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Château de la Mare (Jullouville)

De Wikimanche

Château de la Mare

Le château de la Mare, aussi maison de Saint-Ouen ou château de Bouillon, est un bâtiment remarquable de la Manche situé à Jullouville.

Histoire

Château du 19e siècle

Vue ancienne.

La construction du château de la Mare, décidée par une parente de Christian Dior, débute en 1896 [1] et est achevée en 1907 [2]. L'édifice de trois étages de granit normand [1] sans artifices particuliers, adopte un style éclectique [2].

Colonie de vacances de Saint-Ouen

La colonie de vacances.

La demeure et le parc qui l'entoure sont acquis en mai 1933 pour 330 000 francs par la ville de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) afin d'y envoyer des colonies scolaires [2]. Aussitôt, l'architecte municipal de Saint-Ouen, César-Auguste Mancel [3], résident secondaire au Pont Bleu à Kairon [4], dessine les plans de nouveaux bâtiments dont la réalisation débute l'année suivante : une infirmerie, près de l'avenue, et la colonie proprement dite, au bord de la mare de Bouillon [2]. Parmi les premières colonies de vacances construites dans ce but propre, et seule à l'époque en Basse-Normandie, antérieure au vote de la loi instaurant les congés payés de 1936, la maison de Saint-Ouen reflète les aspirations hygiénistes des élus communistes de la banlieue parisienne à destination de la jeunesse [2]. Cette doctrine hygiéniste se traduit également dans l'architecture des pièces vastes, aux fenêtres à grandes croisées sur deux niveaux. Empruntant les principes de l'architecture industrielle et aux modèles d'établissements hospitaliers héliothérapiques, Mancel conçoit une ossature et de large plateaux en béton armé, coiffés d'un toit en terrasse, avec des préaux couverts, percés de grandes baies vitrées à petits carreaux à ouverture horizontale à guillotine. La façade est garnie de granit pour le rez-de-chaussée et le rez-de-jardin, et de briques rouges et jaunes aux étages [2], [5].

Dès l'été 1934, 450 enfants viennent à Jullouville [4]. Après l'agrandissement de l'infirmerie et l'adjonction de deux ailes à la colonie en 1937, 650 enfants sont accueillis sur lee site [2].

Seconde Guerre mondiale

Le château est occupé par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale comme lieu de villégiature.

Après le succès de la percée d'Avranches, le général Eisenhower, commandant en chef des forces alliées y installe à partir du 1er septembre 1944, le Supreme Headquarter Allied Expeditionnary Force (Sheaf) [6]. Les bâtiments sont affectés aux communications avec le commandement des troupes françaises situé à Granville et les forces terrestres, aériennes et navales engagées en Normandie, aux cantonnements des personnels féminins, aux réunions et aux mess. Pouvant abriter 1 500 hommes, ils se révèlent insuffisants pour les presque 400 officiers et 7 000 hommes cantonnés à Jullouville. Aussi, des baraquements sont installés à l'extérieur pour les bureaux, des tentes pour les officiers. Le général loge à la villa Montgomery de Saint-Jean-le-Thomas et dans une caravane à l'écart du château de Bouillon, jusqu'à l'installation du SHAEF à l'hôtel Trianon Palace à Versailles (Yvelines) fin septembre [7].

À l'automne 1944, ses locaux de Coutances étant occupés par les services de la préfecture, l'école normale d'institutrices s'installe dans l'infirmerie de la colonie.

La fermeture

La Sapinière.

En 1946, le service des Nations-Unies pour la Reconstruction s'y installe jusqu'en 1956 [8].

La colonie est reprise en 1945 par la ville de Saint-Ouen qui envoie aussitôt de nouveaux enfants[2].

Également acquéreuse en 1961 d'un terrain à Saint-Pair-sur-Mer pour y ouvrir le camping « L'Étoile de Mer », la majorité communiste de Saint-Ouen, en poste jusqu'aux élections municipales de 2014, n'a pas souhaité se séparer de son centre de vacances car fortement attachée à Jullouville où les trois quarts de ses conseillers municipaux sont passés enfant ou adolescent [1].

En 1982, l'aile droite des bâtiments annexes est fermée, les autres parties sont rénovées. Le château est restauré en 2001 [1]. En 2003, le centre de Jullouville a accueilli 8 253 Audoniens et 9 836 non Audoniens [9]. Mais l'apparition de champignons xylophages, entre autres problèmes sanitaires, entraîne la fermeture d'une large partie de l'établissement en 2007 [2], puis en totalité en 2011 [10]..

L'ancienne infirmerie (la Sapinière), construite par l'architecte municipal de Saint-Ouen, César-Auguste Mancel, entre 1934 et 1937 [11], est labellisée « Patrimoine du XXe siècle » en 2006, puis inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 9 décembre 2012 [12].

Les 3 et 4 août 2019, dans le cadre du 75e anniversaire du Débarquement, le parc accueille une reconstitution de camp militaire [13].

Le 13 mars 2023, le conseil municipal de Jullouville mandate le maire Alain Brière pour continuer les discussions avec la commune de Saint-Ouen au sujet de l’acquisition de la colonie [14].

Situation

Il est situé au 35 avenue de Kairon dans la partie balnéaire de la commune de Jullouville, à quelques mètres de la mare de Bouillon qui n'est, cependant, pas sur la même propriété.

Vue aérienne de la colonie.
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Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 et 1,3 Marie Cousin, « Jullouville, château des enfants », Libération, 20 juillet 2002.
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 2,6 2,7 et 2,8 « Construction de vacances de la ville de Saint-Ouen - 1934-1937 », Monuments historiques du XXe siècle en Basse-Normandie, In Quarto, 2010.
  3. César-Auguste Mancel (1868-1937), architecte voyer de Saint-Ouen brève biographie en ligne.
  4. 4,0 et 4,1 « Une des premières colonies de France », Ouest-France, 17 mars 2023.
  5. Bernard Toulier, Les colonies de vacances en France, quelle architecture ?, In Situ, 2014.
  6. ville-jullouville.fr, consulté le 27 janvier 2013 (lire en ligne) ; Bernard Gourbin, Les Inconnus célèbres de Normandie, éd. Albin Michel, 1995, p. 190.
  7. « Le 2 septembre 1944, Eisenhower à Jullouville », Ouest-France, 2 septembre 2012.
  8. « L'empreinte Eisenhower à Jullouville », La Gazette de la Manche, 31 juillet 2019.
  9. Rapport d'observations définitives, Commune de Sain-Ouen, Exercice 2000-2003, Cour régionale des comptes d'Île-de-France.
  10. Christophe Leconte, « Le château de Jullouville se cherche un avenir », Ouest-France, 1er août 2019.
  11. st-ouen-tourisme.com (lire en ligne).
  12. « Notice n°PA50000082 », base Mérimée (architecture), médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, ministère de la Culture.
  13. « L'empreinte Eisenhower à Jullouville », La Gazette de la Manche, 31 juillet 2019.
  14. « Acquisition de la colonie : les discussions se poursuivent », Ouest-France, 17 mars 2023.

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