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Bernard et Janine Boulanger

De Wikimanche

Bernard et Janine Boulanger forment un couple remarquable de la Manche.

Unis par l’appel du 18 juin 

C’est une belle et vraie histoire que la vie de Bernard et Janine Boulanger, une de ces histoires provoquées par les grands bouleversements que les guerres imposent, entre conte de fée et scénario de film.

Né en 1918 à Montivilliers dans la banlieue du Havre, Bernard Boulanger rejoint en 1939, le 13e Bataillon de chasseurs alpins comme engagé volontaire [1]. Cet engagement sera suivi de bien d’autres…

En 1940, il participe à la bataille de Namsos, près de Narvik en Norvège et est rapatrié en Écosse [1]. Là, avec deux de ses camarades, il rejoint Londres et s’engage dans les Forces françaises libres (FFL) où il sera instructeur [1]. On notera à ce moment une première et brève rencontre avec Janine Hoctin.

En 1943, il part pour l’Egypte avec son bataillon et retrouve, à Sabrathos en Lybie, la colonne Leclerc qui remonte de Koufra. La 2e DB est en marche et Bernard Boulanger est affecté au 501e Régiment de chars de combat.

De retour en Angleterre en avril 1944, il retrouve Janine Hoctin mais le débarquement approche : ce sera le 31 juillet à Saint-Martin-de-Varreville [1]. Daniel Boulanger suit le parcours victorieux de la 2e DB Avranches, Alençon, Paris, « son grand souvenir quand il rentre dans Paris sur son half-track », Strasbourg et l’Allemagne jusqu’au nid d’aigle d’Hitler de Berchtesgaden le 8 mai 1945 [1].

Mais qui est cette Janine Hoctin qu’il a rencontrée au camp de Camberley ? Parisienne depuis sa naissance, le 4 septembre 1923, elle est en Angleterre en juillet 1939 avec son collège. À la déclaration de guerre, le 3 septembre 1939, la veille de ses 16 ans, elle décide de rester avec l’autorisation de ses parents jusqu’à Noël 1939, puis jusqu’à mai 1940… mais les évènements s’accélèrent en juin 40, les nazis sont à Paris.

Quittant sa pension, elle s’engage à la Croix Rouge à Londres où les bombardements sont intenses. De là, elle sait qu’un général appelle les Français au combat. Elle écrit pour s’engager et sera convoquée en décembre 1940. Elle s’intègre aux Volontaires féminines et est envoyée au camp d’instruction comme élève conductrice.

Elle pose sa candidature pour « aller chez de Gaulle » en se vieillissant de deux ans, donnant comme prétexte d’avoir perdu son passeport… Elle est affectée à l’état-major de la Marine. va devenir chauffeur et côtoyer aussi les chefs de la France libre : Schumann, d’Argenlieu, Muselier et bien sûr le général de Gaulle dont elle garde le souvenir d’un homme « distant mais totalement investi de sa mission, avec une autorité naturelle » [1].

Pendant toute la guerre, elle appréciera le civisme des Anglais et parviendra à faire passer de ses nouvelles à sa mère qui, à cette occasion, entrera dans la Résistance (Réseau Rémy – CND).

En avril 1944, Bernard Boulanger de retour en Angleterre avec la 2e DB, se rappelle, au téléphone, à son bon souvenir.

L’idylle se noue mais attendra encore un peu… jusqu’à la fin de la guerre quand Bernard reviendra d’Allemagne et que Janine sera de retour à Paris où elle continue son service à l’état-major de la Marine [1]. Une permission leur permettra de se marier le 5 avril 1945.

En 1946, Bernard Boulanger devient instructeur à Coëtquidan. Au fil des mutations, est nommé en 1958 à Saint-Lô, délégué militaire départemental pour recruter des parachutistes jusqu’en 1961 où il prend sa retraite et crée avec son épouse, à Bréhal, une école de conduite et une société de transport scolaire [1]. Il fonde le Para-club de la Manche et préside de nombreuses associations départementales jusqu’au terme de sa vie, le 25 septembre 2002 [1].

De son côté, Janine Boulanger élève leurs six enfants et continue à être également très présente dans les associations patriotiques, ne manquant pas une occasion de témoigner, notamment en milieu scolaire [1]. Elle vit à Bréhal où, elle n’a rien perdu de sa vigueur d’esprit et de son caractère bien trempé, par exemple lorsqu’elle insiste pour dire « nous n’avons été que 58 000 engagés aux FFL de juin 40 à juillet 43 ». On n’emprunte pas un tel chemin de vie tout à fait par hasard : comme les automobilistes qui vont de Granville à Coutances et empruntent le rond-point de la déviation de Bréhal que les Boulanger ont fait baptiser « Rond-point des Français-libres » [1]. Elle décède le 20 février 2016.  

Notes et références

  1. 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 et 1,10 Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 4, sous la direction de René Gautier.

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