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Émile Leverdays

De Wikimanche

Émile Thomas Louis Leverdays, né à Mortain le 7 avril 1835 [1] et mort le 1er septembre 1890, est un homme politique et sociologue de la Manche.

Biographie

Il est le fils de Lodoïc Leverdays (1811-1870), maire de Mortain en 1848, et d'Émilie Louise Antoinette Le Verdais, sa cousine, fille du maire de Mortain Jean Germain Leverdays.

Il étudie la médecine et les sciences qui s'y rapportent en même temps qu'il se fait remarquer comme dessinateur d'anatomie [2].

Physiologiste et publiciste, il est membre de l'Internationale et collabore à La Rive gauche de Bruxelles. Partisan de Proudhon et de Blanqui, il est membre du Comité central des vingt arrondissements qui s'est créé à la proclamation de la République en septembre 1870. Il est des 48 signataires de la première Affiche rouge, le 15 septembre 1870, comme Benoît Malon, Jules Vallès et Édouard Vaillant, puis est le principal auteur de la déclaration de principes du 8 octobre qui définit la commune comme « l'unité politique. L'état ou la nation n'est que la réunion des communes de France » [3]. La délégation des vingt arrondissements le charge de réaliser avec Édouard Vaillant, Gustave Tridon et Jules Vallès, l'Affiche rouge qui est placardée les 6 et 7 janvier 1871 pour appeler à la formation de la Commune à Paris [4]. Il est aussi l'un des cinq membres désigné par la Commission de vingt-deux membres qui administre le Comité central des vingt arrondissements, pour organiser l’insurrection du 22 janvier 1871, lui devant s’emparer des canons pour les diriger sur le champ d’opération [5].

Il revient dans sa ville natale, Mortain, en février 1871 avant le soulèvement victorieux du 18 mars qui instaure la Commune.

Il s'exile pourtant en suivant ses camarades [6]. Il est attaché à l'Académie de médecine de Londres en qualité de dessinateur d'anatomie [6]. Son frère, Thomas, chimiste, le suit à Londres et y meurt [7].

En 1883, Leverdays est « l'auteur d'une Histoire des assemblées partantes où il fait du parlementarisme une intrigue acérée et éloquente. Son style sobre, concis, clair comme l'acier, son argumentation nerveuse donnent à ce livre une place d'honneur dans la bibliothèque des hommes qui pensent » [6]. Il est rédacteur en chef du Proudhon en 1884 [8], publie dans La Société nouvelle (1884-1897) et dans les suppléments littéraires de La Révolte, puis des Temps nouveaux dans les colonnes desquels il côtoie Kropotkine, Élie et Élisée Reclus, Octave Mirbeau ou encore Bakounine [9].

Gravement malade, il se rend à Paris fin août 1890 à la faveur d'une rémission qu'il pense durable mais y est atteint d'une crise : « Le 20 août 1890, dans une rue des plus fréquentées de Paris, la rue Lafayette, un homme, chez lequel le désordre de la toilette révélait le défaut d'équilibre dans les facultés, avait excité un attroupement par ses gestes désordonnés. L'un de ses pieds était chaussé d'une bottine éculée, l'autre était nu et le pauvre fou suait sang et eau pour l'introduire dans une chaussure imaginaire, à l'aide d'une canne à épée qu'il venait d'enlever à un étalage voisin. » Arrêté, le médecin constate « affaiblissement intellectuel, divagation, idées délirantes de grandeur, insomnie, inégalité pupillaire, troubles de la parole, actes désordonnés, gâtisme » et le déclare paralytique général. Il est transféré le lendemain du dépôt de la préfecture de police à Sainte-Anne, puis le 22 de Sainte-Anne à Villejuif. Sa mère arrive à son chevet et le voit le 24, sans pouvoir le ramener à Mortain. Son état s'aggrave encore, et le 31, il est poussé violemment à terre par un autre pensionnaire. Le médecin constate que « ce malade, sans être précisément dangereux pour autrui, a cependant besoin d'une surveillance continuelle et effective, car il est absolument inconscient de ses actes, la sortie ne peut être autorisée qu'à la condition expresse que les promesses faites par la mère du malade dans sa lettre seront tenues exactement. » Sa mère le ramène et il meurt le lendemain en arrivant [10] « dans sa propriété des Aulnays près de Mortain » [6]. Peu de jours après, sa mère accuse les autorités de manquement, jugeant la mort consécutive aux blessures infligées par l'autre aliéné, entraînant la mise en cause de l'administration préfectorale et sanitaire par Édouard Vaillant, ancien camarade de lutte, au conseil général de la Seine [10].

Il est proche d'Aristide et Charles Frémine.

Ouvrages

  • Études de philosophie politique. Les assemblées parlantes. Critique du gouvernement représentatif, C. Marpon et E. Flammarion, 1883.
  • Nouvelle organisation de la République, G. Carré, 1892.
  • Les Causes de l'effondrement économique, suivies du Prolétariat agricole et du Prolétariat ouvrier, G. Carré, 1893.
  • Politique et barbarie (contenant La Révolution Parisienne de 1871), G. Carré, 1894.

Bibliographie

  • « Émile Leverdays : sa vie, son œuvre », La Société nouvelle : Revue internationale. Sociologie, arts, sciences, lettres, volume 2, F. Larcier, 1893.
  • Gilles Buisson, Histoire d'une ville et d'une famille : Mortain, les Leverdays : 1600-1943, 1948.
  • Jules Buisson, Le sociologue Émile Leverdays et ses amis, 1960.
  • Gilles Buisson, Le sociologue normand Émile Leverdays (1835-1890), 1987.

Notes et références

  1. – Acte de naissance n° 26 - Page 186/471.
  2. « Émile Leverdays », La Révolte, 20 mai 1893.
  3. La commune de 1871 : l'événement, les hommes et la mémoire (actes du colloque organisé à Précieux et à Montbrison, les 15 et 16 mars 2003), Institut des études régionales et des patrimoines, Université de Saint-Étienne, 2004.
  4. Jules Vallès, L’Insurgé, Charpentier, 1908.
  5. Louis Dubreuilh (dir. Jean Jaurès), Histoire socialiste 1789-1900 - La Commune (1871), 1908.
  6. 6,0 6,1 6,2 et 6,3 Le Radical, 12 septembre 1890.
  7. Claire Tissot, Paris assiégé: 1870-1871 - Correspondance Fouqué-Le Cœur, L'Harmattan, 1er mai 2014.
  8. « Bianco, 100 ans de presse anarchiste : Le Proudhon », site internet (lire en ligne).
  9. « Bianco, 100 ans de presse anarchiste : La Société nouvelle », site internet (lire en ligne) et « Bianco, 100 ans de presse anarchiste : supplément de la Société nouvelle », site internet (lire en ligne).
  10. 10,0 et 10,1 Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 11 novembre 1890.

Articles connexes