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Beurrerie Bretel Frères

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Vue générale de l'usine de Valognes.
La sortie du personnel à Valognes vers 1925.
Publicité de 1926.

La beurrerie Bretel Frères est une ancienne entreprise de la Manche, ayant son siège à Valognes, spécialisée dans la fabrication du beurre.

Elle fut « pendant trois quarts de siècle l'une des industries beurrières les plus importantes d'Europe » [1].

Histoire

La salle des machines à Valognes.

Elle est fondée en 1871 à Valognes par les frères Adolphe Bretel et Eugène Bretel.

Elle est récompensée dans de nombreuses foires et les expositions. Elle obtient notamment un grand prix à l'Exposition universelle de Paris en 1889. Elle est classée « hors concours » à l'Exposition universelle de Paris en 1900.

Elle étend progressivement sa capacité de production en rachetant des laiteries dans le Cotentin à Chiffrevast, Sideville, Tamerville, Valcanville, Portbail, Quettehou, Pirou. Elle possède aussi des succursales à Rennes (Ille-et-Vilaine), à Vire (Calvados), à Lessard-et-le-Chêne (Calvados) et à Douai (Nord).

L'entrepôt du port de Cherbourg.

Un train « Renard » effectue le ramassage du beurre sur les marchés du Cotentin et l'achemine au port de Saint-Vaast-la-Hougue pour être transporté au Havre [2]. Elle dispose d'un entrepôt à Cherbourg, au fond du bassin du commerce de Cherbourg, qui lui permet d'embarquer directement sa production pour l'Angleterre, sur son propre bateau Les Deux Frères [3].

Au printemps 1900, les frères Bretel cèdent leur entreprise à leurs parents, Joseph Bretel, correspondant de la maison au Havre, et Raoul Le Doux [4].

Raoul Le Doux (1875-1970) prend la direction de l'entreprise à la mort de son oncle, Eugène, en 1933. Elle compte alors 17 usines.

Les années 1950 correspondent à une période de déclin devant une concurrence renouvelée sur les marchés internationaux et le développement de nouvelles techniques de production. Mais le groupe n'a plus les moyens d'investir et doit au contraire se défaire de plusieurs établissements. À la fin de la décennie, il ne lui reste que la beurrerie de Valognes, celle de Quettehou et celle de Vire qui fonctionne au ralenti. Il recherche alors un investisseur et il est contacté par la société américaine Carnation Company qui, sous le nom de Gloria, est déjà présente dans le département, à Carentan, où elle produit du lait condensé en boite. Elle est intéressée par la zone de ramassage laitier de Bretel Frères ainsi que par celle de sa filiale, l'Industrie laitière de Normandie et du Cotentin de Bricquebec, pour alimenter une nouvelle usine de production de lait en poudre.

Après négociation, il est donc décidé en 1960 de créer une nouvelle société, l'Industrie laitière du Cotentin Bretel Frères (ILCBF), détenue par la Carnation Company, et qui doit gérer la transition de la collecte vers la nouvelle usine prévue à Bricquebec, tout en continuant temporairement les anciennes productions. Pour l'usine de Valognes, c'est bientôt la fin après une centaine d'années d'existence [5].

Production

En 1870, l'entreprise produit 3 053 colis de 25 kg de beurre [2]. En 1910, la production atteint 40 tonnes de beurre par jour [2].

Notes et références

  1. Georges Lepelley, « Aperçu économique », Art de Basse-Normandie, n° 56, spécial « Valognes », 1er trimestre 1971, p. 19.
  2. 2,0 2,1 et 2,2 Michel Hébert et Jean-Pierre Lehoussu, La Belle histoire des moulins de la Manche à vent et à eau, éd. Charles Corlet, 2002, p. 98.
  3. Michel Hébert et Philippe Coligneaux, Cherbourg, coll. Mémoire en images, éd. Charles Corlet, 1996, p. 74.
  4. « Cession d'industrie », Journal de Valognes, 18 février 1900.
  5. La disparition de Bretel Frères entraîne aussi la démolition d'outils exceptionnels comme la machine à vapeur de l'usine de Valognes, celle-la même qui avait fait tourner la grande roue à l'Exposition universelle de Paris en 1900, ou encore la turbine à engrenages en double chevron (brevet Citroën) associée à la chute d'eau de Néhou.

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