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Château de Martinvast

De Wikimanche

Le château de Martinvast.

Le château de Martinvast, dit aussi château de Beaurepaire, est un château de la Manche, situé à Martinvast et sur la commune d’Hardinvast.

Il fait partie des « 7 merveilles de la Manche », élues par le public en 1999 [1].

C'est la pièce maîtresse d'un domaine de 146 hectares, comprenant également une vingtaine de maisons, une serre, une boulangerie, un ancien haras, des forêts, des étangs et des terres agricoles [2].

Historique

En 1398, un manoir bâti sur une motte castrale est déjà détruit « par fait de guerre » à l'emplacement de l'actuel château. Il n'en reste aucune trace[3].

Il a été reconstruit entre 1579 et 1581 à l'initiative de Barthole du Moncel [4], sur le site d'un ancien château, détruit au cours de la Guerre de Cent ans.

Le comte Alexandre du Moncel restaure et complète le château entre 1820 et 1867.

Le château et son parc vers 1850 (lithographie de Du Moncel).
Château de Martinvast.

Le banquier Arthur de Schickler (1828-1919), issu d'une famille de banquiers berlinois installés en France, anobli par le roi de Prusse avec le titre de baron, acquiert le château en 1867 et le transforme avec l'aide de l'architecte anglais William Henry White.

L'Impératrice Marie-Louise visite le château le 29 mai 1811 et le 27 août 1813, suivie plus tard par Eugénie, épouse de Napoléon III, la reine Victoria ainsi que l'empereur du Brésil, Pedro Ier [1].

Pendant la Première Guerre mondiale entre le 15 septembre et le 1er décembre 1914 une partie du 23e régiment d'infanterie territorial est cantonné dans les communs du château. Ce régiment est constitué à Caen (Calvados) lors de la mobilisation générale, dans la période du 2 au 4 août 1914. Le 5 août, il est envoyé par voie de chemin de fer en 3 détachements pour être affecté à la défense de la Place de Cherbourg. Le 23e RIT est composé de trois bataillons. Les troupes placées en réserve participent pendant tout le mois d'août et le mois de septembre aux travaux de défense de la Place : tranchées, abattis, emplacements de batteries.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le château est occupé par un important état-major allemand [5], qui ne laisse aux propriétaires des lieux, la famille de Pourtalès, que trois pièces sur les trente que compte la demeure [6]. Le 14 janvier 1944, l'aviation alliée bombarde le château avec des bombes au phosphore, provoquant l'incendie de l'aile gauche et de nombreux dégâts ailleurs (une bannière du XIIIe siècle périt notamment dans les flammes) [5]. Le lendemain 15 janvier, les Allemands partent avec la plupart des meubles du château. Le comte et la comtesse s'installent dans la loge du gardien. Le 8 mai suivant, un autre bombardement (d'une durée de 4 heures) détruit la ferme, les granges, la remise où les œuvres d'art avaient été mises à l'abri, ainsi que la loge du gardien [5]. Le château et sa petite chapelle sont en ruines [5].

La baronne Marguerite de Pourtalès (1870-1956), fille d'Arthur de Schickler, hérite du château. Avec son mari Hubert de Pourtalès (1863-1949), elle répare les parties démolies de l'aile néogothique.

En 1962, son petit-fils, le comte Christian de Pourtalès-Schickler (-2018) achète le château et entreprend de le restaurer.

Obélisque du château de Martinvast.

Le château est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 28 décembre 1992 : les façades et toitures du château par arrêté du 27 avril 1976 ; puis les façades et toitures de l'ensemble des bâtiments, à l'exclusion des bâtiments contemporains, l'obélisque du XVIIIe siècle et moulin à vent, les murs d'enceinte avec leurs piliers et les grilles ainsi que le potager avec ses serres et ses murs. Cette dernière inscription protège également le parc de 100 hectares (avec l'ensemble de ses aménagements paysagers et hydrauliques). Il est composé de bois, prairies, étangs et d'une cascade. Il est, en partie, situé aussi sur Hardinvast [7].

Le 16 mai 2019, la « Collection Schickler-Pourtalès - Art et pouvoir au XIXe siècle » en provenance du château est mise en vente aux enchères à Paris par la société Sotheby's [8]. Composée de 201 pièces, elle produit une somme totale de 6 898 460  [8]. Deux statuettes d'angelots sculptées par Hans Daucher (XVIe), dont on avait perdu la trace depuis deux siècles, ont obtenu la plus belle enchère à 2,352 millions d'euros, tandis qu'un beau portrait de Mélanie de Bussière peint par Franz Xavier Winterhalter (XIXe} est parti à 732 500  [8].

En 2020, le domaine est mis en vente par la Société d'aménagement foncier et d'établissement rural (Safer), au prix de 2,2 millions d'euros [9]. En janvier 2021, le conseil municipal donne son accord pour l'achat du domaine pour 1,2 million d'euros [10]... avant de renoncer en juillet [11]. La quasi totalité du domaine (135 hectares sur 146) est finalement achetée en mars 2022 pour 2,2 millions d'euros par deux couples de Martinvast, un Martinvastais et une Octevillaise [12]. Des gîtes y seront proposés à la location, ainsi que des espaces pour les entreprises [12].

Divers

Remy de Gourmont y situe son roman Un cœur virginal (1907).

Situation

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Bibliographie

  • Alexandre Henri Adéodat du Moncel, Notice sur l'exploitation rurale de Martinvast près Cherbourg, Librairie veuve Bouchard-Huzard, Paris, 1845 (lire en ligne)
  • A. Montier, « Le château de Martinvast », La Normandie monumentale et pittoresque, édifices publics, églises, châteaux, manoirs, etc ....Manche, partie 2, éd. Lemasle & Cie, Le Havre, 1899, p. 17-19 (lire en ligne)

Administration

Adresse : Domaine de Beaurepaire
50690 Martinvast
Tél. 02 33 87 20 80

Notes et références

  1. 1,0 et 1,1 Manche Informations, n° 38, juin 2002.
  2. « Domaine de Beaurepaire : les explications du maire », Ouest-France, 28 août 2020.
  3. Florence Delacampagne, « Seigneurs, fiefs et mottes du Cotentin (Xe-XIIe siècles). Étude historique et topographique », Archéologie médiévale, tome 12, 1982. pp. 175-207 (lire en ligne).
  4. Aussi Bertole du Moncel, selon Tancrède Martel, Juillen et Marguerite de Ravalet, un drame passionnel sous Henri IV, éd. Alphonse Lemerre, 1920, réédité en 1992 aux éditions Isoète, p. 53.
  5. 5,0 5,1 5,2 et 5,3 Étienne de Quatrebarbes, Martinvast, un siècle d'histoire..., 2001.
  6. Annie Jeanne, Jean Margueritte, Je me souviens ... (hors-série de la Presse de la Manche), Société Cherbourgeoise d'Éditions, Cherbourg, p. 17
  7. « Notice n°PA00110448 », base Mérimée (architecture), médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, ministère de la Culture.
  8. 8,0 8,1 et 8,2 « Les angelots disparus vendus 2,3 millions d'euros d'euros », Ouest-France, 17 mai 2019.
  9. « Le domaine de Beaurepaire est toujours à vendre », La Manche Libre, site internet, 21 octobre 2020.
  10. Bruno Lacotte, « Martinvast : le maire autorisé à signer le compromis et l'acte de vente », La Presse de la Manche, 30 janvier 2021.
  11. « Martinvast met fin à son rêve d'acquérir le château », Ouest-France, site internet, 8 juillet 2021.
  12. 12,0 et 12,1 Jean-Philippe Massieu, « La vente du château de Martinvast enfin signée », La Presse de la Manche, site internet, 30 mars 2022.

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