme dissimilée de °Chirbourc, selon le schéma r—r > l—r.

Bibliographie

  • René Lepelley, « Une hypothèse sur le nom de Cherbourg », Mémoires de l'Académie nationales des sciences, 1992, p. 153.
  • René Lepelley, « De Cherbourg à Coriallum », Annales de Normandie, mars 1993, p. 3-16.

Notes et références

  1. Table de Peutinger.
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 2,6 2,7 et 2,8 François de Beaurepaire, Les noms de communes et anciennes paroisses de la Manche, Picard, Paris, 1986, p. 100-101.
  3. Marie Fauroux, Recueil des actes des ducs de Normandie (911-1066), Mémoire de la Société des Antiquaires de Normandie XXXVI, Caen, 1961, p. 182, § 58.
  4. Ibid., p. 255, § 99.
  5. Ibid., p. 336, § 151.
  6. Ibid., p. 406, § 214.
  7. Ibid., p. 428, § 224.
  8. Ibid., p. 432, § 224.
  9. Guillaume de Jumièges, Gesta Normannorum ducum, ~1071/1072; éd. Jean Marx, A. Picard, Paris, 1914.
  10. Anglo-saxon Chronicle, manuscrit E, dit « chronique de Laud » : Bodleian MS Laud 636; première leçon issue de l'édition Plummer, p. 226, rapportée par Maurits Gysseling, Toponymisch woordenboek van Belgie, Nederland, Luxenburg, Noord Frankrijk en West Duitsland (voor 1226), Tongres, 1960, t. I, p. 231b; seconde leçon issue de l'édition Tony Jebson, consultée le 16/04/2011. François de Beaurepaire, op. cit., loc. cit., cite lui aussi d'après l'Anglo-saxon Chronicle la forme Kiares buhr, qu'il précise avoir relevée chez Gysseling. Il semble s'agir de sa part d'une mauvaise retranscription, ou simplement d'une erreur d'impression de l'éditeur.
  11. Julie Fontanel, Le cartulaire du chapitre cathédral de Coutances, Archives départementales de la Manche, Saint-Lô, p. 429, § 289.
  12. Orderic Vital, Historiæ ecclesiasticæ, 1123/1141, édition de Auguste Le Prévost et Léopold Delisle, Jules Renouard éd., Paris, t. II, 1840, p. 350 [VIII / XV].
  13. Julie Fontanel, op. cit., p. 432, § 292.
  14. Léopold Delisle, Recueil des actes de Henri II, revu et publié par Élie Berger, Imprimerie Nationale, Paris, t. I, 1916, p. 19, § XIV, l. 31.
  15. Léopold Delisle, Chronique de Robert de Torigni, abbé du Mont-Saint-Michel, A. Le Brument, Rouen, vol. I, 1872, p. 229.
  16. Ibid., p. 243, § CXXXV, l. 26.
  17. Léopold Delisle, Chronique de Robert de Torigni…, vol. I, p. 317.
  18. Julie Fontanel, op. cit., p. 431, § 290.
  19. Wace, Roman de Rou, 1160-1174, édition de Frédéric Pluquet, Édouard Frère éd., Rouen, 1827, t. I, p. 21, l. 419.
  20. Ibid., t. II, p. 60, l. 9673.
  21. Ibid., t. I, p. 364, l. 7265.
  22. Benoît de Sainte-Maure, Chronique des ducs de Normandie (~1175), édition de Francisque Michel, in Collection des documents inédits, Imprimerie Royale, Paris, t. II, 1838, p. 14, l. 15684.
  23. Ibid., p. 480, l. 29221.
  24. Léchaudé D’Anisy, Grands Rôles des Échiquiers de Normandie, première partie, Mémoire de la Société des Antiquaires de Normandie XV, 2e série, 5e volume, Paris, 1845, p. 10b.
  25. Léopold Delisle, Recueil des actes de Henri II, revu et publié par Élie Berger, Imprimerie Nationale, Paris, t. II, 1920, p. 205, § DCII, l. 3.
  26. Léopold Delisle, Chronique de Robert de Torigni…, A. Le Brument, Rouen, vol. II, 1873, p. 134.
  27. Léchaudé D'Anisy, op. cit., p. 55a.
  28. Ibid., p. 69b.
  29. Ibid., p. 84b.
  30. Léchaudé D’Anisy et A. Charma, Magni Rotuli Scaccariæ Normanniæ sub regibus Angliæ, pars secunda, Mémoire de la Société des Antiquaires de Normandie XVI, 2e série, 6e volume, Paris, 1852, p. 40b.
  31. Ibid., p. 70b.
  32. Léopold Delisle, Chronique de Robert de Torigni… (additions), vol. II, p. 134.
  33. Léchaudé D'Anisy, op. cit., p. 130a.
  34. Léchaudé D'Anisy et A. Charma, op. cit., p. 83a, 84b.
  35. Ibid., p. 95a.
  36. Julie Fontanel, op. cit., p. 434, § 294.
  37. Léopold Delisle, Recueil de jugements de l’Échiquier de Normandie au XIIIe siècle, Paris, 1864, p. 10, § 35.
  38. Léopold Delisle, Le cartulaire normand de Philippe-Auguste, Louis VIII, saint Louis et Philippe le Hardi, Mémoire de la Société des Antiquaires de Normandie XVI (2e série, 6e vol.), Paris, 1852, p. 12b, § 209.
  39. Léchaudé D'Anisy, op. cit., p. 204b.
  40. Julie Fontanel, op. cit., p. 411, § 273.
  41. Léchaudé D'Anisy, op. cit., p. 205a.
  42. Ibid., p. 143, § 38.
  43. Léopold Delisle, Le cartulaire normand…, p. 114a, § 606.
  44. Le comte E. Beugnot, Les Olim ou Registres des arrêts rendus par la cour du roi sous les règnes de saint Louis, de Philippe le Hardi, de Philippe le Bel, de Louis le Hutin et de Philippe le Long, Imprimerie Royale, Paris, t. I (1254-1273), 1839, p. 50, § XXIV.
  45. Ibid., p. 340a, § 1222.
  46. Julie Fontanel, op. cit., p. 153, § 44.
  47. Ibid., p. 357, § 227.
  48. Léopold Delisle, Le cartulaire normand…, p. 208b, § 880.
  49. Ibid., p. 231a, § 929.
  50. Ibid., p. 259b, § 1004.
  51. Léopold Delisle, Les cartulaires de la baronnie de Bricquebec, impr. F. Le Tual, Saint-Lô, 1899, p. 12, n° 90.
  52. Pouillé du Diocèse de Coutances, 1332, in Auguste Longnon, Pouillés de la Province de Rouen, Recueil des Historiens de France, Paris, 1903, p. 293E.
  53. Ibid., p. 312C.
  54. Louis Du Bois, Itinéraire descriptif, historique et monumental des cinq départements de la Normandie, Mancel, Caen, 1828, p. 421.
  55. Léopold Delisle, Les actes normands de la Chambre des Comptes sous Philippe de Valois (1328-1350), Rouen, Le Brument, 1871, p. 362, § 209.
  56. Ibid., p. 391, § 223.
  57. Compte du Diocèse de Coutances, pour l’année 1351 ou 1352, in Auguste Longnon, op. cit., p. 383B.
  58. Léopold Delisle, Fragments d'une chronique inédite relatifs aux événements militaires arrivés en Basse-Normandie de 1353 à 1389, Saint-Lô, 1895, p. 5.
  59. Ibid., p. 8-10.
  60. Ibid., p. 10.
  61. Rôles Normands et Français et autres pièces tirées des archives de Londres par Bréquigny en 1764, 1765 et 1766, Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie XXIII (3e série, 3e volume), 1re partie, Paris, 1858, p. 5a, § 54.
  62. Ibid., p. 5b, § 55-57.
  63. Ibid., p. 6a, § 62-63.
  64. Léchaudé D'Anisy, op. cit., p. 211b.
  65. Ibid., p. 212a.
  66. Rôles Normands et Français…, p. 249b, § 1359.
  67. Léchaudé D'Anisy, op. cit., p. 274b.
  68. Rôles Normands et Français…, p. 34a, § 219.
  69. Ibid., p. 164b, § 942.
  70. Ibid., p. 34a, § 221.
  71. Ibid., p. 197a, § 1099.
  72. Ibid., p. 212b, § 1198.
  73. Ibid., p. 202a, § 1122.
  74. Ibid., p. 64a, § 339.
  75. Ibid., p. 87b, § 521.
  76. Ibid., p. 44a, § 264.
  77. Ibid., p. 110a, § 675.
  78. Ibid., p. 69b, § 373.
  79. Ibid., p. 81b, § 466.
  80. Ibid., p. 84a, § 491.
  81. Ibid., p. 91a, § 542.
  82. Ibid., p. 148b, § 870.
  83. Ibid., p. 100b, § 618.
  84. Ibid., p. 126a, § 755.
  85. Ibid., p. 202b, § 1125.
  86. Siméon Luce, Chronique du Mont-Saint-Michel (1343-1468), Firmin-Didot, Paris, t. I, 1879, p. 122, § XVIII.
  87. Ibid., p. 148, § XXXIV.
  88. Ibid., p. 166, § XLII.
  89. 89,0 et 89,1 Siméon Luce, op. cit., t. I, 1879, p. 220, § LXIX.
  90. Siméon Luce, op. cit., t. II, 1883, p. 94, § CXCIII.
  91. Ibid., t. II, p. 161, § CCXXXIV.
  92. Ibid., t. I, p. 3. La date de l'entrée est 1354, mais on sait que l'événement évoqué (l'arrivée de Charles le Mauvais, roi de Navarre, à Cherbourg) date de l'année suivante. La rédaction de la chronique est postérieure, mais sa date (2e moitié du 14e siècle ou 1ère moitié du 15e) ne peut être davantage précisée. Cette remarque vaut pour les formes ci-après, directement issues de la chronique et non des pièces jointes.
  93. Ibid., t. I, p. 4.
  94. Ibid., t. I, p. 14.
  95. Ibid., t. II, p. 226, § CCLXXVII.
  96. Ibid., t. II, p. 238, § CCXC.
  97. Ibid., t. II, p. 238, § CCXC.
  98. Ibid., t. I, p. 77.
  99. Ibid., t. I, p. 58.
  100. Sebastien Munster, « Galliae Regionis Nova Descriptio », in Cosmographia, Bâle, 1542.
  101. Jean Rotz, [Carte de la Manche], 1542/1544 [British Library].
  102. Eugène Robillard de Beaurepaire et le Comte Auguste de Blangy, Le Journal du Sire de Gouberville (t. I), Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie XXXI, Caen, 1892, p. 2.
  103. Eugène Robillard de Beaurepaire et le Comte Auguste de Blangy, Le Journal du Sire de Gouberville (t. II), Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie XXXII, Caen, 1895, p. 877.
  104. Gerard Mercator (1512-1594), Britannia et Normandia cum confinibus regionibus, Duisbourg, 1585 [NBF, Collection d'Anville, cote 00456 bis.
  105. Abraham Ortel dit Ortelius, Neustria. Britanniae, et Normandiae Typus, Anvers, 1594.
  106. Bertius, Normandia, 1606.
  107. Willem Janszoon, Beschrivinge der Zeecusten van Picardie ende Normandie Item de ghelegentheyt aller Rivieren, Reeden ende Havenen, tusschen Cales ende de Kiscassen ghelegen, watmen aldaer te ontmoeten ende waermen hem voor te wachten heeft, van nieus op veel plaetsen seer gecorrigeert enn verbetert (Description des Costes marines de Picardie et Normandie, monstrant la vraye situation de toutes les Rivieres, Rades et Havres entre Calais et les Casquettes, aussy tout ce qu'on peut rencontrer la environ, et de quoy on se doibt garder, de nouveau emendé et corrigé en plusieurs lieux), Amsterdam, 1608 [BNF, Collection d'Anville, cote 00769].
  108. François Des Rues, Description contenant les antiquitez, fondations et singularitez des plus célèbres villes, chasteaux et places remarquables du royaume de France : avec les choses plus mémorables advenues en iceluy, Coutances, 1608, p. 385.
  109. Jodocus Hondius, [Carte de France], 1625, publiée dans Purchas His Pilgrims (guide de voyage de Samuel Purchas), Londres, 1625/1626.
  110. Nicolas Tassin, « Carte de Normandie », Plans et profilz des principales villes de la province de Normandie, avec la carte générale et les particulières de chascun gouvernement d’icelles, 1631 [Médiathèque de Lisieux].
  111. Sébastien Cramoisy, Carte générale de toutes les costes de France tant de la mer Océane que Mediterranée, 1634 [BNF].
  112. Normandia Ducatus (carte du duché de Normandie), Atlas Van der Hagen, 1635.
  113. Jean Bigot sieur de Sommesnil, État des paroisses des élections de Normandie, 1612/1636 [BNF, ms. fr. 4620].
  114. Henrdick Doncker, Pas Caart van de Canaal tusschen Engeland en Vrancrijck…, Amsterdam, 1661.
  115. N. Sanson et P. Mariette cartographes, R. Cordier graveur, Duche et Gouvernement de Normandie, Paris, 1661.
  116. Roles par généralités et élections des paroisses de France et de leur imposition aux tailles, 1677 [BNF, cinq cents Colbert, ms. 261 f° 229 à 275].
  117. G. Mariette de La Pagerie, cartographe, Unelli, seu Veneli. Diocese de Coutances, divisé en ses quatre archidiaconés, et vint-deux doiennés ruraux avec les Isles de Iersay, Grenesey, Cers, Herms, Aurigny etc., chez N. Langlois, Paris, 1689 [BNF, Collection d'Anville, cote 00261 I-IV].
  118. Greenville Collins, Chart of the channell, Manche, 1693 [BNF, Collection d'Anville, cote 00757].
  119. Jean-Baptiste Nolin, Le duche et gouvernement de Normandie Divisé en Haute et Basse Normandie, en Divers Pays, et par Evechez, Paris, 1694 [BNF, IFN-7710251].
  120. Michel-Antoine Baudrand, La France suivant les nouvelles observations, C. Roussel, Paris, 1694 [BNF, GED-6682].
  121. Justus Danckerts (1635-1701), Canalis inter Angliae et Galliae tabula cum omnibus suis portibus, arenis et profundis, Amsterdam, 1692/1699.
  122. Gerard Valk, Normannia Ducatus, tum Superior ad Ortum, tum Inferior ad Occasum, Praefectura Generalis […] Anglici Caesarea sive Jarsey…, Amsterdam, ~1700.
  123. Carte de la Manche, 18e s. [BNF, Collection d'Anville, cote 00761 B].
  124. Dénombrement des généralités de 1713 [BNF, ms. fr. 11385, f° 1 à 132].
  125. Guillaume de l'Isle, Carte de Normandie, Paris, 1716.
  126. Bernard Jaillot, Le Gouvernement général de Normandie divisée en ses trois généralitez, Paris, 1719.
  127. Nouvelle carte réduite de la Manche, Chez Mr Bellin, Paris, 1749 [BNF, Collection d'Anville, cote 00762 B].
  128. Herman van Loon, D2.me [= Deuxième] carte particuliere des costes de Normandie contenant les costes du Cotentin depuis la Pointe de la Percée Jusqu'a Granville ou sont Comprises les Isles de Jersey, Grenezey, Cers, et Aurigny, avec les Isles de Brehat. Comme elles paroissent a basse Mer dans les grandes marées, Atlas Van Keulen, Amsterdam, 1753 [BNF]
  129. G. Robert de Vaugondy, Carte du gouvernement de Normandie, Paris, 1758.
  130. P. Santini, Gouvernement de Normandie avec celui du Maine et Perche, Remondini, Venise, 1777.
  131. Jean de Beaurain, Carte de la Manche ou du canal qui sépare les côtes de France d'avec celles d'Angleterre / par le Ch[evalie]r de Beaurain, 1778 [BNF, collection d'Anville, cote 00766 B]
  132. Anonyme, Plan des Départemens de Caen Bayeux et Saint Lo suivant la Marche que les Ambulants Tiennnent lors de Leurs Recouvremens [de la taille], 1780 [BNF département Cartes et plans, GE AA-3798 (RES)].
  133. Atlas de Trudaine pour la généralité de Caen (1745/1780), Archives Nationales, fonds CP, F/14/*8469.
  134. Louis Stanislas d'Arcy de la Rochette, « A chart of the islands of Jersey and Guernsey, Sark, Herm and Alderney; with the adjacent coast of France », 1781, reproduit dans General atlas, publ. par William Faden, London, 1811.
  135. Carte de Cassini.
  136. Les Auteurs de l’Atlas National de France, Précis élémentaire et méthodique de la nouvelle géographie de la France, Bureau de l’Atlas National, Paris, 1791.
  137. Les Auteurs de l’Atlas National de France, Atlas National Portatif de la France, Bureau de l’Atlas National, Paris, 1792.
  138. Site Cassini.
  139. Bulletin des lois de la République française, Imprimerie Nationale, Paris, 1801-1870.
  140. Dictionnaire universel, géographique, statistique, historique et politique de la France, impr. Baudouin, libr. Laporte, vol. I (A-CNO), an XIII (1804), p. 685b.
  141. Louis Du Bois, Itinéraire descriptif, historique et monumental des cinq départements de la Normandie, Mancel, Caen, 1828, p. 421.
  142. Annuaire de la Manche (1829), Statistique de l'arrondissement de Cherbourg, p. 130.
  143. V. Lavasseur, Atlas National Illustré des 86 départements et des possessions de la France, A. Combette éditeur, Paris, 1854.
  144. Abbé Auguste Lecanu, Histoire du diocèse de Coutances et d'Avranches depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours; suivie des actes des saints et d'un tableau historique des paroisses du diocèse, impr. de Salettes, Coutances, t. II, 1878, p. 301.
  145. Carte de la Manche, in Adolphe Joanne, Géographie du département de la Manche, Hachette, Paris, 1889.
  146. Auguste Longnon, Pouillés de la Province de Rouen, Recueil des Historiens de France, Paris, 1903.
  147. Carte du département de la Manche, L’Illustration économique et financière, 28 août 1926.
  148. Nomenclature des hameaux, écarts et lieux-dits de la Manche, INSEE, 1954.
  149. Atlas de Normandie, Caen, 1962.
  150. Anne Vallez, Pierre Gouhier, Jean-Marie Vallez, Atlas Historique de Normandie II (économie, institutions, comportements), Université de Caen, Caen, 1972.
  151. 151,0 et 151,1 Annuaire officiel des abonnés au téléphone.
  152. Carte IGN au 1 : 25 000.
  153. 153,0 153,1 153,2 et 153,3 Ernest Nègre, Toponymie Générale de la France, Droz, Genève, t. I, 1990, p. 150, § 2408.
  154. 154,0 154,1 et 154,2 Louis Deroy et Marianne Mulon, Dictionnaire de noms de lieux, Robert, Paris, 1992, p. 104b.
  155. René Lepelley, Dictionnaire étymologique des noms de communes de Normandie, Caen, Presses Universitaires de Caen / Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, 1993, p. 94b.
  156. Ainsi, on a parfois utilisé dans les textes médiévaux le nom de Lutetia pour désigner Paris, alors que l'appellation gauloise était depuis longtemps sortie de l'usage : Orderic Vital, entre autres, emploie indifféremment Lutetia ubs Parisiorum, Lutetii et Parisius.
  157. Le sens de « fossé » est inexact, il correspond au latin fossa; le vallum est la palissade érigée sur une levée de terre.
  158. 158,0 et 158,1 René Lepelley, Dictionnaire étymologique des noms de communes de Normandie, Caen, Presses Universitaires de Caen / Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, 1993, p. 94b.
  159. Georges Dottin, La langue gauloise, Paris, 1920, p. 248.
  160. Pierre-Henry Billy, Thesaurus Linguae Gallicae, Hildesheil / Zürich / New-York, Olms-Wiedmann, 1993, p. 57a.
  161. 161,0 161,1 et 161,2 Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Errance, Paris, 2001, p. 104-105.
  162. Ce mot provient du celtique commun °korios «armée », auquel se rattachent l'ancien irlandais cuire « troupe, armée », le gallois cordd « tribu, clan; troupe », l'ancien breton cor- et le moyen breton (cost-)cor « famille; troupe ». Il repose sur l'indo-européen °kór-yo-s, littéralement « détachement », d'où « petite troupe armée », formé sur °kóros « action de couper; section, division ». De ce mot procèdent entre autres le germanique commun °harjaz « armée » (cf. allemand Heer « armée », ainsi que l'élément anthroponymique francique -hari qui aboutit en français à -(i)er dans Berthier, Fouquier, Gaut(h)ier, Roger, etc.) et le lituanien kãrias « armée ». Cf. Xavier Delamarre, op. cit., loc. cit.; Don Ringe, From Proto-Indo-European to Proto-Germanic, Oxford University Press, Oxford, 2006, p. 62-63.
  163. Xavier Delamarre, op. cit., p. 257.
  164. Sébastien Le Prestre de Vauban, Mémoire du maréchal de Vauban sur les fortifications de Cherbourg [1686], édité par Joachim Ménant, Paris, 1851, p. 15 : « Quoique je ne voie rien qui marque le temps que Cherbourg a été bâti, on voit assez manifestement que ça été [sic] une forteresse des Romains : car leur manière de bâtir paroît encore dans les murs du château. »
  165. Cf. par exemple François Des Rues, op. cit., loc. cit.
  166. Rien dans sa Philologie topographique de la Normandie, A. Hardel, Caen, 1863, 51 p.; extrait du tome XXV des Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie.
  167. Auguste Longnon, Les noms de lieux de la France, Paris, 1920-1929 (rééd. Champion, Paris, 1979), p. 291-292, § 1222.
  168. Ibid., p. 140, § 554.
  169. Auguste Vincent, Toponymie de la France, Bruxelles, 1937.
  170. Maurits Gysseling, op. cit., loc. cit.
  171. François de Beaurepaire, « Cherbourg nom de lieu anglo-saxon ? », in Revue de la Manche, 1964, n° 24, p. 191-193.
  172. Les points diacritiques sont un ajout moderne, et signalent une prononciation palatalisée [ʧ] de la consonne.
  173. 173,0 et 173,1 Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, Larousse, Paris, 1963 (rééd. Guénégaud, avec supplément de Charles Rostaing), p. 186a.
  174. 174,0 et 174,1 Raymond Schmittlein, Revue internationale d'onomastique, 1962, p. 9.
  175. Ernest Nègre, Toponymie Générale de la France, Droz, Genève, t. II, 1991, p. 838, § 14541.
  176. Cf. Marie-Thérèse Morlet, Les noms de personnes sur le territoire de l’ancienne Gaule du VIe au XIIe siècle, Paris, CNRS, t. I (les noms issus du germanique continental et les créations gallo-germaniques), 1968, p. 99a. Dans cette hypothèse, l'anthroponyme germanique féminin Kerburgis représente la combinaison des éléments ker-, variante mutée de ger- < gair- « lance » et -burg « lieu fortifié, refuge ».
  177. Marie-Thérèse Morlet, Les noms de personnes sur le territoire de l’ancienne Gaule du VIe au XIIe siècle, Paris, CNRS, t. III (les noms de personnes contenus dans les noms de lieux), 1985.
  178. Ernest Nègre, op. cit., t. I, p. 174, § 2748.
  179. Ibid., p. 194, § 3047.
  180. Raymond Schmittlein (1904–1974), germaniste de formation un temps reconverti dans la toponymie lituanienne, n'a jamais été vraiment un spécialiste de la toponymie française. Il est aujourd'hui mieux connu pour son activité politique (UNR) dans les années 1950-1960.
  181. 181,0 et 181,1 Basilique Sainte-Trinité; Site officiel de la ville de Cherbourg-Octeville.
  182. On pourrait même se demander s'il n'existe pas une équivoque avec le terme scandinave représenté aujourd'hui par le danois kjær « cher; affectueux ». Ce mot passe pour représenter en danois un emprunt au normand; mais c'est aussi un ancien appellatif toponymique employé au sens de « marais ».
  183. Ce mot repose sur le radical germanique commun °kerza-, °kerzam (neutre), de même sens, qui procède lui-même de la racine indo-européenne °ǵers- « tourner, plier, incurver »; cf. Julius Pokorny, Indogermanisches etymologisches Wörterbuch, Francke Verlag, Berne, 1959-1969, p. 392 (561/45).
  184. Données Google Maps, consulté le 7 mai 2011.
  185. Cerise en danois.
  186. Gâteau en danois.
  187. Recherche sur Infobel Danemark, consulté le 7 mai 2011.
  188. Loi de 1904, visant à diversifier les noms de famille en -sen, rendus obligatoires par une autre loi de 1828, mais trop souvent identiques.
  189. Il existait en 1978 une villa Kierborg à Barneville-Carteret, située rue Dennemont. On ne sait s'il s'agit ici du réemploi de ce patronyme.